Tour de France: pourquoi Alaphilippe peut récupérer le maillot jaune à Saint-Etienne

Profil escarpé, bonifications, rage de vaincre, forme du moment… Deux jours après sa perte du maillot jaune à la Planche des Belles Filles, Julian Alaphilippe peut remettre la main sur la précieuse tunique, dès ce samedi, sur la 8e étape entre Mâcon et Saint-Etienne (200 km). On vous explique pourquoi.
"J’ai encore plus de rage et de motivation pour les prochains jours." Julian Alaphilippe est un coureur de convictions. Et il assume régulièrement le ton de ses ambitions. Depuis le début de ce 106e Tour de France, le puncheur français, meilleur grimpeur et lauréat de deux étapes en 2018, aspirait au port du maillot jaune. Un Graal exaucé dès la 3e étape à Epernay, au terme d’un numéro d’anthologie récompensé du gain de l’étape et d’une première en jaune, une délivrance pour les Tricolores qui ne l’avaient plus porté depuis 2015 et Tony Gallopin.
Remporter le sprint à Saint-Etienne...
Stoppée à la Planche des Belles Filles par Giulio Ciccone (Trek), l’aventure n’est peut-pas terminée pour le Montluçonnais. D’abord parce qu’il tient une forme de feu. "Je me sens mieux que ce que je pensais", lançait-il à ceux qui le pensaient profondément déçu par la perte d’un maillot porté trois jours. Entreprenant, en vain, dans le final de la 6e étape, 'Alaf’ avait mis les favoris à la planche, avant d’être seulement rattrapé par le tenant du titre, Geraint Thomas, excusez du peu.

Tout porte donc à croire qu’il sera à l’offensive ce samedi, lors d’une étape particulièrement escarpée (environ 3.800 mètres de dénivelé) entre Mâcon, la ville d’Antoine Griezmann, et Saint-Etienne. Si la gagne pourrait se disputer entre baroudeurs échappés, le Français, pointé à six secondes de Ciccone au général, possède aussi plusieurs cartes dans sa main pour s’adjuger un quatrième succès sur la Grande Boucle, alors qu’il a déjà identifié "plein de choses à faire dans cette suite de Tour". Hors de question pour autant de l'imaginer partir loin de l'arrivée, alors qu'il est encore une menace pour les favoris à la victoire à Paris.
... ou prendre des bonifications en course
Pour ce faire, il pourrait plutôt ordonner à ses hommes de rouler et ainsi contrôler la journée. Un écrémage qui pourrait condamner l’échappée, mais aussi assurer au Français une carte à jouer au sprint (Ciccone n’y serait pas une menace). Le gain d’un sprint en petit comité lui offrirait les dix secondes de bonifications suffisantes à son bonheur. Mais attention, certains sprinteurs habitués des pentes (Sagan, Matthews, Boasson-Hagen…) pourraient s’accrocher, tandis que des puncheurs du même profil (Valverde, Wellens, Luis Leon Sanchez, Costa, Schachmann, Van Avermaet...) pourraient aussi contrarier le Tricolore.
Une possibilité plus naturelle s’offre également au lauréat de Milan San-Remo: la côte de la Jaillère. Dernière difficulté d’une journée chargée en friandises référencées (sept au total), cette courte mais redoutable ascension (1,9 km à 7,6%) est taillée pour Alaphilippe. Surtout, elle offrira huit secondes de bonifications à celui qui la franchira en tête, à 12,5 kilomètres de l'arrivée. Dès lors, plus besoin d’envisager un emballage final pour viser le maillot, qui retomberait dans l’escarcelle du Deceuninck pour deux secondes en cas de première place au sommet.
Son manager y croit
Julian Alaphilippe sera choyé dans son équipe pour parvenir à ses fins. "Julian va la prendre, prophétise le manager belge du Français, Patrick Lefevere, dans des propos rapportés par Sud-Ouest. Mais Ciccone grimpe bien aussi, c’est un bon coureur. Si on a l’occasion de reprendre le maillot jaune, on le reprend. Nous, on laisse courir Julian. S’il pense qu’il faut attaquer, il attaquera." Une stratégie nécessaire face à l'attitude promise par l'équipe américaine de Giulio Ciccone. "Je pense que Trek va vouloir laisser filer une échappée pour bouffer (laisser aux autres, ndlr) les bonifications (à la côte de la Jaillère), poursuit le Belge au micro de RMC Sport. Mais si Julian à l’occasion d’attaquer, il va le faire." Le public français est prévenu.
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