Ces histoires qui ont fait le Tour (3/23)

A l’occasion de la 100e édition de la Grande Boucle, RMC Sport vous raconte chaque jour une petite histoire, drôle, anecdotique, décalée, dramatique ou simplement croustillante, qui a contribué à la grande histoire du Tour. Aujourd’hui, l’incroyable histoire des frères Pélissier, ces « forçats de la route » dopés à la cocaïne et dont la plume d’Albert Londres a immortalisé le témoignage.
Les frères Pélissier et Maurice Ville ne rejoindront pas Brest à vélo. Ce 27 juin 1924, les trois coureurs abandonnent lors de la troisième étape et se retrouvent au Café de la Gare de Coutances, bientôt rejoints par Albert Londres. Le célèbre journaliste couvre le Tour de France pour le « Petit Parisien », comme le rappelle « Les petites histoires inconnues du Tour de France » (de Laurent Reveilhac et Patrick Fillion). Il n’y connaît pas grand-chose au cyclisme et avouera plus tard avoir facilement « gobé » le récit apocalyptique des frères Pélissier.
Car ce jour-là, les frères Pélissier en ont fait des tonnes. Bien sûr, il y avait du vrai dans leur témoignage. Henri Pélissier confie ses états d’âme : « Vous n’avez pas idée de ce qu’est le Tour de France, insiste-t-il. C’est un calvaire. » Il sort alors une fiole de son sac : « Vous voyez ça, c’est de la cocaïne pour les yeux, ça c’est du chloroforme pour les gencives. » « Bref, on marche à la dynamite, résume son frère Francis. » Scandale en perspective.
Le mythe des forçats
Des propos qui ne sont pas sans rappeler les aveux de Lance Armstrong sur le plateau d’Oprah Winfrey en janvier dernier, comme l’explique « Les 100 Histoires de légende du Tour de France » de Gérard et Julien Holtz. 89 ans séparent ces révélations qui ont marqué l’histoire du vélo. Dans les deux cas, les coureurs mettent en scène LEUR vérité. « Vous ne nous avez pas vu au bain, à l’arrivée, poursuit Henri Pélissier. La boue ôtée, nous sommes blancs comme des suaires, la diarrhée nous vide, on tourne de l’œil sous l’eau. (…) On n’est pas des fainéants, mais au nom de Dieu, qu’on ne nous embête pas. » Le Tour, un vrai bagne roulant. Le mythe des « forçats de la route » est lancé, et ça fait 89 ans qu’il perdure.
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