Tour de France: Ewan, vainqueur ce mercredi et sprinteur atypique dans le peloton

Victorieux à Toulouse, l'Australien Caleb Ewan rentre déjà dans l'histoire de son sport, avec au moins une victoire d'étape dans chaque Grand Tour. Il s'inscrit aussi comme l'un des leaders de la nouvelle génération du sprint.
Comme Dylan Teuns et Wout Van Aert avant lui sur ce Tour de France 2019, Caleb Ewan a remporté une victoire d'étape dès sa première participation. Il y a 11 ans lors de la dernière arrivée du Tour à Toulouse, le sprint sous la pluie avait sacré un autre grand sprinteur atypique, Mark Cavendish.
Talent précoce
Caleb Ewan a rapidement été repéré du milieu professionnel. Prodige annoncé, il règle, dès 17 ans, Robbie McEwen dans un critérium en Australie en 2012. L'Australien est rapidement destiné à devenir cycliste professionnel et il le sait. Chez les jeunes, il est déjà programmé pour être la nouvelle référence du sprint mondial. Logiquement en 2014, il rejoint en tant que stagiaire la seule équipe australienne du World Tour, Orica-GreenEdge avant un premier contrat en 2015.
Dès sa première saison, il s'impose à deux reprises sur une course locale devant Tyler Farrar, pointure du sprint du haut de 6 bouquets sur les Grands Tours. En 2015, il écume les courses de second rang mais accumule les succès. Onze en tout. En point d'orgue, une première participation au Tour d'Espagne en fin d'année. A 21 ans, il devance John Degenkolb et Peter Sagan lors de la 5e étape. Il abandonnera ensuite à la 10e étape pour se préserver.
Un style atypique
Caleb Ewan est facilement réparable sur un vélo. Plus petit des sprinteurs du plateau avec 1,65m, son gabarit ne passe pas inaperçu. Sa position pour sprinter est tout aussi singulière. "Mes jambes sont courtes mais le haut de mon corps est assez développé. Je bascule mon corps vers la roue avant, je rentre les coudes et je glisse contre le vent (...). Cela a l'air plus dangereux que ça ne l'est vraiment", expliquait-il à la RTBF en décembre dernier.
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— CyclingTips (@cyclingtips) 24 janvier 2016
Au ralenti, ses sprints donnent l'impression d'assister à un missile lancé à pleine vitesse. Qui rappelle un peu le style de Mark Cavendish, en plus poussé encore niveau aérodynamisme. "Son style est perturbant pour ses adversaires car sa taille lui permet justement de se faufiler dans des endroits où on n'imagine pas voir un coureur passer", argumente à la RTBF John Lelangue, son manager général.
Privé de Tour de France en 2018
Pendant quatre saisons à Orica-GreenEdge, devenue en 2019 Mitchelton-Scott, Caleb Ewan progresse, enchaîne les succès avec un nouveau bouquet sur une course de trois semaines, le Tour d'Italie en 2017 où il s'offre le scalp de Fernando Gaviria. Mais son équipe mise progressivement sur les grimpeurs, à l'image de l'éclosion des frères Yates.
Caleb Ewan veut disputer le Tour de France mais d'abord préservé, son équipe s'articule ensuite pour le classement général. Il n'y a plus de place pour lui et il signe pour la saison 2019 avec la formation Lotto-Soudal pour remplacer André Greipel. Mais il le fait avant le Tour de France 2018. Initialement prévu, il est écarté au dernier moment. "Dévasté est un euphémisme de ce que je ressens à propos de la décision de Mitchelton-Scott de me laisser à la maison en juillet", écrivait alors Caleb Ewan sur ses réseaux sociaux. Comme un symbole, il lève les bras pour sa dernière course sur une étape du Tour de Grande-Bretagne en 2018.
Leader chez Lotto-Soudal
En Belgique avec l'équipe Lotto-Soudal, il n'y a pas de classement général qui tienne. Historiquement, c'est une équipe bâtie pour les vallons et les sprints à l'image d'André Greipel qui a offert 11 victoires sur les routes du Tour à la structure. Caleb Ewan arrive avec des coéquipiers et remplace Greipel, parti chez les Français d'Arkéa-Samsic, en tant que sprinteur numéro 1.
L'Australien, aujourd'hui âgé de 25 ans avec des origines coréennes de sa mère, enchaîne les places d'honneur en début de saison 2019. Sur le Tour d'Italie, il glane deux bouquets mais abandonne délibérément pour se préserver en vue du Tour au matin de la 12e étape. Une décision qui crée la polémique, perçue comme un manque de respect à la course. Grâce à sa victoire au sprint ce mercredi à Toulouse, il a donné raison à son équipe. Il est désormais le 95e coureur de l'histoire à avoir gagné sur les trois Grands Tours.
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