Gergès, Rousseau... qui sera le DTN de l’athlé Français pour Paris 2024?

A quelques jours des élections pour la présidence de la Fédération française d’athlétisme, il n’est pas encore dit que Patrice Gergès conserve son poste de directeur technique national (DTN), même si André Giraud devait être réélu. Explications.
A huit mois des Jeux olympiques de Tokyo, et surtout avant Paris 2024, le flou total règne à la Fédération française d’athlétisme (FFA) quant au choix du futur Directeur technique national. Patrice Gergès, en poste depuis 2016, se pose beaucoup de questions depuis l’arrivée de Florian Rousseau comme responsable de l’équipe de France. Et il n’est pas dit que le prochain président de la FFA, dont les élections ont lieu ce samedi 5 décembre, veuille conserver l’actuel DTN, contesté par une partie de ses collaborateurs.
Depuis la catastrophe des derniers Mondiaux de Doha en octobre 2019, et le bilan famélique de deux médailles et six finalistes, le travail de Patrice Gergès, Directeur technique national de l’athlé tricolore depuis fin 2016, est remis en cause. Certains, parmi des membres de la FFA et même de la presse, réclamaient son départ rapidement. Pourtant, le président André Giraud a tenu parole, il ira au bout de son mandat avec Patrice Gergès.
Mais les nouvelles élections à la Fédération arrivent ce samedi 5 décembre et le choix du DTN sera capital avant d’entrer dans la dernière ligne droite de Paris 2024. André Giraud, grandissime favori à sa propre succession, assure ne pas avoir parlé avenir avec son DTN, et doit le rencontrer le lundi 7 décembre, en cas de réélection, pour faire le point.
De son côté, Marie-Christine Cazier, opposante du président Giraud, veut conserver Patrice Gergès, au moins jusqu’aux Jeux olympiques de Tokyo à l’été 2021. De son côté, le DTN français, qui refuse que sa situation personnelle soit un enjeu électoral, se questionne depuis longtemps sur son envie de prolonger l’aventure.
Le bilan de Gergès apprécié par le ministère des Sports
Le contrat de Patrice Gergès, cadre d’Etat qui n’est donc pas salarié de la Fédération française d’athlétisme, court jusqu’au 31 mars 2021. "Et son travail est très bien vu par le ministère des Sports", selon une personnalité bien implantée au sein de l’athlétisme national. En effet, excepté Doha, l’athlé français se porte plutôt bien avec un record de médailles aux championnats d’Europe espoirs 2019, des Mondiaux de Londres 2017 très intéressants et deux podiums lors des Europe par équipes. D’autre part, le travail de l’ombre sur la réforme des compétitions, la modernisation et la professionnalisation de l’athlétisme plaide en la faveur de Patrice Gergès.
Pourtant, l’arrivée de Florian Rousseau en début d’année 2020 comme directeur de la Très haute performance, autrement dit, comme responsable des Bleus, a ébranlé l’édifice français. La relation entre les deux hommes n’est aucunement remise en cause. Gergès et Rousseau se retrouvent souvent à l’INSEP, s’appellent quasi quotidiennement et se complètent plutôt bien. Mais le camouflet de se voir "retirer" l’équipe de France, sans oublier les tensions au sein de la Fédération, fragilise l’actuel DTN.
Le président Giraud, fatigué par les conflits internes
Patrice Gergès doit faire face à un certain isolement au sein des hautes instances de la FFA. S’il n’est pas en guerre ouverte avec le directeur des équipes de France Mehdi Baala ou la directrice générale Souad Rochdi, difficile pour ces trois-là de travailler main dans la main. Ces derniers sont très proches de Ghani Yalouz, l’ancien DTN, qui n’a pas digéré que son ancien allié Patrice Gergès veuille prendre sa place. Dans cette atmosphère, le président André Giraud, qui devrait poursuivre à la tête de la Fédération, réfléchit sérieusement à se séparer de son DTN.
Ils s’entendaient pourtant à la perfection au début de son mandat. Mais à l’image d’un entraîneur de club de football face à une série de défaites, le DTN pourrait servir de fusible. Et son départ apporterait de la sérénité à la Fédération, où le président n’apprécie pas spécialement la gestion des conflits. Patrice Gergès assure que si le président veut qu’il parte, il le fera sans problème. Il aspire cependant à assurer la stabilité de l’athlétisme français, quitte à assurer la transition en collaborant avec le futur DTN à quelques mois de Tokyo 2021.
Rousseau, un ancien cycliste DTN de l’athlétisme ?
Le choix logique, et sérieusement envisagé au sein de la Fédération, c’est de confier toutes les clés à Florian Rousseau. Mais la légitimité de l’ancien triple champion olympique de cyclisme sur piste, sans référence en athlétisme, interroge certains et ce même si le mandat de l’ancien lutteur Ghani Yalouz s’est avéré prolifique en termes de médaille (cf Rio 2016). Florian Rousseau est d’ailleurs directeur de la Très haute performance et n’aura pas forcément la volonté de gérer tous les dossiers qu’un DTN doit prendre en main.
Pour l’instant, aucun autre candidat officiel ne s’est déclaré. Malgré tout, notamment du côté de l’INSEP, deux ou trois cadres passent des coups de fil à des proches de la FFA pour prendre la température et se renseigner sur le rôle. Mais là encore, ils seraient échaudés à l’idée de collaborer avec Florian Rousseau, sans avoir la mainmise sur l’équipe de France. Quoi qu’il arrive, le dernier mot sera pour le ministère des Sports, qui doit de toute façon approuver la candidature des possibles futurs DTN.
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