La bio qui met Blanc sur le gril

Alors que « Laurent Blanc, la face cachée du Président » sort en librairies jeudi, RMC Sport vous en révèle en avant-première quelques passages marquants. La carrière du sélectionneur des Bleus fut tout sauf un long fleuve tranquille…
Bouchet, OM : constat d’échec
« (…) La rencontre Blanc-Bouchet (président de l’OM de 2002 à 2004, ndlr) s’annonçait tendue. Elle ne l’a pas été. Entre les deux, plutôt un non- dialogue, une incompréhension. Nés pour Bouchet du sentiment que le joueur venait prendre en main l’équipe, comme s’il s’agissait d’un dû, mais sans être animé d’un véritable projet, ni d’une vision. ‘On s’est vus plusieurs fois quand il s’est agi qu’il vienne éventuellement, résume l’ex- président. J’ai décidé et je le referais aujourd’hui : Laurent Blanc n’avait pas le niveau pour entraîner l’OM, surtout de la façon dont je l’imaginais. J’ai davantage eu le sentiment de discuter avec un homme qui voulait faire un coup pour valoriser son CV et ensuite se vendre à Manchester.’ En dépit de ce froid, le dialogue a duré plus de un mois. (…) ‘Nos avis divergeaient de manière spectaculaire, confirme Bouchet. J’étais dans la construction d’un club (…) Je n’ai jamais senti chez Laurent Blanc cette volonté- là. Il n’avait ni les mots ni les intonations. (…) Il redoutait le quotidien. Il n’était pas prêt.’ (…) ‘Je sais que Laurent Blanc m’en veut, analyse Bouchet. (…) J’ai la faiblesse de penser que je lui ai fait beaucoup de bien. Il manquait de hauteur de vue et il aurait été broyé par la machine OM. Il aurait pu sombrer, comme Alain Giresse au PSG. Cet échec auquel il ne s’attendait pas, car il n’a pas l’habitude qu’on lui dise non, l’a forcé à se remettre en cause. Il y a des décisions que je regrette à Marseille, pas celle- là.’ »
A deux doigts de la sélection en 2004
« ‘Laurent, annonce Simonet (président de la FFF en 2004, ndlr), j’ai eu l’idée de te confier la sélection. Quelles sont tes prétentions ?’ Réponse de Blanc : ‘Président, moi, je prends ce que vous me donnerez. Ce que vous me direz me conviendra.’ Claude Simonet s’enquiert ensuite de savoir quelles retouches il compte apporter au staff. Le futur ex-sélectionneur, qui n’entend pas perturber le groupe, demande simplement que Jean Verbeke (vice-président de la FFF, ndlr) serve de relais. Le vice- président de la FFF a aussi conscience, en enrôlant Laurent Blanc, que Zinédine Zidane, Lilian Thuram, Claude Makelele, probables retraités internationaux, seront ainsi tentés de poursuivre en sélection. Il devient carrément optimiste lorsque Simonet lâche : ‘Laurent, je t’envoie un courrier dans les quarante- huit heures.’ Tout semble acquis. Un salaire a été déterminé et Laurent Blanc a validé la suggestion de Jean Verbeke : avoir pour adjoint René Girard (…) Pourtant, ‘en quelques jours à peine, tout s’est déglingué, déplore Jean Verbeke. Laurent ne faisait pas partie de la DTN et Aimé Jacquet a retourné l’assistance et soutenu Domenech lors de son discours au Conseil fédéral. »
Fin de règne bordelais
« Blanc va-t-il rester en Gironde, et qui pour le remplacer dans le cas contraire ? ‘Même si nous avions obtenu notre billet pour la C1, je ne pense pas que Blanc aurait continué à Bordeaux, assure Jean-Louis Triaud. Parfois il n’était pas facile à joindre, car ce n’est pas un adepte du téléphone, c’est sa nature, mais nous lui avons laissé sa liberté d’action et énoncer ses idées pour le recrutement. Nous avions un accord moral quand nous avons prolongé son contrat en janvier 2009 : s’il était appelé par un grand club ou par l’équipe de France, nous étions ouverts à la discussion (…) Je garde de l’estime pour lui et le souvenir d’un homme peu expansif dans le relationnel, un peu froid. Il se livre peu, difficile de créer une intimité particulière avec lui, surtout que je n’étais pas en permanence au club’. »
Thuram et l’affaire des quotas
« (…) Lilian Thuram entre en scène. Pour ne plus en sortir. Champion du monde avec Blanc, il estime que celui- ci devra partir si ses propos sont confirmés. ‘J’ai été déstabilisé. Je me suis dit que c’était faux. Nous n’avons pas encore des preuves, mais il est clair que nous sommes au coeur d’un scandale’, clame- t-il sur TF1, certifiant que le cas des binationaux est un ‘faux problème’ ». Ses déclarations vont faire voler en éclats la supposée unité de France 1998. Il ne regrette rien (…) Il joint d’abord Zidane. Lui demande son avis quant au bienfondé des idées évoquées. L’icône lui suggère de s’en entretenir directement avec l’intéressé. Ce qu’il fait. ‘Laurent a compris ma position, témoigne le recordman des sélections [cent quarante- deux] en équipe de France. Me connaissant, il ne pouvait pas être surpris. Désolé, un truc comme ça, je ne peux pas laisser passer, ce n’est pas possible.’ Thuram lui assène que, à ses yeux, au sein de cette discussion, il s’est emporté. ‘Car derrière, il y a une véritable idéologie, ajoute- t-il. J’ai eu l’entraîneur de l’équipe de France Espoirs, il m’a dit que c’est toi qui avais lancé le débat. Je ne suis pas fou. Vous allez renforcer le racisme dans cette société.’ »
Avec Nicollin, c’est je t’aime moi non plus
« Louis Nicollin a toujours regardé Laurent Blanc avec curiosité. Sans jamais réellement le comprendre. Lui qui tutoie d’emblée et tape dans le dos n’a pas percé le mystère du taiseux qui garde ses distances, dirigeants compris (…) ‘Je le trouve hautain. On dirait qu’il sait tout, qu’il a tout fait. Et il a bien compris quand le rouge de la caméra est allumé. Beaucoup pensent comme moi, sauf que moi je dis ce que je pense. Certes, Laurent a fait connaître notre centre de formation. Mais les gens ont la mémoire courte… J’ai le droit de le dire, non ?’ (…) Louis Nicollin estime, à tort ou à raison, que Laurent Blanc lui manque de reconnaissance. Du moins à l’égard du club qui lui a mis le pied à l’étrier. »
« Laurent Blanc, la face cachée du Président », d’Arnaud Ramsay. 300 pages, 16 euros, éditions Fetjaine.
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