Mormeck, une légende à écrire

A 39 ans, Jean-Marc Mormeck s'attaque ce samedi à Düsseldorf (23h) au plus grand défi de sa carrière, un titre mondial des poids lourds inédit pour un Français. De l'autre côté du ring, Wladimir Klitschko, une montagne d'1,98m.
Quand il va enfin se dresser face au géant ukrainien devant une foule hostile de 50 000 fans hurlants, Jean-Marc Mormeck ne pensera sûrement pas aux 84 marches d’escalier de la ruelle du Bois. Là, au beau milieu du ring de l'Esprit Arena de Düsseldorf, il se sentira bien loin de Saint-Maurice, de l'Insep et des allées du bois de Vincennes, où il a préparé pendant de longs mois le combat de sa vie ce samedi (23h). « Beaucoup de sportifs rêvent de décrocher une médaille d'or aux JO. Moi, mon rêve, c’est de devenir champion du monde des poids lourds. » Comme Joe Louis, Mohamed Ali, George Foreman ou Mike Tyson.
Comme on a beaucoup comparé « J2M » à « Iron Mike » -Wladimir Klitschko le premier-, le Guadeloupéen de 39 ans a d'abord recruté son ancien coach, Kevin Rooney. « Avec lui, j'ai travaillé ma vitesse. Il m’a appris à me servir de cette mobilité et à me déplacer avec mon poids », confesse Mormeck. C'était à la fin de l'automne dernier. Le combat, prévu le 10 décembre, est annulé cinq jours plus tôt. Le Français donne sa version. « Il a eu un petit souci (un calcul rénal), mais je pense qu’il n’était pas prêt. C’était prémédité et c’est clairement du foutage de gueule ! », s'agace-t-il.
En début de semaine, un peu pour se venger de ce coup bas, il a offert une petite surprise à son adversaire, en affrontant les micros aux côtés de son nouvel entraîneur, le Bulgare Tsanko Dobrekov. « J'ai vu qu'il était surpris du changement, que je sois passé avec un mec de l'Est qui m'a fait travailler les méthodes de l'Est qui ont formé les Klitschko », énonce Mormeck. Mais avant l'arrivée de l'inconnu total qu'est Dobrekov, il n'y eut aucun faux fuyant. Il a bossé pendant des mois, comme un chien.
« Klitschko devra cacher son menton »
« La musculation lui a fait du bien, avec des charges en développé à 135 kilos. Il a toujours eu de la puissance en lui, on l’a amélioré un petit peu... Beaucoup. Klitschko devra cacher son menton », s'amuse son coach historique Lucien Dauphin. Il a soulevé de la fonte, beaucoup, couru des kilomètres, enchaîné les exercices de torture. Un plaisir. Pour le combat spécial qui l'attend avec un énorme déficit d'allonge de 20 centimètres sur l'Ukrainien, J2M a aussi reçu les conseils avisés au quotidien de Stéphane Caristan, champion d'Europe du 110m haies en 1986.
« Je connais bien la programmation d'un sportif pour un événement à une date donnée. On a jonglé entre musculation, aérobie et exercices de vitesse. Il fallait faire un bel amalgame de tout ça pour en faire un boxeur complet capable de tenir douze rounds », explique Caristan, passionné de boxe depuis toujours. Aucun Français n'a jamais été champion du monde des lourds, une motivation comme une autre. Alors Mormeck a serré les dents, fait les sacrifices. « Ça a été une préparation différente, pas la plus dure, avoue l'ancien champion du monde des lourds-légers. C’est un autre défi. J’entre dans une autre catégorie. », dit-il. Avant d'entrer dans la légende ?
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