Stade Toulousain: Lacroix demande "de l’ouverture à la discussion à Galthié et Ibanez"

Le Stade Toulousain, qui va défier Clermont dimanche soir (21h) pour le choc de cette première journée de Top 14, sera encore une fois un des grands favoris de la saison 2020-2021. L’occasion pour son président Didier Lacroix de se livrer lors d’une interview exclusive durant laquelle il parle de l’actualité de son club mais également de celle du rugby français. RMC Sport vous détaille cet entretien depuis hier et jusqu’au match, demain. Deuxième volet: les rapports entre les clubs, le XV de France et les institutions.
Didier Lacroix, le Stade Toulousain sera potentiellement un grand pourvoyeur du XV de France pour les tests de l’automne, avec une dizaine d’éléments sélectionnables. Les Bleus doivent affronter, entre autres, le pays de Galles, l’Irlande, l’Ecosse et l’Italie dans une période où six journées de Top 14 sont programmées et donc autant de doublons. Que demandez-vous au manager Raphaël Ibanez et au sélectionneur Fabien Galthié?
Je demande de l’ouverture à la discussion. Qu’ils puissent continuer à mettre en place une équipe de France performante, avec des éléments du Stade Toulousain, tant mieux pour eux. Maintenant, il faut qu’ils puissent arriver à comprendre les intérêts de chacun. Il est compliqué, juste après une année de Coupe du monde, de se retrouver avec le même nombre de matchs, de sollicitations, pour nos joueurs. Je pense que dans la discussion, selon la nature des matchs qu’ils vont jouer, de leur importance, il y a certainement une alternance. L’équipe de France va jouer quatre, cinq matchs. Peut-être plus. Mais tous les joueurs ne vont pas tout jouer ! Antoine Dupont ne va pas jouer tous les matchs de Top 14, tous les matchs de phases finales de Coupe d’Europe 2019-2020, tous les matchs de Coupe d’Europe 2020-2021 et tous les matchs de l’équipe de France. Ce n’est pas possible ! Sinon, non seulement il ne va pas être bon et en plus il risque de se blesser. Mais avant de penser à la blessure, il ne sera pas forcément performant. Donc c’est à gérer ensemble. On ne vit pas sous le même toit, mais les relations peuvent véritablement exister. Il faut qu’on discute de ça, il faut qu’on discute de leurs besoins. Ils ont envie de s’entraîner avec quarante joueurs, c’est légitime. Aujourd’hui, dans les textes, c’est trente. Comment on compose avec les dix autres joueurs? Est-ce qu’on compose avec dix autres joueurs qui vont faire défaut à leur club ou pas? Je pense que c’est des choses sur lesquelles on peut réellement discuter.
Et vous en discutez actuellement? Ou pas encore?
Pas encore. Parce que tout a pris du retard avec cette rentrée. Et Dieu sait qu’on s’en tient loin. Il y a une élection pour la Fédération (le 3 octobre prochain pour élire le président, ndlr) et une échéance pour certains d’entre eux. Mais il va falloir quand même discuter de tout ça. C’est dans deux mois. Et ça va de toute façon impacter la saison du Stade Toulousain et celle de plusieurs clubs en France. La saison également du Top 14. Et surtout, les principaux intéressés. Il faut qu’on sache être suffisamment intelligents pour aller vers la performance du joueur. On parle de la performance du club, de la performance de l’équipe de France, mais pour que les deux soient performants, il faut que les joueurs le soient. C’est tout.
On vous a aperçu dans le giron du XV de France lors du dernier Tournoi des VI Nations, on vous prête une entente cordiale avec le président de la FFR Bernard Laporte, votre club fournit beaucoup d’internationaux. Voulez-vous être un homme de consensus dans le conflit qui oppose souvent Ligue et Fédération et Goze à Laporte?
Je ne sais pas si j’ai un rôle comme ça. Je pense au plus profond de moi-même qu’il vaut mieux un consensus et de la discussion qu’un conflit ouvert. Ça ne m’empêche pas d’être un homme de conviction. Un homme qui, quand son club ou son équipe est en danger, sait dire profondément non. Maintenant, il y a des discussions. Il y a des voies juridiques. Des voies de presse pour certains qui utilisent la provocation. Je ne suis pas sûr dans ces moments-là que c’est ce qui fait avancer les choses. Oui, tout ce que je vais pouvoir faire pour arriver à des situations consensuelles, apaisées, plutôt que conflictuelles, qui ne sont même pas comprises par le grand public, parce qu’il fait parfois aussi être lisible, je le ferai. Pourtant, on ne peut pas imposer à des gens qui ne s’entendent pas d’être les plus grands amis du monde. Il faut être lucide et laisser l’utopie de côté. William Servat et Laurent Labit, membres du staff du XV de France, étaient encore dans les clubs il y a quelques mois. Ils savent très bien les intérêts divergents qu’il y a. Les entraîneurs de club savent très bien les besoins d’un Fabien Galthié. Donc à partir de là, on peut simplement en parler et les présidents sont là pour finir d’arbitrer. Il faut qu’ils arrivent à discuter et les présidents, Bernard Laporte, Paul Goze, devront, à un moment, trancher. En présence de leurs entraîneurs, pour savoir vers quoi on tend. D’ici là, il y a de la place à la discussion.
Vous parliez d’élections, pourriez-vous être candidat pour succéder à Paul Goze à la tête de la Ligue Nationale de Rugby ?
Moi ? (il en rigole) Non ! Non ! J’ai vraiment du boulot au Stade Toulousain… Encore une fois, on est dans une situation transitoire. On a vu une saison exceptionnelle, celle du titre, et je ne dis pas qu’il faut la laisser derrière, il faut en être fier. La saison suivante, qui était de tous les dangers avec une Coupe du monde, je regrette de ne pas l’avoir finie, comme tout le monde. Parce qu’on aurait pu voir si on aurait vraiment fini 7e ou si on finissait sur les chapeaux de roues avec cette beauté des phases finales. Savoir comment le Stade Toulousain, avec l’intégralité de son effectif, se serait comporté. Tout ça, ce sont des hypothèses. Mais derrière, il y a le redressement au complet du Stade Toulousain qui mérite d’être sur cette place-là. Il y a des choses qui sont loin d’être totalement renforcées. Je pense qu’on a pris, en toute humilité, de bonnes orientations. Mais il y a encore du boulot et il est hors de question d’aller ailleurs. Sauf que, je me suis inscrit sur la liste du comité directeur de la LNR. Qui qu’il soit, le prochain président de la Ligue a besoin d’être entouré de présidents qui se donnent la disponibilité, le temps de réflexion pour avoir la remontée de ce qu’il se passe réellement dans les clubs. La Ligue doit être le reflet du ressenti des clubs. Et pas une institution qui travaille à côté. Pour ça, il faut aussi que les clubs puissent laisser à disposition leur effectif administratif et les présidents. Et ça il faut le voir de façon constructive.
Il y a une autre élection, c’est celle pour la présidence de la Fédération Française de Rugby. Quel regard portez-vous sur les deux candidats, le sortant Bernard Laporte et Florian Grill ?
Très honnêtement, et je vais faire du politiquement correct, comme ça, ça sera plus simple: on est dans un club qui se veut très, très démocratique. On a des membres du Stade Toulousain sur les deux listes, qui sont investis. J’ose espérer que ces membres-là se souviennent qu’ils sont avant tout stadistes, même s’ils s’opposent en ce moment. Tout ça pour dire qu’on va voter avec le comité directeur de l’association pour présenter les voix du Stade Toulousain vers une liste. Pour cela, on s’est ouvert à la discussion avec toutes les listes. Et de la façon la plus démocratique possible, on va voter. Il y a de très, très bonnes choses des deux côtés. Et il y a un impératif, c’est que le rugby professionnel travaille avec la FFR. On vient de l’évoquer. L’équipe de France ne peut pas travailler de façon isolée, sans prendre la mesure de ce qu’il se passe dans les clubs. Et inversement. Et je suis intimement convaincu que le prochain président de la Fédération et le prochain président de la Ligue devront travailler ensemble plutôt que contre.
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