Mort de Maradona: "Messi et Ronaldo sont des machines, Maradona, c'est un sentiment", raconte Roustan

Didier Roustan, journaliste français qui a été proche de Diego Maradona, a conté l'icône mondiale, ce jeudi dans Apolline Matin sur RMC.

Didier Roustan connaissait très bien Diego Maradona, décédé d'une crise cardiaque mercredi à 60 ans. Le journaliste français a d'abord côtoyé l'idole professionnellement avant de devenir un proche dans la foulée de la création d'un syndicat mondial des joueurs avec Eric Cantona entre 1994 et 1999. Invité d'Apolline Matin ce jeudi sur RMC, il se souvient de l'aura dégagée par la légende du football mondial.

"C'était quelqu'un de très gentil, d'excessivement simple, conte-t-il. La première fois que suis allé chez lui, ses parents m'accueillaient, donc j'avais fait un effort vestimentaire avec chemise et cravate et il m'ouvre la porte en claquettes, short, t-shirt. La simplicité même, de même que ses parents qui étaient adorables, pas du tout prétentieux. C'est ce qui le rattachait aux gens, c'est quelqu'un du peuple. Il a grandi dans un bidonville (Villa Fiorito). Il n'a jamais renié ses origines, il en était fier. Il s'est battu contre toute forme d'injustice au profit des gens modestes. Tous les joueurs qu'il a côtoyés me disait que c'était quelqu'un de bien. C'est un peu l'opposé de l'image qu'il pouvait renvoyer où il y avait une sorte d'arrogance mais c'était une carapace mais parce que c'est quelqu'un d'assez timide." 

"Vous ne pouvez pas lutter émotionnellement avec Maradona"

"Il appartenait aux gens, il a été vampirisé, poursuit Didier Roustan. C'est quelque chose qui lui a beaucoup couté. Maradona, je pense que c'est un génie, c'est plus qu'un footballeur. C'est un rocker. Il avait besoin de ces excès qui étaient peut-être une forme d'échappatoire. Il réalisait des choses plus vite que les autres et avait quelque chose de génial. Si demain un grand nom du football, Platini, Zidane, Ronaldo ou Messi arrive à 3h du matin à l'aéroport de Tahiti, il va y avoir 15 personnes mais si Maradona arrive, en deux minutes, ça va se savoir et ça va être une émeute, Il dégage une émotion extraordinaire. Vous ne pouvez pas lutter émotionnellement avec Maradona."

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"Le football s'est complètement aseptisé, les joueurs sont devenus des marqués, poursuit-il en comparaison avec le football moderne. A un moment, Maradona s'est entiché de Ben Johnson. Quand il a été convaincu de dopage aux JO de Séoul en 1988, c'était un pestiféré et personne n'aurait pris une photo avec Ben Johnson mais Maradona l'a apprécié en tant qu'être humain. Il était avec lui et se fout pas mal du "qu'en dira-t-on". 

"Messi et Ronaldo sont des machines, conclut-il. Maradona, c'est un sentiment. C'est quelqu'un qui dégage des choses extraordinaires émotionnellement. Sur le terrain, c'était la même chose. (...) De par sa vie romanesque, Maradona est en général supérieur (à Pelé) dans les coeurs des aficionados."