Daniel Riolo: "En finale!"

Retour sur la qualification de l'équipe de France en finale de la Coupe du monde…
On ne sort jamais de 1998. Déjà on a le "20 ans après". Et c’est vrai que ça tombe bien, 2018, après 1998. Gagner en 2014 ou 2020, ça aurait presque été moins bien. 20 ans après donc, la France est en finale. Avec la même idée que rien ne peut arriver aux Bleus. L’histoire est écrite, à l’avance. Chose normalement impossible dans le foot. Et 20 ans après, on retrouve la Croatie. En finale, pas en demi, mais bon, on va pas chipoter. On va pas faire une tache sur l’histoire pour si peu.
Comme il y a 20 ans, la ferveur populaire explose. Tardivement mais elle est là. La joie après le match contre la Belgique est prête à laisser place à un été de folie. On parle foot partout. Les médias généralistes ont plongé. Impossible de passer à côté. Le foot, objet social, on y est. Quand un phénomène touche autant de gens, on ne doit pas passer à côté. Rien de plus naturel.
La liesse populaire efface tout
On passe du foot à 3 millions d’audience max, 6 ou 7 pour un match des Bleus "normal" à 19 ou 20 millions. Il faut mesurer cet écart. On n’est plus là pour analyser des forces en présence, une tactique, un coach ou un joueur. 15 millions de personnes, un pays, ne savent même pas que les Bleus n’incitaient pas à l’optimisme avant la compétition. La phase de poule pleine d’ennui c’était quand? En juin? C’est loin. Les matches amicaux, les qualifications, au siècle dernier. Les performances des uns et des autres, tout est oublié. La liesse populaire, ça efface tout. Les débats, les polémiques.
Le fameux potentiel de nos individualités a disparu au profit d’un collectif fort et prépondérant. On devait enflammer la planète foot avec Mbappé, Dembelé (disparu), nos atouts offensifs. On va être champion du monde avec une défense de fer, un bloc compact et une discipline scandinave. Les Bleus de Deschamps font dans l’humilité, le devoir, la besogne. Et vous savez quoi? Je suis sur que c’est ce qui plaît le plus aux gens. On s’incline devant Ronaldo et Messi, forcément. Mais on n’est pas mécontent de les voir partir. Et on n’est pas loin de ricaner en douce: "Bien fait pour vous". Le talent, ça éloigne, ça rend inaccessible. Ça peut même agacer. Alors que le travail, ça soude, ça unit, ça galvanise. Dans une folie populaire, on doit tous être égaux. Pas une tête ne dépasse. Ces Bleus sont comme ça. Une équipe composée de millionnaires assujettis à l’ultra capitalisme pratiquant un foot ouvrier!
"Mbappé, l'élu"
Où est Griezmann et sa "Decizion" qui avait fait grincer des dents? Il court et s’arrache pour l’équipe. La "Pogstory"? Terminé. Il enchaîne les grosses performances sans écume, sans gras dans son jeu. Sobre, efficace. Reste Mbappé dont on attend les fulgurances. Il est le seul joueur "libre" de cette équipe. Le joueur prêt à être sacré, mis en avant dimanche. Il en faut toujours un. L’élu! Il est prêt.
Dans une folie populaire, tout devient irrationnel. On fait des chansons sur Pavard, inconnu il y a un mois. Sur Umtiti, peu habitué à la lumière.
Personne n’y croyait en juin, mais tout le monde pense que la Coupe est désormais en poche. Sans mesure, sans retenu. La Croatie n’existe presque pas.
Doit on comprendre que quand la France gagne, c’est dans la folie? 2016, c’était trop préparé, attendu parce qu’en France et favorite? Peut-être. Gagner en étant outsider, critiqué, rabaissé, ça plaît à notre sport. Le décalque de 1998 est là devant nous. C’était impensable. Tellement gros, et pourtant on y est. Juste une chose. Pourvu qu’on laisse tranquille Gloria Gaynor. Pas ça. Merci!
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