Boudjellal : "Dominguez risque d’être le moins bien payé du Top 14 !"

Mourad Boudjellal a officialisé ce samedi l’arrivée de Diego Dominguez en tant que manager de Toulon en 2016. L’ancien ouvreur italien prendra donc la succession de Bernard Laporte. Après la victoire du RCT face à Lyon (30-6), le président du club a fait le point de tous les dossiers chauds devant la presse.
Mourad Boudjellal, ce titre de champion d’automne était-il important ?
On tenait à finir la saison sur ce titre de champion d’automne, qui est juste symbolique, mais c’est important quand on a été champion de France de rester champion d’automne. L’année 2014 se termine sur un feu d’artifice avec un match difficile contre Lyon (30-6). On a pris les cinq points. Je ne sais pas si c’est mérité mais on s’en contentera ce soir. Ça m’a permis de voir peut-être la plus belle gueulante de Bernard Laporte depuis qu’il est à Toulon, j’aurais au moins gagné ça ! C’était quelque chose, avec Bernard qui faisait des bonds de deux mètres, qui sautait dans tous les sens et qui insultait tout le monde ! Il était en transe : c’était Belzébuth, sors de ce corps !
Vous avez annoncé que Diego Dominguez serait le successeur de Bernard Laporte. Sera-t-il dans la même lignée ?
Je pense qu’il est de la même trempe. C’est quelqu’un qui veut gagner et qui a une énergie hors du commun. Une anecdote : j’ai été très surpris par le contrat qu’il m’a demandé. Quand j’ai vu ses prétentions salariales, j’étais content parce que c’était nettement en dessous de tout ce qu’on pouvait imaginer. Ça risque d’être l’entraîneur le moins bien payé du Top 14 ! Par contre, il m’a demandé des primes de performances (rires) ! Il m’a dit : « je ne veux être payé qu’à la performance ». Je me dis peut-être qu’en finale du Top 14, je ferai en sorte de dire à mes joueurs de baisser le pied (rires). Mais j’aime bien ce principe. On m’avait dit qu’il était comme ça, qu’il ne marchait qu’à la carotte.
Comment préparer son arrivée ?
Il va aller en Nouvelle-Zélande travailler un peu pour le club. Il essaie de s’imprégner de plusieurs cultures pour être en best-of avec nous. Il viendra ensuite plusieurs fois à Toulon. Et en janvier 2016, il sera à demeure à Toulon : il viendra travailler pendant six mois avec Bernard Laporte mais sans changer grand-chose à l’organigramme. Il va prendre tranquillement ses marques, apprendre à connaitre le groupe. Et apprendre ce nouveau métier avec Bernard et il prendra ensuite les clés du club.
« Dominguez était une évidence »
Etes-vous inquiet à l’idée de changer d’entraîneur ?
Je ne me fais absolument aucun souci. Je me suis demandé s’il fallait prendre un entraîneur chevronné. J’ai rencontré des entraîneurs champions du monde… Mais c’est comme pour Bernard : au bout de deux minutes, je savais que c’était avec lui qu’il fallait bosser. Il n’y avait plus de doutes. C’était une évidence. Ça a été un soulagement parce que je commençais à voir l’après-Bernard Laporte. J’ai vu une belle lumière et ça donne envie.
Pensez-vous qu’il s’adaptera facilement ?
Je pense qu’il va être aimé par les Toulonnais. Et accessoirement, il parle quatre langues. C’est une sorte de Diego Maradona à Toulon : c’est un Argentin, avec le charme des Argentins. Tous les joueurs et entraîneurs qui l’ont côtoyé vous diront que c’est une énergie et une volonté de gagner hors norme. Et un obsédé du travail aussi.
Vous avez également annoncé plusieurs recrues…
Je vous annonce que Samu Manoa va devenir la star du Top 14. C’est un joueur qu’on a repéré il y a quelques mois. Quand je l’ai rencontré, son agent m’a dit : « Il a été contacté par tous les clubs du Top 14 et tous les clubs anglais ». Quand il a été OK, on a voulu le bloquer quatre ans parce que je vous annonce que c’est un phénomène du rugby, un joueur comme il en existe peu et qui est fait pour Maillol. J’ai aussi annoncé l’arrivée de Ma’afu, le pilier droit de Northampton, un des meilleurs piliers du championnat anglais. Il est à mon avis une très bonne pioche. On a recruté (Thibault) Lassalle, d’Oyonnax, Jonathan Pelissié (Montpellier) et Ma’a Nonu, un joueur que je voulais depuis longtemps.
Montpellier stoppe l’hémorragie

Face à Toulouse ce samedi, Montpellier a évité sur le fil une huitième défaite consécutive toutes compétitions confondues. Grâce à une courte victoire (23-20), Fabien Galthié va sans doute pouvoir passer Noël au chaud.
Comment ne pas observer le regard de Fabien Galthié après la victoire de Montpellier face à Toulouse ce samedi (23-20) ? Le manager héraultais peut soupirer de soulagement. Il le sait : il vient sans doute de sauver sa tête en évitant à son équipe une huitième défaite consécutive, toutes compétitions confondues. Une jolie performance. Surtout qu’en face, Toulouse faisait figure d’équipe en forme du moment : huit victoires lors des neuf derniers matches, un sans-faute en Coupe d’Europe… dans la poule du MHR.

Autant dire que le défi était de taille, malgré des places rapprochées au classement (Toulouse 7e avant le match face à Montpellier 8e). Mais les Héraultais avaient décidé de reconquérir un public malmené depuis plusieurs semaines. Tranchant, presque rageur, Montpellier a pris l’ascendant dans ce match dès le coup d’envoi, en s’appuyant sur un pack bien plus solide que celui de son adversaire. A la demi-heure de jeu, Olivier allait aplatir après le bon travail de la mêlée montpelliéraine. Mais voilà, Toulouse peut compter sur le culot de Vincent Clerc, auteur des deux essais de son équipe, juste avant et après la pause.
Le MHR plus solide en mêlée
C’est une nouvelle fois par sa mêlée que le MHR a fait des merveilles, soulignant du même coup les difficultés toulousaines dans ce domaine. En supériorité numérique, les Héraultais ont vu leurs efforts récompensés par un essai de pénalité leur permettant de prendre l’avantage au score, peu avant l’heure de jeu (20-17). Sous la menace d’un match nul après la pénalité de McAlister (20-20), ils ont ensuite patienté jusqu’à la 79e minute et la pénalité d’Iribaren pour sceller le sort le score (23-20). Et faire remonter son équipe à la sixième place du Top 14. « Le bon mot, c’est soulagé, résume Fabien Galthié. Quand on voit le scénario du match, ça n’a pas été facile mais à la sortie il y a la victoire, qui n’a pas de prix. Sur le bilan, on ne peut pas être satisfaits de cette phase aller. On peut juste être soulagés par rapport à ce qu’il s’est passé. On voulait tous mieux. Ce championnat est difficile. En ce qui nous concerne, cette victoire prend beaucoup de place. Elle nous soulage. »
Toulouse se contente du point de bonus défensif. Pas si mal quand on se souvient que Guy Novès avait fait de la réception du Racing, le week-end prochain, la priorité de son équipe. Et quand on se remémore le début de saison catastrophique des Toulousains, revenus de l’enfer malgré des conflits internes. « Bilan excellent en coupe d’Europe et un peu moyen en championnat, admet le manager toulousain. On n’est pas encore dans les clous. Mais on a pris un point de bonus défensif. Ce petit point, peut-être qu’il comptera plus tard. » Toulouse, Montpellier : même combat à quelques mois d’intervalle. Mais Guy Novès et Fabien Galthié devraient tous deux passer Noël au chaud.
Charvet : "Boudjellal veut marquer les esprits"

Mourad Boudjellal a annoncé ce samedi l’arrivée de Diego Dominguez en tant que manager de Toulon en 2016, ainsi que celles à venir de Ma’a Nonu et Napolioni Nalaga. S’il reste sceptique concernant ce changement de manager annoncé si tôt, Denis Charvet a les yeux qui pétillent à l’idée de voir jouer Nonu.
Diego Dominguez remplacera Bernard Laporte à Toulon, en 2016. Une nouvelle confirmée par Mourad Boudjellal ce samedi, qui a surpris Denis Charvet. Le membre de la Dream team RMC Sport y voit un pari risqué : « Ce qui est surprenant pour moi, c’est que Diego Dominguez est déjà annoncé. Deux ans avant la fin de contrat de Bernard Laporte, on connait déjà son successeur. C’est donc que Boudjellal veut marquer les esprits. Il veut frapper un coup. C’est du Mourad. Le pari principal, c’est que Dominguez n’a jamais managé une équipe, encore moins de très haut niveau en Europe. On a pris un risque énorme sur quelqu’un qui n’a jamais managé. Et quand on connait l’importance du management dans les équipes de très haut niveau... Peut-être qu’il a le profil, mais quand on voit le travail effectué par Bernard Laporte, on se dit que ce ne sera pas évident de passer après lui. »
Le président du RCT a par ailleurs annoncé l’arrivée du trois-quarts centre des All Blacks, Ma'a Nonu (32 ans), pour deux ans (après la Coupe du monde 2015), et de l'ailier fidjien Napolioni Nalaga (28 ans), pour trois ans. De quoi étoffer un effectif qui laissait déjà rêveur. « Ils se renforcent fort mais on connait Mourad (Boudjellal), il ne va pas en rester là, estime Denis Charvet. On peut encore avoir une surprise ou deux. Nalaga, on connait sa puissance avec Clermont. Nonu est actuellement un des meilleurs centres au monde et il risque de faire très, très mal. C’est un joueur spectaculaire, un joueur que j’adore. Je trouve que c’est celui qui incarne le mieux ce poste-là, dans l’évolution du rugby moderne. Parce qu’il alterne le côté physique, le côté technique… Il a toute la gamme du haut niveau. A ce poste, c’est très, très rare. On voit rarement son inefficacité tellement il est simple. Chapeau ! Croyez-moi, ça va attirer les foules et faire du bien à Toulon, si tant est qu’ils en avaient besoin. »
« Cette équipe de Toulon fait peur »
« Cette année, ils n’étaient déjà pas loin d’avoir le meilleur effectif d’Europe, poursuite le membre de la Dream Team RMC Sport. Même si le Racing rivalisera avec Dan Carter à l’ouverture, je crois qu’on est loin de cet effectif de Toulon, qui est monstrueux. Cette équipe fait peur, maitrise son sujet et est au sommet de l’Europe. Je voudrais rendre hommage à Bernard Laporte, qui est parfois décrié. On n’en parle pas assez mais le rôle qu’il joue à Toulon est juste incroyable. Tenir la pression comme il le fait et amener ses joueurs à ce niveau d’excellence, je dis chapeau ! »
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