Pas de Marseillaise à Bastia ? "Malaise" et "écœurement" pour un élu corse

Jean Zuccarelli, conseiller municipal de Bastia et conseiller exécutif de l’assemblée de Corse, ne comprend que les dirigeants du Sporting puissent envisager de ne pas faire retentir la Marseillaise ce samedi avant le match contre le Gazélec en hommage aux victimes des attentats.
Jean Zuccarelli, en tant qu’élu, comment réagissez-vous à l'éventuelle absence de la Marseillaise dans l’hommage aux victimes des attentats avant Bastia-Gazélec Ajaccio ce samedi ?
C’est l’incompréhension et l’écœurement, à mon sens largement partagés par les Corses. Cette décision est incompréhensible. On pensait qu’il y aurait un consensus pour honorer la mémoire des victimes. Et certainement pas vouloir se distinguer de manière indécente, en exfiltrant en quelque sorte la Marseillaise de la programmation d’avant-match.
Le club craint-il que la Marseillaise soit sifflée ?
Qu’il puisse y avoir des sifflets, nous pouvions l’imaginer. En tout cas, le craindre. Mais pour autant, on ne peut pas décider ainsi de renoncer à faire jouer la Marseillaise, qui sera jouée dans tous les stades de France et d’Europe. Dans la situation tragique que nous connaissons, avec ces évènements dramatiques, je crois que les Corses auraient agi en responsabilité pour ne pas perturber la cérémonie. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, on peut toujours espérer que le club revienne sur sa décision.
Allez-vous contacter les dirigeants ?
Oui, je pourrais les saisir. A vrai dire, j’ai appris la décision du club il y a quelques heures. J’étais en tournée électorale, puisque nous sommes en campagne pour les régionales. Je n’ai pas immédiatement réagi en ce sens. C’est d’abord au club de prendre ses responsabilités. Nos réactions sont là pour les y inciter. Elles pourraient faire pression sur le club pour qu’il revienne sur une décision beaucoup plus raisonnable. Je disais que j’avais mal au Sporting et mal à la Corse. Nous ressentons profondément ce sentiment de malaise, qui est partagé par une très grande majorité de Corses qui ne comprennent pas, par-delà les querelles partisanes et les sensibilités, il n’y ait pas unanimité pour honorer comme il se doit les victimes des attentats.
Une pression pourrait-elle avoir été exercée sur les dirigeants du club ?
C’est le temps du deuil et du recueillement. Ce n’est pas le temps de la politique. C’est la raison pour laquelle je crois que le club était tout à fait en situation de tenir cette décision. J’ajoute que le Dio vi salvi Regina est notre hymne corse, que nous chantons avec plaisir à de multiples occasions. Peut-être pouvait-il être chanté en complément ? Il n’y aucune incompatibilité. Il ne faut surtout pas opposer, dans une démarche politicienne, un hymne régional corse à l’hymne national, qui est aujourd’hui entonné dans le monde entier.
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