La fold equity au poker

Comme chaque lundi un professionnel de l'antenne soigne votre poker. Cette semaine, le consultant de l'émission "Docteur Poker" Antoine Vannini décrypte la fold equity.
Je sais l’expression “fold equity” est un peu barbare alors tentons ensemble de la rendre plus digeste : on parle d'équité pour désigner nos probabilités de l'emporter à l'abattage contre un éventail de mains adverse. On parle de fold equity, car l'idée de faire coucher des mains adverses, donc un pourcentage de l'éventail, va renforcer notre espérance de gains et donc notre équité globale dans le coup.
Démonstration
1ère situation, je pars à tapis pour 100 blindes. Mon adversaire me paye 100% du temps, j'ai 50% de chances contre sa range. Ma fold equity est ici nulle, et mon gain moyen légèrement positif puisqu'on est en situation de coin-flip.
2ème situation, je pars à tapis pour 100 blindes, mon adversaire me paye 80% du temps, j'ai 50% de chances contre sa range. 80% du temps nous avons une espérance de gain nulle, et 20% du temps nous prenons le pot puisque notre adversaire se couche. Notre espérance de gain, ou expected value en anglais, est donc forcément positive, grâce à ma fold equity.
Cette notion est absolument fondamentale. C'est d'ailleurs l'origine de la réputation du poker d'être un jeu de bluff. En fait, c'est surtout une adaptation mathématique que nous utilisons dans notre stratégie d'inexploitabilité.
Les paramètres extérieurs
Et comme toujours dans notre stratégie, notre fold equity s'appuie sur des paramètres extérieurs à nos cartes cachées.
On n'échappe pas aux classiques paramètres à surveiller, être particulièrement attentif aux profils, à notre image, à la dynamique, aux sizings, aux tells, aux effets de bulle, aux paliers etc.
On rentre dans le poker de 2e et 3e niveau, je joue selon les cartes que je pense que mon adversaire a, et selon les cartes que je pense que mon adversaire croit que j'ai.
Une fois notre GPS mental activé à la table, nous pouvons anticiper notre fold equity et s'adapter dans nos prises de décision.
Comme par exemple chercher à valoriser un maximum quand on pense être tout le temps payé, essayer de bluff des mains qui nous dominent si on estime au contraire avoir beaucoup de fold equity, ou simplement chercher à faire abandonner une partie de l'éventail de nos adversaires et s'emparer d'un coup.
Récapitulatif
Reprenons notre démonstration du début en changeant notre équité.
Lorsque notre main est dominée, si on parvient à faire coucher à notre adversaire suffisamment de mains de son éventail, c'est-à-dire si on dispose de suffisamment de fold equity, on peut alors miser de manière profitable, même en étant payé par des mains qui nous battent.
Si le pot est de 100, et que je fais tapis 100 jetons dans cette configuration, en étant payé seulement 50% du temps, alors :
• 50% du temps mon adversaire se couche et je vais prendre 100 jetons
◦ espérance de gains : +100
• 50% du temps je suis payé et je joue un 30/70 à 100+100+100 jetons
◦ espérance de gains : -100
Ce coup a une équité nulle.
Voilà comment une main dominée peut-être jouée de manière profitable, et on touche ici un fondamental du bluff au poker. Il faudra bien entendu apprendre à anticiper et adapter nos décisions en tenant compte de ce nouveau paramètre dans notre boîte à outils. C'est-à-dire s'en servir prudemment et accumuler l'expérience des situations avant de maîtriser la fold equity.
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