Thiriez : "Je n'ai aucun reproche à me faire"

Après l’enquête diffusée tout au long de la semaine sur rmcsport.fr et au lendemain de l’annonce de la réforme sur les règles de relégation et de promotion en L1, Frédéric Thiriez, invité dans Larqué Foot et sur BFM, a répondu aux différents points sur lesquels il est mis en cause. Et assume toutes les polémiques qui ont émaillé sa saison.
Sur son bilan personnel cette saison
« Ai-je l’air malheureux ? Parmi les dossiers dont vous me parlez (affaire Luzenac, boycott de Canal+, arbitrage Lens-PSG), je ne vois pas le reproche qu’on pourrait me faire. Je suis un élu bénévole. C’est normal que je sois la cible de critiques. Ça m’attriste mais c’est normal. Mon rôle est de prendre des décisions pas toujours faciles et ça fait forcément des mécontents. Ça ne m’empêche pas d’agir et de continuer dans le sens que je crois juste. »
Sur la réforme de la relégation à deux clubs
« Ça bouge dans le foot, la preuve. Cette réforme va être critiquée parce que dans ce pays, dès qu’on fait une réforme, il y a des critiques. Je suis là pour moderniser ou essayer de le faire. Le pire ennemi du football, c’est le conservatisme. Il faut bouger les lignes. Trois montées et trois descentes, c’était trop. La preuve : dans 80% des cas, le troisième de L2 qui est monté en Ligue 1 redescend la saison suivante. C’est du gâchis pour lui et le championnat. Les équipes joueront plus libérées et il y a aura plus de spectacle car il y aura moins cette obsession de la descente en fin de saison. »
Une réforme sur-mesure pour les investisseurs ?
« Les arrière-pensées économiques ne sont pas forcément honteuses. Réduire l’incertitude pour les investisseurs français ou étrangers qui viendraient dans le foot est un élément positif. Ça fait aussi parti de mes préoccupations. C’est mon devoir d’apporter de la stabilité et de la visibilité aux investisseurs. On a besoin d'investisseurs dans le football en France. Nous sommes ouverts aux investissements étrangers. »
L’idée d’un barrage écartée
« Cette solution a été très longuement étudiée aussi. A la majorité, les clubs l’ont écartée. Ils la trouvaient déjà expérimentée avec de mauvais résultats. Ça supposait aussi de dégager une date supplémentaire dans le calendrier, qui est déjà très encombré aujourd’hui. »
Son plan pour l’arbitrage
« Aujourd’hui, l’arbitrage est mon premier souci. L’avenir du football, c’est l’arbitrage. Mon problème, c’est que je n’ai aucune responsabilité dans l’arbitrage, sauf de les payer. C’est la LFP qui rémunère les arbitres professionnels mais nous n’avons pas notre mot à dire dans la gestion, la discipline et l’organisation de l’arbitrage. (Ses excuses auprès du président du PSG ?) Oui, j’étais désolé, je le lui ai dit dans l’oreille. Je me suis excusé pour la qualité du spectacle qui a été offert, c’est le moins que je puisse faire.
Je ne peux être que force de proposition. Depuis 10 ans, tous les progrès faits dans l’arbitrage français, c’est à la Ligue qu’on les doit. L’oreillette, qui est copiée dans le monde entier depuis. Qui a soutenu le dossier de l’assistance vidéo pour l’arbitrage devant l’international board ? La LFP. Qui a mis l’arbitrage à cinq en France en Coupe de la Ligue à nos frais ? La LFP. Qui a multiplié par deux la rémunération des arbitres, qui était scandaleusement basse il y a deux ans ? La LFP.
Mon vrai projet maintenant : c’est la professionnalisation de l’arbitrage comme en Angleterre. Il faut qu’ils soient arbitres à plein temps, rémunérés correctement et que la Ligue ait son mot à dire. L’arbitrage, c’est la clé de l’avenir du foot. Le football a énormément progressé, les joueurs sont devenus de superbes athlètes mais l’arbitrage n’a pas suivi. Il faut leur donner les moyens d’être meilleurs. Il y a la technique mais aussi la professionnalisation qui est mon prochain chantier. Je veux des arbitres professionnels à temps plein. »
Thiriez et la séduisante L1
« Paris fait un super champion. Quand le Qatar est arrivé au PSG, on a dit, c’est la fin du championnat, il n’y aura plus de suspense. Vous avez vu cette année ? On est le pays d’Europe où il y a eu le plus de suspense jusqu’à la fin. En Allemagne, le Bayern a été sacré à la 30e journée, Paris l’a été à la 37e. Paris est un très beau champion dans le suspense. »
Ses relations avec Noël Le Graët
« Nous sommes en plein accord lui et moi, contrairement à ce que je lis ici ou là sur une guéguerre entre untel et untel. C’est ce petit jeu du théâtre médiatique du football qui amuse beaucoup les journalistes. Moi, je ne joue pas. La grosse différence entre les autres et moi, c’est que moi, je ne dépends pas et je ne vis pas du football. Je suis bénévole depuis 13 ans dans le football. C’est pour mon indépendance qu’ils m’ont réélu trois fois. J’insiste sur l’entente qu’il y a entre Noël Le Graët et moi sur les principaux dossiers. La plupart des journalistes ne veulent pas l’entendre. On est d’accord sur les dossiers principaux, notamment celui de la réforme de la Ligue. »
Candidat à la LFP ou à la FFF en 2016 ?
« Nous sommes en mai 2015 et les élections sont fin 2016. Je ne pense absolument pas aux élections et je vous parle franchement. Comprenez ça : ma vie ne dépend pas du football. Je ne sais pas à l’heure actuelle si je serai candidat. Je le ferai savoir en temps utile dans sans doute un an. »
Sa communication sur les dossiers chauds
« Sur les trois dossiers que vous citez : Luzenac, l’affaire du conflit Canal+/PSG/OM ou la finale de la Coupe de la Ligue, je pense n’avoir aucun reproche à me faire au contraire. J’ai pris les bonnes décisions. Luzenac, c’est triste pour eux, mais quand on accède au monde professionnel, il y a des conditions comme celle d’avoir un stade. Je pense avoir contribué largement à régler le conflit entre Canal +, le PSG et l’OM. Quant au problème de la finale de la Coupe de la Ligue, ça m’a couté de ne pas descendre sur la pelouse pour saluer les joueurs de Bastia mais aussi les Parisiens. Il y avait deux équipes sur le terrain. J’ai toujours privilégié l’intérêt général à mon intérêt particulier. Mon intérêt particulier aurait été de descendre sur le terrain, mais je savais que si je le faisais, il allait y avoir de probables incidents graves en tribunes. Ceux qui me critiquent aujourd’hui auraient été les premiers à me reprocher d’être descendu sur le terrain s’il y avait eu des débordements. J’ai pris la seule bonne décision. »
La Coupe de la Ligue supprimée ?
« Ce qui m’intéresse, c’est l’avenir du championnat. Je suis pour le retour de 18 clubs en L1 parce que je pense simplement que la France n’a pas les moyens de s’offrir un championnat à 20 clubs. L’Allemagne est à 18 et on est beaucoup plus proche de l’Allemagne que de l’Angleterre. Je soumets ça à mes collègues de club depuis des années et ils le refusent. Je peux les comprendre mais les intérêts particuliers l’emportent sur l’intérêt général et c’est très dommage. Pour l’instant, il n’y a pas de majorité pour le retour à 18 clubs. S’ils refusent de revenir à 18 en L1, je proposerai la suppression de la Coupe de la Ligue pour alléger le calendrier. C’est l’enfant de Noël Le Graët et je lui ai donné un lustre qui n’existait pas avant. S’il faut sacrifier la Coupe de la Ligue, quitte à perdre 15 millions d’euros et à mécontenter 500 000 spectateurs, tant pis, on le fera. On joue trop souvent. »
Son engueulade avec Aulas
« Quand je lis les titres des journaux, je me marre. Je ne l’ai pas ménagé quand je l’ai appelé au sang-froid et au respect de l’adversaire. Moi, je n’étais pas tendu, mais lui l’était peut-être avec la fin de saison qu’il vivait. Il a son caractère, j’ai le mien. Je l’ai appelé au sang-froid, on s’est engueulé et maintenant, c’est terminé. On s’est vu en tête à tête hier matin et l’incident est clos. Chacun est dans son rôle. »
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