Porte-drapeau : un vote, deux écoles

Ce lundi est désigné le porte-drapeau français pour les JO de Londres. Le choix entre Laura Flessel et Tony Parker est avant tout une question de philosophie entre une représentante de l’esprit olympique et un sportif de dimension planétaire.
En ce début mai, les face à face sont décidément en vogue. Si celui joué sur le terrain politique a déjà livré son verdict, celui concernant le porte-drapeau français aux JO de Londres trouvera son épilogue ce lundi. Et comme entre les deux candidats à l’élection présidentielle, deux visions s’opposent pour désigner celui ou celle qui emmènera la délégation tricolore, le 27 juillet prochain, au stade olympique de Londres. Entre Laura Flessel et Tony Parker, les deux derniers sportifs tricolores encore en course, c’est donc un vrai dilemme. Un choix entre deux écoles qui s’est posé aux 5 membres du comité de travail du CNOSF qui ont voté jeudi, Tony Estanguet n’ayant pas souhaité s’exprimer.
Pour l’épéiste tricolore, il suffit de se pencher sur son pedigree pour se persuader de sa légitimité. A Londres, Laura Flessel disputera ses 5es Jeux. Avec 2 titres et 5 médailles olympiques, son palmarès, qui en fait la sportive française la plus titrée aux JO, plaide en sa faveur. Pourvoyeur historique de médailles (115), l’escrime possède aussi un poids important dans le mouvement olympique français. Surtout, l’athlète de 40 ans adhère à l’esprit olympique, bien loin du côté « bling-bling » qui peut parfois coller aux baskets d’un sport médiatisé comme le… basket. « C’est la plus olympienne est la plus représentative de l’olympisme », souligne Maryse Éwanjé-Épée, membre de la Dream Team RMC Sport. Le choix d’un porte-drapeau féminin pourrait aussi faire pencher la balance en faveur de Flessel. « Depuis 1900, on n’a eu que deux femmes en France, Christine Caron (1968) et Marie-José Pérec (1996), qui ont porté le drapeau français, rappelle Maryse Éwanjé-Épée. La France est totalement à la ramasse de ce côté-là. »
Monclar : « Arrêter de raisonner franco-français »
En face, les atouts en faveur d’une désignation de Tony Parker sont tout aussi nombreux. Par son aura et son charisme, le basketteur a les épaules pour occuper une fonction où les obligations médiatiques peuvent être déstabilisantes. Tête d’affiche du basket NBA, le meneur des Spurs est une star internationale et peut, dans l’optique d’une candidature française pour les JO 2024, constituer un atout de lobbying de poids. « Si la France a envie d’organiser les Jeux en 2024, il faut arrêter de raisonner franco-français et mettre un représentant qui rayonne dans le monde entier », lance Jacques Monclar.
Deuxième sportif français le mieux payé, avec 11,2 millions d’euros annuels, « TP » ne cadre toutefois pas avec l’état d’esprit « amateur » prôné lors des JO. Un argument que réfute Jacques Monclar : « Tony Parker fait autant de pub qu’Alain Bernard ou Teddy Riner. Je ne connais pas beaucoup de gens qui vont aux JO et qui vont à la soupe populaire. » Si Laura Flessel est donnée favorite d’une courte tête, la désignation d’un porte-drapeau tricolore n’aura en tout cas jamais suscité un si vif débat.
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