Hushovd casse l’ambiance

Avec Voeckler en jaune, Jeannesson en blanc et Roy comme virtuel vainqueur de cette 13e étape (et nouveau maillot à pois), les coureurs français étaient à deux doigts de fêter un 14 juillet à retardement. Jusqu’à ce que le Norvégien avale Jérémy Roy à quelques hectomètres du but, après plus de 100 kilomètres d’échappée… Cruel.
Avec 24 heures de retard, les coureurs français ont bien failli célébrer le 14 juillet. Sans pétards mouillés ni fausse note, cette fois-ci, mais avec une bonne grosse fanfare tricolore parfaitement accordée. A trois kilomètres près, le casting avait même très fière allure avec Thomas Voeckler comme chef d’orchestre, maillot jaune solidement accroché sur les épaules pour le quatrième jour d’affilée. Série en cours. Dans son sillage, Arnold Jeannesson, de la FDJ, qui voit la vie en blanc depuis qu’il a endossé, la veille au soir, le maillot de meilleur jeune. Et puis, près de huit minutes devant, Jérémy Roy –déjà assuré de ravir à Samuel Sanchez le maillot à pois de meilleur grimpeur, assorti du prix de la combativité – commençait à caresser du bout du boyau le rêve d’une vie. Celui de remporter une étape du Tour de France, la première pour un coureur tricolore sur ce millésime 2011.
Sortez flonflons, réglez trompettes, se disait-on. Mais de miracle total, à Lourdes, il n’y eut point. Enfin, tout dépend de quel versant on se place car le succès du « puncheur-rouleur-compresseur-sprinteur » norvégien, Thor Hushvod, à la noce dans le col d’Aubisque et du Soulor, relève en partie du miracle. Car franchement, qui l’eut cru ? Qui aurait pensé que ce colosse de 83 kg, taillé dans le roc et pas franchement réputé pour ses qualités de grimpeur, limiterait les dégâts dans l’ascension de l’Aubisque et ne perdrait qu’une misère sur Jérémy Roy et David Moncoutié, alors en tête de l’étape ? Surtout, qui aurait pensé que le Viking repartirait à l’abordage, après avoir revêtu sept jours durant le maillot jaune, et donc d’ores et déjà réussi son Tour ? A vrai dire, pas grand monde. Pas même l’intéressé.
Roy inconsolable
« Pour moi, c’est la plus belle étape du Tour de France que j’aie jamais gagnée, pouvait savourer Hushovd à l’issue de son numéro. Je n’y crois pas encore. C’est une journée parfaite tactiquement pour moi. J’avais de très bonnes jambes. David Moncoutié a eu raison de ne pas prendre de relais parce qu’il savait qu’il n’aurait rien pu faire face à moi au sprint (lire par ailleurs). Dans la dernière bosse, j’ai attaqué et quand je suis arrivé sur Roy, j’ai encore attaqué. C’était parfait. Je voulais bien montrer ce maillot de champion du monde sur le Tour de France. C’est surprenant de s’imposer à l’Aubisque. »
Inconsolable à l’arrivée, Jérémy Roy – le coureur qui a cumulé le plus de kilomètres en tête, depuis le début de ce Tour – mit de longues minutes avant d’évacuer de sa voix ses trémolos qui grimpaient aux branches. « C’est une immense déception, je vais avoir du mal à digérer, confiait cet ingénieur diplômé de l’INSA de Rennes (Institut National des Sciences Appliquées). J’ai bien géré l’Aubisque. J’y croyais fortement. J’avais de bonnes jambes. Je ne suis pas un champion, je fais avec mes moyens. Mais quand j’ai vu le vent de face qu’il y avait dans la vallée, c’était trop dur. J’ai compris qu’il n’y aurait pas de miracle. Il n’y a que la gagne qui compte. Et je suis passé à deux doigts du rêve… » Ce vendredi, ce devait être le Tour de France et des Français. En moins de trois kilomètres, il s’est mué en Thor de France.
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