NBA: la bataille des duos a commencé, c'est qui le plus fort?

Après avoir été dominée par des Big Three injouables, la NBA a basculé dans une nouvelle ère cette saison. Celle des grands duos. Avec l’expertise de Stephen Brun, notre consultant basket, RMC Sport a passé au crible les cinq binômes qui vont enflammer la Ligue. De Los Angeles à Houston, en passant par Dallas. Plus ceux en attente, qui risquent de tout bouleverser à l’horizon de la saison prochaine. Tour de table et présentations alors que la nouvelle saison a démarré ce mardi.
LeBron James et Anthony Davis (Los Angeles Lakers)
Les stats cumulés 2018 du duo: 53 points, 20 rebonds, 12 passes
Le "King" n’est pas venu à Hollywood pour faire de la figuration. Après une première saison frustrante et vierge de playoffs, LeBron James a exigé du renfort chez les Lakers. Et on lui a ramené Anthony Davis. Rien que ça. L’ailier fort de 26 ans est l’un des plus gros talents des Etats-Unis, inarrêtable dans un grand soir et capable de remporter un match à lui seul. Après sept saisons à ronger son frein au sein d’une faible équipe des Pelicans, le n°1 de la draft 2012 arrive avec la dalle de celui qui n’a jamais rien gagné. Aux côtés de l’un des meilleurs joueurs de l'histoire de la NBA, il va enfin pouvoir viser le haut de l’affiche.
Et lorgner une première bague. C’est le projet de la franchise californienne, qui n’a plus marché sur ses rivaux depuis la bande à Kobe Bryant en 2010. A l’aube de sa dix-septième saison dans l’élite, LeBron va sans doute prendre un peu moins de shoots pour faire parler sa science de la passe. Et laisser à son jeune lieutenant le soin de brutaliser le cercle. Avec un objectif commun: ramener la franchise aux seize titres au sommet du basket US.
L’avis de Stephen Brun
"Je pense que Davis va être le meilleur marqueur des Lakers et que LeBron ne va pas être loin des dix passes décisives de moyenne. Même s'il y a des meneurs, le jeu va s'articuler autour de lui, c'est lui qui va monter le ballon et créer beaucoup de situations sur du pick. Et ce pick-and-roll entre lui et Davis va être un vrai casse-tête à défendre. Si vous ne sortez pas sur LeBron, il va aller au cercle et dunker. Si vous décidez de stopper LeBron sur le pick, il va envoyer une balle lobée à Davis. Et si vous décidez de fermer Davis, il y a des tireurs à trois points maintenant. Sur les ailes, ça peut tomber dedans. C’est indéfendable. LeBron n'a jamais eu dans son équipe de joueur aussi dominant que Davis. Si tous les deux sont en forme? Ce sera un carnage!"

Kawhi Leonard et Paul George (Los Angeles Clippers)
Les stats cumulés 2018 du duo: 54 points, 15 rebonds, 7 passes
C’est peut-être la paire la plus sexy du game. Celle que les bookmakers placent en haut de leur bulletin de prévisions. En déménageant tous les deux cet été, Kawhi Leonard et Paul George se sont rejoints chez les Clippers. A Los Angeles, dans leur ville natale. Pour tenter d’offrir à "la franchise de la lose" le premier titre qu’elle attend depuis sa création en 1970. Les deux artistes de l’ombre, complets et polyvalents, en ont les moyens. Car s’ils ne font pas partie des joueurs les plus médiatiques de la NBA, ils sont clairement parmi les plus doués.
Kawhi l’a prouvé la saison passée en offrant un sacre assez inespéré à Toronto et en étant désigné MVP des finales, pas une première pour lui qui avait déjà réalisé ce doublé en 2014 avec les San Antonio Spurs. L’ailier de 28 ans devra désormais maintenir son niveau avec la pression de celui qu’on attend. George, lui, arrive d’Oklahoma City avec deux épaules fraîchement opérées, qui le priveront du début de la saison. A 29 ans, il veut enfin jouer les premiers rôles dans la Ligue et faire taire les critiques sur sa fragilité physique. Avec ces deux anges dans ses rangs, Lob City a clairement le droit de rêver.
L’avis de Stephen Brun
"Ils défendent, ils attaquent, c’est le duo le plus complet des deux côtés du terrain. Mais ils ne se connaissent pas, au contraire par exemple de Harden et Westbrook qui ont joué ensemble à OKC. C'est ultra complet, fort dans le tir à trois points et sobre dans l’attitude. Le problème, c'est que Paul George est fragile physiquement. Intrinsèquement, c'est peut-être le plus beau duo, mais il faut qu'ils soient à 100% en forme. C'est un vrai défi pour Kawhi. Il a toujours été sous-estimé parce qu'il a ce caractère introverti, qui ne rigole jamais et qui n'est donc pas jugé à sa juste valeur. Mais ce qu'il a fait avec Toronto la saison dernière l'a remonté très haut dans le gratin de la NBA, donc il va être attendu pour la confirmation."

Joel Embiid et Ben Simmons (Philadelphie Sixers)
Les stats cumulés 2018 du duo: 44 points, 23 rebonds, 12 passes
L’un fait 2,13m, l’autre culmine 2,08m. Autant dire que les adversaires des 76ers se retrouvent face aux tours Petronas sur le parquet. Avec Joel Embiid et Ben Simmons, "Philly" dispose du binôme le plus dissuasif du pays. Après deux années communes, le pivot camerounais et le polyvalent Australien ont développé de précieux automatismes. L’entente reste à peaufiner entre les deux jeunes (25 ans et 23 ans) mais elle fait déjà de gros dégâts.
Les stars de Philadelphie partent donc avec une longueur d’avance sur certains de leurs concurrents. Entouré d’une équipe très compétente, Embiid et Simmons ont tout pour se montrer dominants dans la Conférence Est. Et refaire du Commonwealth une place forte de la NBA. A l’heure de démarrer cette nouvelle saison, la finale est clairement dans leur ligne de mire. Voire plus si affinités….
L’avis de Stephen Brun
"L’arrivée de l’intérieur Al Horford est essentielle. Tu l’as enlevé à Boston et quand Embiid n’a pas envie de défendre, tu auras toujours tonton Horford pour faire les efforts et lui permettre de s’économiser un peu. Embiid va pouvoir plus se concentrer sur l’attaque et être épargné par les fautes, ce qui est souvent un problème pour lui. Son duo avec Simmons, c’est fort. Par contre, Simmons ne se mettra pas à shooter. Il en prendra un peu plus, forcément, mais c’est surtout un meneur de jeu qui fait 2,08m, qui joue dos au cercle. Il est dans la percussion, il peut dunker sur les grands, prendre des rebonds et faire des passes car avec sa taille, on voit un peu mieux le jeu. C’est un duo effrayant. Les Sixers sont mes favoris pour le titre cette saison!"

James Harden et Russell Westbrook (Houston Rockets)
Les stats cumulés 2018 du duo: 59 points, 18 rebonds, 18 passes
Chaque billet pour le Toyota Center vaudra potentiellement son pesant d’or cette saison. Car chaque match peut devenir historique avec James Harden et Russell Westbrook ensemble sur le parquet. Sept ans après, les deux anciens d’Oklahoma City sont à nouveau réunis sous le maillot des Rockets. Et ça peut être une folie absolue s’ils parviennent à s’entendre. Entre la magie de l’arrière barbu (MVP 2018) et l’explosivité du meneur sur ressorts (MVP 2017), tous deux âgés de 30 ans, l’alchimie peut mettre la Ligue à feu et à sang.
Lonzo Ball et LeBron James avait réussi chacun un triple double avec les Lakers la saison passée contre Charlotte. Avant eux, ça faisait douze ans qu’on n’a plus vu deux coéquipiers à pareille fête le même soir en NBA (Jason Kidd et Vince Carter avec les New Jersey Nets). C’est le genre de performance que le duo Harden-Westbrook, totalement imprévisible, peut sortir à tout moment. De là à porter la franchise texane jusqu’au titre? Franchement, pourquoi pas.
L’avis de Stephen Brun
"Le point fort, c'est qu'il y a des soirs où ça va être un carnage monumental. Le point faible, c'est qu'il n'y qu'un ballon. Et que la philosophie du président Daryl Morey est basée sur le tir à trois points, ce qui est le gros point faible de Westbrook. Aussi fort, athlétique et complet qu'il soit, c'est peut-être le plus mauvais tireur à trois points des arrières de toute la NBA. Donc comment va se passer son intégration dans ce système-là, où c'est du kick à gogo? Est-ce qu’il va continuer à jouer son jeu, à driver, à agresser? Ça me paraît compliqué. Mais je ne suis pas non plus ultra inquiet comme certains qui disent que ça ne va jamais fonctionner. Ce duo est peut-être la plus grosse curiosité de cette saison."

Luka Doncic et Kristaps Porzingis (Dallas Mavericks)
Les stats cumulés 2018 du duo: 49 points, 15 rebonds, 7 passes
C’est sans doute le duo européen le plus fort de l’histoire de la NBA. Et il peut inquiéter n’importe quelle équipe. Entre Luka Doncic et Kristaps Porzingis, l’alliance est quasi parfaite. Le surdoué slovène, élu rookie de l’année, possède un QI basket dix fois au-dessus de la moyenne et des talents de passeur hors du commun. Le géant letton (2,21m) est un alliage monstrueux de puissance et d’adresse, capable d’arroser à trois points comme les meilleurs shooteurs de la Ligue. Entre les deux anciens du championnat espagnol (Real Madrid pour Doncic, Séville pour Porzingis), la complémentarité saute aux yeux.
Les observateurs ont pu s’en rendre compte lors de la pré-saison, avec un lot d’actions spectaculaires. Comme autant de belles promesses pour les échéances à venir. Si Porzingis arrive à laisser derrière lui ses problèmes physiques, la paire peut semer la terreur à Dallas. Et bien au-delà. Plus d’un an et demi après son opération du ligament croisé du genou gauche, l’ancien colosse des Knicks semble retrouver peu à peu ses sensations. De quoi aiguiser l’appétit des Mavericks dans une Conférence Ouest plus relevée que jamais.
L’avis de Stephen Brun
"La curiosité, c’est que ce sont deux Européens. Mais ils peuvent dominer la NBA. Doncic, qui était déjà aux portes du All-Star la saison dernière, a débarqué dans une franchise prête à reconstruire avec la fin de l’ère Nowitzki. Ils lui ont tout filé: vas-y, fais-toi plaisir. Et il s’est fait plaisir. On a vu un gamin clutch, qui met de gros tirs et prend ses responsabilités. Mark Cuban (patron des Mavericks, ndlr) a encore une fois flairé le bon coup avec Kristaps Porzingis. Il joue au large donc ça va être compliqué pour les adversaires sur pick-and-roll. Le duo est complémentaire. Il faut juste que Porzingis reprenne le rythme NBA car il n’a pas joué pendant quasiment un an. Cette paire est excitante, on a envie de le voir. Est-ce que ça va porter Dallas en playoffs? Je ne sais pas car on parle de la Conférence Ouest. A l’Est, ils seraient top 6 minimum!"

Stephen Curry et... D’Angelo Russell
Les stats cumulés 2018 du duo: 39 points, 8 rebonds, 12 passes
Après s’être habitué à écraser la concurrence avec un Big Three injouable, Golden State va rentrer un peu dans le rang cette saison. Forcément. Kevin Durant a fait ses valises pour Brooklyn et Klay Thompson, victime d’une rupture des ligaments du genou en juin dernier, ne jouera probablement pas de la saison. C’est Steve Kerr lui-même qui l’a annoncé à regrets. Dans ces conditions, les Warriors vont donc remettre leur destin entre les mains en or de Steph Curry. Le double MVP (2015, 2016) va devoir sortir le grand jeu à chaque match, tout en préservant son physique parfois défaillant.
Un défi périlleux qui devrait tout de même l’amener à sortir des stats délirantes certains soirs, lorsqu’il aura la main chaude. Pour l’épauler, le meneur de 30 ans pourra s’appuyer sur D’Angelo Russell. Le jeune All-Star des Nets (23 ans) a débarqué durant l’été dans le cadre du départ de Kevin Durant pour Brooklyn. Et c’est bien mieux qu’un simple assistant. Avec son efficacité et ses inspirations, il a tout pour franchir un palier chez les champions 2018. Et faire vibrer le Chase Center, l’incroyable salle flambant neuve de San Francisco.
L’avis de Stephen Brun
"Les bookmakers les voient très loin du sommet. Moi pas si loin que ça, presque prétendants à la finale de Conférence Ouest. Je pense que Steph Curry va être MVP et meilleur marqueur de la saison avec l'absence de Klay. C'est le moment où Steph va rappeler à tout le monde qui il est. Je pense qu'il va y avoir des 50, des 60, peut-être même des 70 points pour lui. Et on peut parler de D’Angelo Russell, une très belle recrue, All-Star la saison dernière avec Brooklyn, un créateur gaucher qui met dedans à trois points. Ce n’est pas un faire-valoir et les deux sont très complémentaires. La philosophie et le jeu de Steve Kerr sont en place, il n’y a pas grand-chose à créer, juste à impliquer Russell sur les principes de jeu. Ils ont perdu des garçons importants mais il y a assez de bases solides pour que ça continue."

Kyrie Irving en attendant Kevin Durant (Brooklyn Nets)
C’est certainement le duo le plus attendu par les observateurs. Mais il va probablement falloir patienter jusqu’à la saison suivante pour le voir à l’œuvre. Victime d’une rupture du tendon d’Achille au printemps, Kevin Durant ne pense pas rejouer avant l’été 2020. C’est lui-même qui l’a confié dans l’émission animée par Serge Ibaka (son ancien partenaire à OKC) sur YouTube. Vu la gravité de sa blessure, c’était à prévoir. Et ça a de quoi rendre fou les fans de Brooklyn, qui ont vu débarquer le MVP 2014 dans la "Grosse Pomme" cet été. En attendant, ils pourront se consoler avec Kyrie Irving.
Après une expérience ratée à Boston, "Uncle Drew" a choisi les Nets pour se relancer. Et promis de changer un peu son attitude afin de tirer ses coéquipiers vers le haut, ce qu’il n’a jamais su faire chez les Celtics. Ce sera donc un exercice de transition pour l’ancienne franchise de Jay-Z (qui s’est retiré en 2013 pour lancer son agence de management sportif). Kyrie sera chargé de l’embellir au mieux, avec l’appui du prometteur arrière Caris LeVert. En attendant le retour aux affaires de KD, dont il est proche depuis plusieurs années…

L’avis de Stephen Brun
"Lorsqu’il sera enfin formé, je pense que c’est le meilleur duo. Et de loin. Le seul point d’interrogation, c’est le leadership de Kyrie Irving. La saison dernière, il a fait de la merde avec Boston au niveau de l’attitude. Je l’ai trouvé très petit. Le joueur, il n’y a pas besoin d’en parler, c’est peut-être le meilleur meneur de la NBA au niveau du ball handling, de la création, et même du tir clutch. Sans Durant, ça va être lui le leader. Est-ce qu’il va être capable d’assumer? Il va falloir qu’il arrive à partager le ballon et surtout à montrer l’exemple dans les actes, mais aussi dans les discours pour mobiliser ses mecs. Mais s’il y parvient et que KD finit par revenir, il y a un paquet de supporters des Knicks qui vont se suicider (rires)."
Alexandre JAQUIN
Rédacteur
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