XV de France : alors, des candidats ?

Interrogés sur l’appel à candidature de la Fédération pour le poste de sélectionneur du XV de France, les entraîneurs du Top 14 sont revenus sur ce mode de désignation inédit dans notre rugby. Et qui trouve déjà ses limites entre entraîneurs déjà sous contrat et débats en légitimité.
Ils n’allaient pas y couper. Ce samedi, au lendemain de l’annonce de la Fédération d’un appel à candidature pour le poste de sélectionneur du XV de France, les entraîneurs des formations engagées dans la 22e journée de Top 14 se doutaient que les journalistes allaient poser LA question. Alors, candidat ou pas ? Avec ce nouveau système, le champ des possibles semble s’ouvrir. Mais pas forcément. Car pour un entraîneur déjà sous contrat, candidater, c’est se mettre en danger. Risquer le porte-à-faux auprès de son président. Co-entraîneur du Racing-Métro, Laurent Labit l’exprime en creux : « C’est problématique pour nous (avec Laurent Travers, ndlr) car nous sommes en contrat ici. Nous avions signé pour quatre saisons, nous sommes à la fin de la deuxième. En plus, on avait déjà engagé des discussions avec le président pour prolonger l’aventure. Se porter candidats, ça voudrait dire que nous courons deux lièvres à la fois. »
Autre exemple avec Raphaël Ibanez. « Au même titre que d’autres candidats potentiels, j’ai appris la règle du jeu. Ce n’est pas une décision qui se prend seul mais avec le président et les acteurs du club, explique le manager de l’Union Bordeaux Bègles. On va évoquer le sujet très rapidement avec le président. Si je dois répondre à l’appel, je dois d’abord être certain qu’il soit dans les mêmes dispositions. » Difficile également de se déclarer candidat quand vous venez de vous engager dans un nouveau projet. Partant pour Castres pour les quatre prochaines saisons, Christophe Urios ne se voit pas tout lâcher pour un rêve bleu. « Je suis heureux d’aller à Castres, j’ai envie de vivre ça à fond et le reste ne m’intéresse pas pour le moment », lance l’entraîneur d’Oyonnax. Qui n’insulte pas non plus l’avenir : « Un jour viendra sûrement… »
La lettre de… Vincent Moscato envoyée lundi
En toute logique, ce mode de désignation fait le jeu des potentiels candidats pas en contrat, à l’image de Pierre Berbizier ou Fabien Galthié. Inédit en France, il entraîne aussi un autre écueil. Car se porter candidat peut faire peur à certains, persuadés – à tort ou à raison – d’être moins légitimes que d’autres. « Le jour où il y aura besoin d’envoyer une lettre, ils seront à même de me demander de le faire », lâche Nicolas Godignon, l’entraîneur de Brive. Et Laurent Labit d’aller plus loin : « On rêve tous de l’équipe de France mais il faut aussi être lucide. Certains sont plus légitimes et crédibles que nous sur l’expérience, les résultats, le palmarès. Ils passent avant nous. » Les ''légitimes'', eux, peuvent afficher plus de détachement, à l’image de Guy Novès. « Je pense que je vais écrire un mail, s’amuse le manager du Stade Toulousain. Si la question se pose c’est que… C’est très sympathique. Mais il y a beaucoup de boulot ici. »
S’il possède ses limites, l’appel à candidature garde aussi un côté rafraîchissant. « C'est une bonne chose, juge Jake White, entraîneur de Montpellier et coach de l’Afrique du Sud championne du monde 2007. Etre le sélectionneur d'une grande équipe nationale, c'est comme être le PDG d'une grosse entreprise. Vous devez présenter un projet détaillant pourquoi vous pensez faire du bon travail. » Christophe Urios embraye : « Cette équipe doit être le projet de tout le rugby français. C’est important que des gens puissent arriver avec des projets pensés, réfléchis. C’est une bonne initiative. » Ancien international et membre de la Dream Team RMC Sport, Thomas Lombard y voit même un aspect positif pour les clubs : « Mourad Boudjellal a dû trouver en urgence un successeur à Saint-André quand ce dernier a été appelé en équipe de France. Et tous les prédécesseurs ont été dans le même cas de figure. Là, au moins, on va avoir un peu de visibilité. » La deadline des candidatures est fixée au 25 avril. On connaît déjà au moins une lettre qui arrivera sur les bureaux de la Fédération. Celle de Vincent Moscato, qui partira ce lundi. Reste à savoir s’il sera reçu.
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