Tour de France: Bardet et Martin, deux rayons de soleil côté français

Si Julian Alaphilippe et surtout Thibaut Pinot ont terminé très loin des favoris lors de la huitième étape du Tour de France, Romain Bardet et Guillaume Martin ont confirmé leur bonne forme du moment. De bon augure pour la suite, même si l'Auvergnat s'est dit inquiet pour son genou après sa chute survenue ce samedi.
La France comptait surtout sur Thibaut Pinot, et à un degré moindre sur Julian Alaphilippe. Elle mise désormais sur Guillaume Martin et Romain Bardet pour tenter d'accrocher un podium, voire mieux, sur les Champs-Elysées. Distancé très tôt, à 45 kilomètres de l’arrivée, Pinot a perdu toute illusion au général ce samedi lors de la huitième étape du Tour de France. Victimes de douleurs au dos, séquelles de sa chute survenue le premier jour à Nice, il a franchi la ligne avec plus de 25 minutes de retard sur le vainqueur du jour, l’épatant Isérois Nans Peters. Une terrible désillusion et une nouvelle claque pour celui qui avait été contraint à l’abandon l’an dernier alors qu’il était en position de monter sur le podium.
"J'ai tellement mal au dos que je n'ai pas de force, je n'arrive pas à pédaler. Je ne vais pas quitter le Tour. C'est peut-être un tournant dans ma carrière. Il y a trop d’échecs", a-t-il lâché, s’excusant auprès de ses coéquipiers.
Une souffrance qui tranche avec la sérénité encore une fois affichée par Guillaume Martin. Impeccable depuis le début du Tour, à l’attaque il y a trois jours à Orcières-Merlette et vigilant vendredi pour éviter les coups de bordure, le Normand a encore répondu présent entre Cazères-sur-Garonne (Haute-Garonne) et Loudenvielle (Hautes-Pyrénées). Décomplexé, le grimpeur de la Cofidis n’a pas hésité à accélérer dans le col de Peyresourde pour répondre aux offensives de Mikel Landa et Richie Porte, un temps partis en chasse derrière le prodige slovène Tadej Pogacar. C’est juste devant Primoz Roglic, l’un des grands favoris à la victoire finale, qu’il a franchi la ligne d’arrivée. Au général, le voilà toujours troisième avec seulement neuf secondes de retard sur le leader britannique Adam Yates.
Martin confirme son excellente forme
Douzième du Tour en 2019, ce diplômé de philosophie reconnaît lui-même qu’il a passé un cap ces dernières semaines, en particulier depuis la fin du confinement. Sa troisième place finale obtenue sur le Critérium du Dauphiné confirme cette impression.
"Il fallait suivre et s’accrocher. J’ai vu que j’avais de bonnes jambes alors j’ai tenté le tour pour le tour pour aller chercher des secondes", a-t-il expliqué ce samedi après sa 15e place. Jusqu’où ses bonnes jambes peuvent-elles le mener? Le Tour est encore très long et il lui faudra encore se débrouiller sans une armada à ses côtés dans les deux prochaines semaines. Si Nicolas Edet et Jesus Herrada peuvent lui être précieux en montagne, ses équipiers ne présentent cependant pas la même assurance que ceux de ses rivaux au général.
Bravo @GuilmMartin pour avoir tout donné pour conserver ta place dans le classement général 👏👏#CofidisMyTeam pic.twitter.com/uRmPpx3eTq
— Team Cofidis (@TeamCOFIDIS) September 5, 2020
Ses supporters répondront qu’il fait partie de cette catégorie de coureurs qui aiment le spectacle et qui sont capables de dynamiter un groupe de favoris par des attaques tranchantes. Mais à ce rythme, il peut s’attendre à être de plus en plus surveillé. "Ils l’ont à l’œil. Je pensais qu’il allait avoir un petit bon de sortie aujourd’hui parce que c’est le moins connu des favoris, mais non. Ils voient qu’il marche très fort", estime notre consultant Jérôme Coppel.
Juste derrière Martin, la quatrième place du général est désormais occupée par un autre Français. Pas forcément le plus attendu après ses difficultés vécues l’an dernier sur le Tour. A la dérive notamment lors de la 14e étape sur les pentes du Tourmalet, Romain Bardet avait bouclé la course à une anonyme 15e place, parvenant seulement à se consoler (un petit peu) en s’adjugeant le maillot à pois de meilleur grimpeur. Cette année, celui qui quittera AG2R-La Mondiale à la fin de la saison, pour rejoindre les Néerlandais de Sunweb, s’est présenté sur le Tour sans de réelles ambitions au général.
Bardet offensif mais inquiet
"Cette année, l'objectif principal pour moi n'est pas le classement général. Je vais profiter du profil agressif du Tour de France pour être davantage offensif et ne pas rester focalisé à attendre pour le classement général. Un Tour de France réussi, ce serait de gagner une étape. Et rester à l'affût pour le maillot jaune", affirmait-il auprès de L’Equipe au départ. S’il n’a pas encore levé les bras, l’Auvergnat est bel et bien à l’affût au général. Plutôt discret depuis une semaine, il s’est montré ce samedi en accélérant dans le final. Pour un gain sur la ligne de deux secondes par rapport au groupe des favoris. Et trois places gagnées au général.
De bon augure? Bardet n’était pas si enthousiaste au moment d’analyser sa course, la faute à cette chute dont il a été victime en milieu d’étape. "C'est une super journée pour l'équipe et Nans. C'est beaucoup plus mitigé pour moi. J'ai vraiment mal au genou et je vais vite aller me soigner. J'ai peur de me l'être un peu abîmé. A chaud, je n'ai pas eu trop mal. Mais j'ai vraiment pris un gros coup dessus et ça me gêne à froid", a-t-il reconnu.
Il lui faudra être vite rétabli pour s’attaquer dimanche aux quatre ascensions, dont deux classées en première catégorie, au programme de la neuvième étape entre Pau et Laruns. Une étape qui pourrait aussi se jouer dans les descentes et dessiner une nouvelle hiérarchie dans le peloton. Après une semaine de course, ils sont 13 coureurs à se tenir en 1 minute et 34 secondes. Arrivé avec 18 minutes de retard sur Peters, Alaphilippe occupe lui la 26e place. Quatre rangs devant Pinot.
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