Meynard, l’ovni des bassins

Médaillé de bronze du 100 m lors des Mondiaux de Shanghai l’an dernier, le Marseillais a connu depuis plus souvent des bas que des hauts. Atypique et différent des autres « purs cent » de la distance reine, Meynard détonne. Portrait.
C’est un drôle de mec. A la bagarre avec les meilleurs mondiaux pour monter sur la boite du 100m, la distance reine, William Meynard a failli se débarrasser de sa seule médaille glanée dans un grand rendez-vous international, une breloque en bronze aux Mondiaux de Shanghai en 2011. « Je ne sais pas où elle est, c’est lourd et ça ne sert à rien, ma copine n’a pas voulu que je la jette, je n’ai pas un assez grand appart pour me faire un Hall of Fame ! » Il est comme ça, Meynard ! Vingt-cinq ans, caustique mais surtout envers lui-même. « Il y a un mois, je n’avais pas envie de venir (à Dunkerque), d’être ici. Aujourd’hui, ça va, c’est cool. »
Un désenchanté, affable avec les journalistes, usé par les pépins. Une opération à l’aine fin novembre qui lui pourrit son hiver. Les résultats s’en ressentent : 49’’94, loin des 48’’80 de Yannick Agnel. Et de pointer dans le ventre mou du classement mondial (10e). Une préparation amputée, encore une, comme en 2011 avant son podium chinois. Un accident de moto lui fait perdre plusieurs semaines d’entraînements, avant de ressortir la tête de l’eau aux championnats de France. Deuxième derrière Fabien Gilot, un résultat qui l’envoie aux Mondiaux. Inespéré. « Chaque jour était long et monotone. Pour rien au monde, je ne le referais, c’était désagréable de bout en bout. Mais j’ai appris ce que j’étais, un mec positif mais qui pouvait aussi être très négatif. »
« Je ne suis pas trop les temps des autres »
L’ovni des bassins est tout sauf une machine de guerre. Il nage « pour exister » dans un « milieu hostile comme l’eau. » Ses camarades enchainent les kilomètres, lui « n’aime pas l’entraînement ». Meynard « aime la compétition », mais pas au point de se livrer à la guéguerre qui sourd parmi les ténors et grandes gueules du sprint français.
Il y a quelques jours, avec ses coéquipiers du Cercle des nageurs de Marseille, il est allé brûler des cierges à la « Bonne Mère », la basilique Notre-Dame-de-la-Garde. « Ça fait du bien, on met un peu de chaleur, une bougie, c’est quelque chose qui pense à nous. » Pour une médaille ? Même pas, enfin pas forcément… « Je n’y pense pas. » Pas plus qu’au reste d’ailleurs. Les chronos de ses adversaires ? « Je ne sais pas. » Les compétitions ? Pas plus. « Je suis fou, mais je me sens normal. Je m’exprime, je suis. »
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