F1: "J'ai presque accepté que j'allais mourir", témoigne Grosjean

Invité du Super Moscato Show ce jeudi, Romain Grosjean est revenu sur son terrible accident à Bahreïn dimanche dernier. Le pilote, qui livre un récit détaillé de son passage dans les flammes, dit avoir envisagé la mort l'espace d'un instant. Avant que l'espoir ne reprenne le dessus.
Le discours est clair, précis, la voix ne se laisse pas emporter par l'émotion. Quatre jours après son effroyable crash lors du Grand Prix de F1 de Bahreïn, Romain Grosjean était invité ce jeudi du Super Moscato Show, sur RMC. L'occasion pour le pilote français de raconter ses 28 secondes en enfer, coincé dans sa monoplace en flammes.
"(Juste après l'accident) il n’y a pas de panique, pas de peur, assure-t-il en détaillant ses gestes. La voiture s’arrête, j’ouvre les yeux, je défais ma ceinture, le volant n’est plus là, j’essaye de sortir et je sens que je suis bloqué, donc je me rassois dans la voiture et je me dis que je vais attendre. Je dois être sur le toit, on va venir me décoincer. Je regarde ensuite sur les côtés, et je vois le feu à gauche, donc là je réalise que je n’ai pas le temps d’attendre. J’essaye de sortir sur le côté droit, je n’y arrive pas, à gauche non plus. Donc je me rassois encore."
"A ce moment je sais que je vais vivre"
C'est alors que Grosjean commence à gamberger, à avoir des idées noires. "Là, je me dis que ce n’est pas possible, ça ne peut pas se finir comme ça, se souvient-il. Je commence à penser à Niki Lauda, qui a brûlé dans sa voiture, et je me dis non, ce n’est pas possible, ce ne peut pas être ma fin, pas comme ça. J’essaye une nouvelle fois de sortir, mais je n’y arrive pas. Et là… Ce n’est pas de la panique que j’ai ressenti, mais une sensation bizarre. Mes muscles se sont détendus, le cerveau s’est reposé, et j’ai presque accepté que j’allais mourir, que ça allait être la fin. Je me suis demandé par où j’allais commencer à brûler, si ça allait faire mal, et puis j’ai eu une pensée pour mes enfants en me redisant non, ce n’est pas possible."
L'auto-sauvetage pouvait débuter. "Je remets un grand coup de rein, j’arrive à passer la tête, mais j’ai le pied qui est coincé donc je redescends dans la voiture, je tire sur ma jambe gauche pour débloquer le pied coincé au fond, indique Grosjean. Je déchausse et la chaussure reste dans la voiture. Je repasse la tête, les épaules, et à ce moment je sais que je vais vivre. Je suis en train de sortir du feu, certes j’ai les deux mains dedans et je sens qu’elles sont en train de brûler, surtout la gauche, ça fait mal, mais ce n’est pas grave. Je monte la barrière, et là je sens une main qui m’attrape la combinaison de l’autre côté, et ça y est, je suis vivant. J’ai mal, mais je suis vivant."
"Ce ne sera plus jamais pareil dans ma vie, mais pour le mieux je pense"
Comment expliquer un tel enchaînement de pensées et d'actions en l'espace d'une demi-minute? "En échelle de temps, pour moi ça a duré une minute 30 je dirais. Mais encore une fois il n’y avait pas de panique", répète le pilote.
Et d'évoquer la suite: "Ce ne sera plus jamais pareil dans ma vie, mais pour le mieux je pense, parce qu’aujourd’hui je suis content de respirer l’air frais, de parler avec les gens, de faire des vidéos avec mes enfants, dit-il. Tout est génial. Je suis resté sur place parce que j’ai l’espoir de rouler à Abou Dhabi. Je ne veux pas arrêter comme ça, je veux savoir où j’en suis. J’ai expliqué à mes proches que c’est un peu égoïste, je peux comprendre qu’ils n’acceptent pas, mais j’ai besoin de remonter dans une voiture pour voir ce que ça donne."
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