Alain Bernard, l’adieu aux larmes

Cinquième samedi du 50m, le champion olympique du 100m à Pékin ne participera pas aux épreuves individuelles à Londres. Mais l’Antibois espère être appelé pour le relais et conclure en beauté une carrière exceptionnelle.
Il y a quelque chose d’attendrissant à voir tous ces grands garçons musculeux tomber en pleurs les uns après les autres. Mais à l’issue d’un 50m qui a envoyé Amaury Leveaux et Florent Manaudou à Londres, le public de Dunkerque et la plupart de ses rivaux ont tenu à rendre un hommage appuyé à Alain Bernard. Encore 5e, comme sur le 100m, il ne devrait monter dans l’Eurostar qu’au titre de remplaçant du relais. « Je compte sur le DTN » - qui offre à discrétion les deux tickets des suppléants -, glisse celui qui a disputé hier sa dernière course sur le sol français. Voilà pour la donne presque mathématique et les centièmes qui manquent. Reste l’émotion, ultra présente dans le bassin d’abord, puis tout autour.
Alain Bernard sort de l’eau, salue le public qui lui offre une triomphe romain. Il reviendra le voir quelques minutes plus tard, se saisira d’un micro pour un petit discours qu’il aura du mal à prononcer, gorge serrée. « Je voulais vous remercier du fond du cœur pour cette ovation, a-t-il lancé. Je ne suis pas venu ici pour pleurer, loin de là. Donc je vais essayer de me retenir. » Il n’y parviendra pas, tout comme sa compagne Coralie Balmy ou Frédérick Bousquet (4e), mortifié par ses championnats. Il ne sera pas à Londres. Fabien Gilot (3e) fond aussi en larmes, trop triste pour son pote. Le plus ému est peut-être Denis Auguin, l’entraîneur de Bernard depuis treize ans.
Bernard: « C’est le début de la fin »
Il marque plusieurs pauses alors qu’il s’exprime sur cette relation si intense qu’il a entretenue avec le champion olympique de Pékin. « Au-delà du palmarès, ce sont treize années d’une complicité incroyable, 5 heures par jours, 300 jours par an. Je n’ai que des bons souvenirs, même ce soir (samedi). Ce fut un plaisir absolu de m’occuper de ce garçon », dit-il, perclus d’émotions. Peu à peu, la pression retombe dans la piscine Paul-Asseman. Les autres nageurs d’Antibes font voltiger Denis Auguin dans les airs.
Alain Bernard les rejoint, sourire aux lèvres. « Il y a des choses qui n’ont pas de prix, comme cette ovation. Je ne prends qu’une 5e place mais aussi une reconnaissance immense des adversaires, du public. C’est le sport, c’est comme ça, c’est dur, c’est beau. Ça donne des émotions, des frissons. » Les derniers de sa prestigieuse carrière sont à vivre dans le bassin de Londres, dans 124 jours. D’ici-là, Alain Bernard va goûter chaque seconde. « C’est le début de la fin d’une aventure humaine extraordinaire. »
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