Soyaux-Angoulême: Biyi Alo, un poids XXL débarque en ProD2!

Un physique monstrueux, un parcours prometteur et un point de chute surprenant. Biyi Alo, jeune pilier anglais, s'est engagé à Soyaux-Angoulême, en ProD2. Un championnat où le colosse va apprendre la rudesse du rugby français, et ses mêlées "à la dure". Mais où il espère faire parler son gabarit hors-normes.
Il n'est pas forcément le joueur le plus bavard dans un groupe. Taiseux, peut-être. Mais ses mensurations parlent pour lui. Biyi Alo, futur joueur de Soyaux-Angoulême, est ce qu’on appelle un colosse. Du haut de son mètre 88, mais surtout de ses 145 kilos, c’est avec l’étiquette de "joueur le plus lourd d’Angleterre" que le pilier débarque en ProD2. Un contrat de deux ans et des promesses légitimes pour un ancien grand espoir anglais.
Car son parcours est celui, assez classique, d'une pépite made in. Un centre de formation prestigieux, les Saracens, puis une pige à Bedford, l'antichambre de l'équipe première. Le temps de gagner du temps de jeu et de se faire un nom dans les catégories de jeune: indiscutable avec les moins de 18 ans, moins de 19 ans, moins de 20 ans anglais.
Alors pourquoi un tel profil débarque à Angoulême? "Au début, ça n’était pas simple. Il ne cherchait pas nécessairement un club comme Angoulême. Mais quand il a rencontré le coach et le président, ils ont su le convaincre. Quand il est reparti des bureaux du SA XV, c'était clair dans sa tête" nous rapporte un proche du joueur.
Un "dynamisme étonnant"
A seulement 24 ans, le futur ex-joueur de Worcester a aussi su convaincre le staff de Soyaux-Angoulème. Julien Laïrle, le manager du club raconte: "Je l'ai vu sur plusieurs matchs. Mais il faut dire que c'est aussi l'ami de Callum Wilson, qui joue trois-quart centre chez nous". Et ses 145 kilos? L’entraîneur angoumoisin concède, en souriant, "ce qui est étonnant, c'est que c'est avant tout son dynamisme et sa capacité à se déplacer. Il a des grosses qualités dans la transition jeu debout/jeu au sol. Mais oui, c'est vrai que sa masse et sa densité sont très intéressantes".
Mais attention, le coach charentais tempère, immédiatement: "On ne cherchait pas non plus un mettre un bus au milieu du terrain. La redistribution des défenses est telle en ProD2... il faut faire face à des défenses de plus en plus organisées. Ce genre de joueur massif nous offre plus de continuité et plus de solutions dans les défenses". Une arme déjà utilisée par Worcester en début de saison. Biyi Ayo affiche des statistiques intéressantes pour un joueur de son gabarit: plus de 5 ballons par matchs, souvent en tant que premier attaquant. Un profil "gros tonnage", aujourd'hui incontournable dans les clubs.
"Biyi n'est pas qu'un rond-point"
Car c'est peut-être ça, le plus fou. Avec ses 145 kilos, Biyi Alo ne sera que l'un des joueurs les plus lourds de France. Un poids devenu monnaie courante en Top 14 avec une demi-douzaine de joueurs de plus de 135 kilos (Fonua, Maka, Atonio, Tameifuna, Qovu). Un critère, certes, mais pas une fin en soi. "L'autre facteur très intéressant avec ce joueur, c'est son âge (24ans) et son expérience. On parle d'un joueur qui est passé par les Saracens et par toutes les catégories de jeunes en Angleterre".
Quant à son temps de jeu, réduit à rien ou presque depuis janvier? "Son temps de jeu, évidement que cela peut nous faire nous poser des questions. Mais est-ce que s'il avait été indiscutable avec Worcester, nous aurions pu toucher un tel joueur? (rires). Il a un potentiel assez important, à nous de l'exploiter au mieux. Mais attention, ça n'est pas un simple rond-point." Sous-entendu, un joueur immobile et dont il vaut mieux faire le tour.
Dans les traces d'Atonio et Hammadache?
Son parcours, celui d'un revanchard souhaitant rebondir en ProD2, et son physique, véritable deuxième ligne supplémentaire, rappelle forcément des prédécesseurs illustres. Uini Atonio ou Malik Hammadache en tête. Grand spécialiste de la mêlée, arme majeure à Soyaux-Angoulême, Laïrle se montre prudent. "Il a tout pour suivre les traces de ce genre de joueurs. Mais en même temps, il a beaucoup à prouver et beaucoup à faire dans le secteur de la mêlée. Il va devoir avoir la mêlée "à la française". Alors évidement que son potentiel physique et athlétique, et le fait qu'il soit aussi puissant que dynamique nous offre des solutions".
Même son de cloche chez ses proches: "c’est un petit peu comme Atonio. Malgré son poids, il se déplace bien. Ça n’est pas un tank. Il a été très apprécié en Angleterre et par Julien, grâce à ses qualités. Comme tous les piliers, il est à 30%, 40% de ses qualités. Il a assez peu joué. Mais c’est un joueur à maturation lente. Il arrivera à son top dans quelques temps".
Une appréhension des mêlées qui pourraient être surmontée grâce à Laurent Cardona, arbitre du Top 14 et salarié du club. "Julien Laïrle va faire son travail avec le joueur. Et éventuellement, je vais intervenir sur les entraînements dirigés. Je ne suis pas là pour être un technicien. Mais, oui, je peux être amené à aider le joueur d'un point de vue réglementaire".
Il détaille, en tant qu'arbitre, la manière dont on aborde un joueur d'un tel gabarit. Et notamment en mêlée. "On peut être massif et pas nécessairement être fort en mêlée. Nous on va regarder les attitudes positives. Quand on va voir un gaucher très petit et un droitier très grand, on sait que le gaucher va emmener le droitier le plus bas possible. Là encore, sur les gabarits, on va y faire attention. Mais plus de tolérance non. Au niveau de l'arbitrage, il n'y aura pas de tolérance particulière. Parce que le joueur concerné va nous montrer ce qu'il est. On connaît tous des joueurs massifs mais sans densité. Dans un match, on va attendre de voir les premières mêlées pour se faire une idée".
Si le poids n'est pas une garantie sur la voie du succès, les 145 kilos de Biyi Alo pourraient aider Soyaux-Angoulême sur la route qui mène aux sommets de la ProD2. Et peser sur les défenses dès la saison prochaine.
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