Deschamps : « On ne peut pas oublier »

Celui qui était le milieu récupérateur de l’OM n’a pas oublié le drame qui s’est déroulé le 5 mai 1992, à quelques minutes d’une demi-finale de Coupe de France contre Bastia. Vingt ans après, très ému, il témoigne pour RMC Sport.
Didier, avez-vous ressenti de la crainte lors de l’arrivée de votre équipe au stade de Furiani ?
Oui, dans le bus. On a vu cette tribune qui montait très haut et qui bougeait parce que les gens chantaient et sautaient. Ça ne respirait pas la sécurité absolue même s’il était impensable d’imaginer ce qui allait se passer par la suite. Le climat était explosif.
En avez-vous ensuite parlé entre joueurs ?
Non. Après, on se concentre sur le match. Le public est chauffé à blanc. La sono est à fond. Certaines bombes agricoles ont pété sur la pelouse. Le contexte était très chaud.
A quelques minutes du coup d’envoi, vous êtes dans le vestiaire quand on vient vous prévenir du drame…
La sono est toujours à fond. On entend un bruit sourd. On vient nous prévenir qu’une tribune vient de s’écrouler. Après, on est tous sortis sur la pelouse. Là, on se rend compte du drame, du désastre. On connaissait de nombreuses personnes dans les tribunes. On essaie d’apporter notre petite aide, surtout morale.
Que pouviez-vous faire ?
Le maximum du minimum est d’être là, proche des gens qu’on connaît. Les soutenir parce qu’ils sont en souffrance. C’est un bain de sang qui est sur la pelouse. Malgré les années, les images sont encore là. C’est le drame du football français et on était présent.
Quelles images vous reviennent à l’esprit ?
Des images affreuses, de douleurs : le terrain de foot transformé en champ de bataille avec des brancards, des gens en souffrance, un affolement. L’ampleur du drame est tellement importante qu’on est déconnecté de la réalité.
Y repensez-vous ?
Le temps passe mais on ne peut pas oublier. Sans connotation politique, le devoir de mémoire me semble être le minimum pour les personnes qui ont perdu des êtres chers. Qu’il n’y ait pas de match de foot le 5 mai est une bonne chose.
Votre opinion