Tour de France: Pogacar raconte que les Slovènes lui en ont voulu d'avoir battu Roglic

Vainqueur du dernier Tour de France devant son compatriote Primoz Roglic, Tadej Pogacar explique que le public slovène aurait préféré un classement inverse, pour assister au sacre de son aîné. Mais il s'en accommode.
Premier Slovène à remporter le Tour de France, à 21 ans seulement, Tadej Pogacar devrait logiquement être une idole dans son pays natal. Sauf que l'histoire est un peu plus compliquée que cela. S'il a évidemment été félicité par ses compatriotes, le jeune coureur a également dû faire face à quelques remarques à son retour à Ljubljana. Pourquoi? Parce qu'il a osé battre le chouchou du public, son aîné et compatriote Primoz Roglic.
Dans une interview accordée à l'Equipe ce mercredi, Pogacar revient ainsi sur ses sensations à l'arrivée du contre-la-montre décisif, lors de l'avant-dernière étape du Tour. "Sur le moment, je ne savais pas trop quoi ressentir. Tout s’emmêlait dans ma poitrine, j’avais des émotions contradictoires, explique-t-il. Vous savez, avant je voulais que Roglic gagne le Tour. (…) J’étais fan de Roglic depuis ses premiers résultats. Entre 15 et 20 ans, je criais devant ma télé pour qu’il gagne et là, c’est moi qui l’ai battu, qui l’ai empêché de réaliser ce dont il rêve depuis des années..."
"Après la Planche, beaucoup de personnes en Slovénie n’étaient pas contentes"
Si Roglic - avec qui ses rapports sont très bons - ne lui en a pas tenu rigueur, en témoigne la chaleureuse accolade au sommet de la Planche des Belles Filles, le "coup d’Etat" n’est donc pas très bien passé au pays.
"(En Slovénie) ils étaient un peu comme moi, ils voulaient aussi que Primoz gagne! Le scénario de la majeure partie du Tour, lui premier et moi deuxième, leur allait très bien, glisse Pogacar. Tout le monde se préparait à fêter ce résultat. Après la Planche, beaucoup de personnes en Slovénie n’étaient pas contentes. Je m’en suis aperçu, je l’ai vu sur les réseaux sociaux, on me l’a dit. Mais qu’est-ce que je peux y faire? Rien."
Pour autant, le prodige du vélo assure ne pas avoir mal vécu ce manque de reconnaissance. "Cela me suffit que les gens proches de moi me soutiennent, ma famille, mes amis, dit-il. En cyclisme, ce n’est pas courant que tout un pays soit derrière un seul sportif. En France, il y a des gens pour Alaphilippe, d’autres pour Pinot ou pour Bardet. Les fans, ça se partage." Sauf en Slovénie.
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