M. Fourcade : « Encore plein de choses à faire »

Auteur d’une année 2013 majuscule, durant laquelle il a remporté des titres à la pelle, Martin Fourcade savoure. Mais le biathlète français se projette d’ores et déjà sur les JO de Sotchi, en 2014.
Martin, que retenez-vous de cette année 2013 riche en exploits et en émotions ?
C’est un peu spécial, déjà parce qu’on parle en saison sportive. Ce que je vais retenir de la saison 2012-2013, ce ne sont que des bonnes choses. Une confirmation de mon Globe de cristal, un titre de champion du monde et des records en termes de podium en Coupe du monde. Sportivement, c’est une année qui est très réussie et pleine. Mais il me reste encore plein de choses à faire. J’ai presque déjà envie de penser à 2014...Quel fait d'armes retenez-vous de cette année ?
Ce que je retiens le plus, ce sont les 19 podiums en 26 courses. C’est la preuve d’une régularité sur le podium, du premier au dernier jour. C’est ce dont je suis le plus fier, surtout sur un sport aléatoire comme le biathlon, avec le tir qui fait passer très vite d’un extrême à l’autre. C’est vraiment cette régularité sur le podium qui me rend le plus heureux.Comment avez-vous vécu cette réussite, qui a semblé ne jamais vous quitter ?
Dans ces 19 podiums, il y en a que j’ai acquis avec facilité et d’autres où j’ai dû aller au plus profond de moi-même pour aller chercher une troisième place in extremis. Il y a eu de tout cette saison. C’est compliqué à synthétiser. Mais, forcément, c’est vrai que lorsqu’on se sent supérieur aux autres, ça donne un surplus de confiance.Il y a eu cette photo-finish des championnats du monde avec Svendsen qui a été un grand moment aussi...
Il y a des moments difficiles dans une année, même si elle faste. Il ne faut pas se mentir. Je me suis luxé l’épaule au mois de décembre. Je perds cette course pour un millième aux championnats du monde. Ce moment fait partie des moments difficiles que j’ai affrontés cette saison. Ça reste un moment épique de sport et ça me servira vraiment pour la suite de ma carrière.Cette notion de plaisir est-elle importante pour vous ?
Oui, c’est vraiment important. Je fonctionné à cela, au plaisir, au jeu. C’est ce qui fait que j’arrive à aligner les bons résultats. Je suis bon athlète régulièrement car je prends énormément de plaisir dans ce que je fais. J’essaye d’être mené par ça. C’est important de garder cette notion de plaisir, encore plus dans le sport d’aujourd’hui, où il y a beaucoup de choses qui gravitent autour. On a tendance un peu à oublier pourquoi on était là au départ. A chaque fois que ça ne va pas ou que je m’éloigne de cette ligne directrice, j’ai tendance à y revenir très vite parce que c’est ce qui me permet d’être performant.« Il y a un réel engouement autour du biathlon »
Comment trouvez-vous toujours la motivation après avoir tout gagné en 2013 ?
C’est assez facile parce qu’il y a les Jeux Olympiques de 2014 qui sont là pour me stimuler. Sotchi me tient à cœur. Avec cet objectif-là en ligne de mire, c’était facile de repartir et j’espère pouvoir en dire de même l’an prochain, avec forcément des objectifs qui seront moins ambitieux que cette année. Les JO m’ont simplement permis de continuer et d’avoir une motivation hors norme.A travers vos performances, le biathlon semble aujourd'hui susciter davantage l'intérêt. Avez-vous également cette impression ?
Forcément, je le sens. Je suis le premier à être sollicité par le public, les médias ou les partenaires. Il y a un réel engouement autour du biathlon et les JO d’hiver qui arrivent n’y sont pas pour rien non plus. J’en suis en tout cas très content. On a eu une épreuve de Coupe du monde en France, au Grand-Bornand, avec un public en nombre. Plus de 25 000 personnes sont venues nous encourager. La reconnaissance est présente en France. Il faut continuer à gagner et ramener un titre olympique à Sotchi pour entrer dans une autre dimension.Qu'est-ce que cela fait de pouvoir bénéficier désormais de cette reconnaissance ?
C’est sûr que tout est allé très vite pour moi depuis quatre années et Vancouver. J’essaye toujours de garder cette âme d’enfant, de rester le même et de garder le sourire. C’est une reconnaissance sympa mais j’essaye de garder les pieds sur terre. Une fois ma carrière terminée, je retournerai dans le monde réel et les mugs à mon nom seront finis. C’est important de garder cette humilité en tête car tout concourt à me porter aux nues. L’entourage et tout ce qui se passe autour font que je ne pourrai pas dévier de la ligne de conduite que je me suis fixée. C’est avant tout une histoire d’éducation et de personnes que je fréquente. Mes amis sont restés les mêmes, ma famille est restée la même. Ce sont les premiers à me remettre dans le droit chemin quand ça ne va pas. Je fais également une discipline où l’état d’esprit familial est très présent. On dit depuis une quinzaine d’années que le biathlon a de fortes valeurs. Ce n’est sûrement pas pour les perdre une fois que ça commence à bien marcher.Est-ce pour cela que vous tenez à soigner votre communication auprès du public, comme c'est le cas sur les réseaux sociaux ?
C’est important pour moi de partager cela avec les gens. Beaucoup le demandent et c’est quelque chose qui me plaît. Je m’estime chanceux. J’ai une belle vie, je voyage beaucoup, je fais du sport et j’ai en plus de ça le bonheur de gagner. Partager cette histoire avec le maximum de personnes, c’est un vrai bonheur et je n’ai pas du tout à me forcer.A quelques semaines des JO, est-ce que l'on rentre dans une période de calculs ?
Non, ça ne me ressemble pas. Les calculs que j’ai eus, je les ai faits avec mes entraîneurs en début de saison, où on a tout planifié à l'avance. A partir de là, j’ai une ligne de conduite que j’essaie de tenir au maximum. C’est elle qui doit m’amener en février dans des conditions où je dois être capable de gagner. A moi de fournir le jour J la prestation idéale pour aller chercher la médaille. D’ici aux JO, c’est certain qu’on va se recentrer sur l’équipe, sans forcément se retirer du reste du monde. On va être concentré sur ce qu’on a à faire. On va moins se disperser et se montrer professionnel à 100 %. Ça se jouera sans doute sur des détails et j’ai envie que cela penche en ma faveur.Vous êtes-vous fixé un scénario possible en vue des JO ?
Non, ce serait une grosse erreur. On connaît tous le biathlon, on sait tous à quel point c’est aléatoire. Je n’ai surtout pas envie de me faire des films que je ne pourrai pas réaliser parce que tout sera forcément différent de ce que j’ai prévu. Sur 1000 scénarios possibles, ce sera forcément un que je n’avais pas prévu qui va arriver. Je ne souhaite pas penser à toutes ces éventualités pour rien. Je veux me rendre à Sotchi sûr de mes forces, tout en ayant la banane et en étant serein. A lire aussi :>> JO de Sotchi : les meilleures chances pour la Dream Team
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