Pellerin, dans l’ombre d’Agnel et Muffat

Yannick Agnel et Camille Muffat se sont baladés ce week-end à Angers lors des championnats de France en petit bassin. Une démonstration qui porte le sceau du technicien niçois, Fabrice Pellerin, qui les entraine et les façonne depuis plusieurs années.
Un quadruplé chacun. Yannick Agnel et Camille Muffat ont survolé les championnats de France en petit bassin ce week-end. Titrés sur 100m, 200m, 400m et 800m, les Niçois ont surclassé la concurrence dans la piscine d’Angers (Maine-et-Loire). Agnel en a profité pour exploser le record du monde du 400m, le record d’Europe du 800m et le record de France du 200m. Muffat a presque fait aussi bien en s’offrant le record du monde du 800m et le record de France du 200m. Une véritable razzia orchestrée avec maestria par Fabrice Pellerin. Le coach de l’Olympic Nice Natation a géré dans les moindres détails les courses de ses poulains. Conquis par son discours, façonnés par ses méthodes, les deux nouvelles stars de la natation française lui confient leurs destins sans sourciller depuis de longues années.
« J’ai un Fabrice en moi », glisse Agnel. « Fabrice me connait encore mieux que je ne me connais, je l’écoute aveuglément », résume Muffat. Des propos que ne renient pas le technicien de 40 ans. « Ça traduit un lien fort qui vient du partage dans l’aventure humaine, souffle Pellerin. Il y a un lien de confiance qui existe entre nous. Il y a aussi du Yannick et du Camille en moi. Quand on pratique des jeunes depuis 10 ans, il y a une forme de fusion sportive, intellectuelle et philosophique. C’est normal qu’il y ait un rapprochement sur certains aspects. Mais il y a toujours une distance maintenue sur d’autres points, comme l’affectif. Mais c’est un socle important qui nous permet d’avancer et de prendre des risques ».
Pellerin : « Je me vois plutôt comme un arbre »
Des risques de plus en plus payants. Double champion olympique (200m, 4x100m) et médaillé d’argent sur 4x200m, Agnel, 20 ans, a éclaboussé Londres de son talent cet été. Sacrée sur 400m, vice-championne olympique du 200m et bronzée avec le relais 4x200m, Muffat, 23 ans, a repris le flambeau laissé vacant par Laure Manaudou. Deux avènements qui portent la marque de Pellerin. Posé, calme et réfléchi, l’entraîneur, pourtant fan de heavy metal, sait adapter son management en fonction des caractères. Une manière de mettre tout le monde sur un pied d’égalité. « Mon astuce, c’est de ne pas me déplacer vers l’un ou vers l’autre, explique-t-il. Je me vois plutôt comme un arbre. Ce sont les gens qui travaillent avec moi qui doivent venir vers l’arbre pour cueillir les fruits. Il y a un effort de leur part. Ils viennent me questionner ou me proposer des choses. S’il y a une inégalité dans l’échange, elle est due à la capacité des uns et des autres à venir chercher cette interaction ».
Une interaction qui permet à Pellerin de prendre des risques. Parfois de manière inattendue. « J’aime bien ajouter un petit côté laboratoire à ce qu’on fait, sourit-t-il. Ces championnats de France nous l’ont permis. Camille et Yannick ont pu se tester sur certaines courses, sans trop se mettre en danger par rapport aux titres. On jongle toujours entre le devoir de résultat et l’expérimentation ». Un exercice d’équilibriste qui ne plait pas à tout le monde dans le milieu des bassins. Devant une facilité aussi insolente, les dents commencent à grincer autour des Pellerin et ses champions. A eux d’en faire abstraction pour continuer leur matche en avant. A commencer par les championnats d’Europe en petit bassin la semaine prochaine à Chartes (Eure-et-Loir).
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