Le Tour de France des Français: un bilan fructueux et de belles perspectives pour 2020

Auteurs d’un Tour enthousiasmant, portés par un duo Alaphilippe-Pinot étincelant puis battu, les Tricolores ont envoyé de nouvelles promesses à leur public, toujours plus impatient de les voir remporter une première Grande Boucle depuis 1985. Il faudra encore briller l'année prochaine.
Cinq représentants dans le top 15, 14 journées en jaune, trois victoires d’étapes, un maillot à pois. Dans la lignée du regain français observé depuis plusieurs années, le Tour de France des Tricolores a été fructueux. Si le parcours 2020 au départ de Nice ne dit pas encore s’il sera garni contre-la-montre - le point faible des Français - il ne fait aucun doute qu’ils seront plusieurs à retenter leur chance sur la 107e Grande Boucle, qui "montera moins haut", a déjà promis son directeur Christian Prudhomme. Avec des ambitions sans doute remodelées, impossibles à percevoir pour l’instant, mais garantes d’une nouvelle tendance: les stars du peloton français se portent bien.
Il l’assure, Pinot reviendra
Après le drame, le rebond. Il faut dire que Thibaut Pinot est un spécialiste. Chassé du Giro par une pneumonie en 2018, il avait répondu par deux victoire d'étapes sur la Vuelta et un sacre sur un monument, le Tour de Lombardie. Eliminé de la course au Maillot Jaune par une lésion musculaire à la cuisse, le Franc-comtois à la santé fragile a assuré "avec certitude" qu’il prendrait le départ du Tour en 2020. Il est d’ailleurs le premier à en avoir fait l’annonce sur Twitter, la détresse aidant. Exit ses désirs de Giro, Pinot veut, à 29 ans, mettre toutes les chances de son côté pour enfin succéder à Bernard Hinault. Seul grimpeur à avoir fait douter Bernal dans les Pyrénées, le lauréat de la 14e étape en haut du Tourmalet retentera donc sa chance, malgré quatre abandons en sept participations. Ça tombe bien, la Groupama-FDJ et Marc Madiot ne comptent pas plus abandonner.
Alaphilippe ne veut pas (encore?) du général
Épouvantail pour certains, arbre qui cache la forêt pour d’autres. Avec deux victoires d’étapes, deux secondes places et 14 jours en jaune, il est peu dire qu’Alaphilippe aura marqué de son empreinte cette édition, toutefois délaissée par les sprinteurs et autres baroudeurs français inspirés. Son "inespérée" cinquième place finale - une rareté pour un puncheur - lui confère un nouveau statut auprès du public, persuadé qu’il peut remporter le Tour de France rapidement. Épuisé après ces trois folles semaines, le Montluçonnais a tempéré. S’il s’y prépare, il jouera peut-être la victoire finale. "Mais pas l'année prochaine". Ça ne vous rappelle rien ?
Bardet, l’épanouissement hors de France?
Sept top 15 sur les sept dernières années ne consoleront pas Romain Bardet. Pas plus que son maillot à pois, acquis au prix d’une (seule) échappée fleuve entre Embrun et Valloire. Sa faillite au classement général, déjà entrevue l’année passée après une 6e place poussive, et ses carences dans l'exercice chronométré, ont scellé l’arrivée d’un premier accroc majeur dans sa carrière, toujours privée de titres majeurs, à 28 ans. Meurtri par trois semaines éprouvantes, celui qui a pour la première fois laissé planer le doute sur son avenir chez AG2R (il lui reste un an de contrat) pourrait changer ses plans l’an prochain. Son directeur sportif abonde. "On va faire un vrai bilan. On va se mettre autour de la table pour rebondir en 2020. On sait que Romain est très attiré par le Giro. Il a besoin de changer de programme. Il y avait une certaine lassitude physique et mentale", assurait Julien Jurdie à RMC à l’issue du Tour de France.
Mais aussi…
Le bond de Gaudu. Sans compter les Movistar (ni Geraint Thomas…), le jeune Breton est le meilleur équipier de ces trois semaines de course. A l’instar de Bernal, 15e du Tour comme équipier pour sa première participation en 2018, Bernal achève la Grande Boucle à la 13e place, sans n’avoir jamais cessé d’être au service de Thibaut Pinot. Un pur montagnard, qui avait d’ailleurs battu le Colombien (plus jeune de six mois) lors du Tour de l’Avenir en 2016. Moins précoces, ses promesses assurent néanmoins un avenir doré au grimpeur de la Groupama-FDJ.
Le retour de Barguil. Aérien sur le Tour 2017, qu’il a terminé avec le maillot à pois et deux étapes dans la musette, le Breton a peiné l’an passé, la faute à des déboires personnels et un changement d’équipe peu assuré dans une équipe de niveau inférieur (Arkéa). Champion de France en juin passé, Barguil a depuis signé une 10e place rassurante. Peu vu à l’offensive, il a tenu les roues en montagne, même s’il a souvent rompu dans les fin d’étapes. Une rédemption.
Les progrès de Martin. Là non-plus, point de victoire d’étape pour le Normand. 23e en 2017, 21e l’an passé, il a pris la 12e place à l’issue de cette édition. Sa constance se précise dans le classement général, alors qu’il atteint un premier cap de maturité physique, à 26 ans. Promis à un avenir chez Cofidis, future équipe World Tour qui n’a toutefois plus gagné sur le Tour depuis 11 ans, Martin a aussi pris quelques échappées, sans jamais conclure. Attention, il finit tout de même très loin du 10e, à plus de 15 minutes.
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