La Boîte à souvenirs: "J’ai tenté de mettre fin à mes jours", Maryse Ewanje-Epée raconte sa grave dépression

Dans l’émission diffusée jeudi soir sur RMC, l’ancienne championne d’athlétisme Maryse Ewanje-Epée a déroulé le fil de sa vie: sa quatrième place amère aux Jeux olympiques de Los Angeles, sa reconversion, ses désillusions de Séoul et Atlanta. Mais elle raconte aussi, pour la première fois, sa terrible dépression subie après la fin de sa carrière.
La fameuse "petite mort" du sportif retraité n’est malheureusement pas qu’un mythe. Amenée à se confier sur sa carrière sportive et sur sa vie privée dans La Boîte à souvenirs, émission diffusée sur RMC ce jeudi soir, l’ancienne championne française d’athlétisme, Maryse Ewanje-Epée, s’est livrée comme rarement, jusqu’à évoquer la période la plus sombre de sa vie. Dix-sept fois championne de France du saut en hauteur, vice-championne d’Europe (1984) et quatrième aux Jeux olympiques de Los Angeles (1984), l’actuelle présidente au club d’athlétisme de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) vivait très mal son après-carrière, elle qui prendra sa retraite sportive en 1996.
Elle entre en grave dépression quelques temps plus tard, au début des années 2000. "J’ai commencé à huit ans, j’étais en équipe de France à quinze, et je me suis arrêtée à trente-deux, enceinte de ma deuxième fille", contextualise celle qui fait également partie de la Dream Team RMC.
Alcool, cachets et tentatives de suicide
Alors que sa relation conjugale avec son mari Marc Maury – ancien commentateur sportif, comédien et rugbyman – est "de plus en plus tendue", la jeune retraitée, aujourd’hui âgée de 56 ans, ne parvient pas à encaisser le divorce qui s’en suit. Et qui l’a contraint à s’occuper seule de ses quatre enfants, dont sa plus âgée, Mélissa, atteinte d’une maladie orpheline. "Là, je me prends tout ça dans la tronche. Et je me demande: 'Mais qui es-tu? Qu’est-ce que tu es devenue?'." Obligée d’exercer un boulot alimentaire "pour remplir le frigo", dans une époque où la pratique professionnelle de l’athlétisme ne permettait pas d’en vivre, elle s’enfonce.
"Je me retrouve très bas, à l’hôpital. Ma mère ne l’a pas su, révèle avec peine celle qui compte deux participations aux JO (1984 et 1988, ndlr). (…) J’ai tenté de mettre fin à mes jours. Tout simplement." Elle tentera de se couper les veines. "Je prends un tas de cachets, j’étais devenue alcoolique aussi. (…) Une énième nuit où je n’arrive pas à dormir. Je vais dans la salle de bain, je prends une lame de rasoir. Mais comme je n’arrive pas à me faire du mal, je me rase la tête. Puis je m’écroule, ivre morte. Et le matin, c’est ma fille Tania qui me trouve."
"Ce jour-là, c’est quelque part la championne qui a refait surface"
Quelques temps plus tard, alors qu’elle retourne à l’hôpital après une nouvelle prise extrême d’alcool, la jeune mère a un déclic. Au cours d’une discussion avec une psychologue, à son réveil après un lavage d’estomac, elle assure: "Je n’ai pas le droit, j’ai quatre enfants. Tout ça ne m’arrivera plus jamais. (…) Et ce jour-là, c’est quelque part la championne qui a refait surface." Contactée par François Pesenti, l’ancien directeur des sports de RMC, Maryse Ewanje-Epée deviendra consultante pour la radio française lors des Championnats du monde d’athlétisme de Paris en 2003, renouant avec le fil de sa vie. Elle parlera ouvertement de cette période sombre à ses enfants quelques années plus tard.
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