XV de France : Papé, brut de décoffrage

L’équipe de France débute son Tournoi des VI Nations dimanche, en Italie (16h), emmené par un Pacal Papé promu capitaine de la sélection par Philippe Saint-André, lors de la dernière tournée. Focus sur le deuxième ligne des Bleus.
« Il est méchant, rugueux. Limite con sur le terrain ». Tout un poème, lorsque Sébastien Chabal dresse le portrait de Pascal Papé. Qu’on ne s’y trompe pas, dans la bouche du barbu, ces mots sont un sacré hommage. « C’est un deuxième ligne avec une mentalité à l’ancienne et un profil physique de joueur moderne. Il se déplace, il est très habile. C’est quelqu’un avec qui on peut voyager, comme on dit dans notre jargon ». A 32 ans, le deuxième ligne du Stade Français est au sommet de son art. Après une Coupe du monde réussie et une tournée d’automne triomphale, c’est en tant que capitaine qu’il abordera le Tournoi des VI Nations ce dimanche en Italie (16h).
Une consécration, pour celui qui avait déjà porté le brassard en 2007, juste avant un Mondial qu’il ne disputera pas, désavoué alors par Bernard Laporte. Présenté comme le fils du monument Fabien Pelous à ses débuts en Bleus, en 2004, Papé ne vit plus dans l’ombre de personne. Papé, c’est Papé. Un joueur simple et franc. Rempli des valeurs du rugby terroir, à l’ancienne, inculquées en terres berjalliennes, où il a été formé. « Pour moi, le rugby, c’est un jeu. A Givors, à 6 ans, c’était le plaisir de retrouver les potes. Aujourd’hui, j’en ai 32 et c’est toujours les mêmes potes. L’amitié qu’on peut créer autour de ce sport, autour de ses valeurs, est très forte. Pour ma part, les valeurs du rugby, elles existent vraiment ».
En pratique, cela donne un capitaine qui parle peu, mais qui sait se faire écouter. Honorant sa fonction avec devoir et humilité. « Je le fais avec mon caractère et ma personnalité Je ne change pas mon rôle de joueur pour ce rôle de capitaine. Les ingrédients qui sont à mon poste sont toujours les mêmes, capitaine ou pas ». « Avec la maturité et l’expérience, il s’est affirmé, décrit Chabal. Quand il parle, à chaque fois ses mots sont posés, pensés, et ils portent. C’est là qu’on voit qu’un joueur a de l’autorité sur un groupe ». Son histoire en Bleu n’a pas été facile. L’équipe de France l’a même « un peu maltraité », dixit Chabal. Mais de rancœur ou de revanche, il n’est pas question.
Papé : « Je n’ai aucun regret avec la sélection »
« C’est ma carrière, elle n’est pas rectiligne. La courbe n’est pas très droite, mais pour rien au monde je ne la changerais. En termes d’émotions, j’ai varié entre le chaud et le froid, mais je n’ai aucun regret sur ce que j’ai pu faire avec la sélection ». Dimanche, il honorera sa 22e cape. Près d’une décennie après la première, dont il se souvient comme si c’était hier. « Bien sûr que je m’en souviens. C’est la chose la plus magique qui puisse arriver à un joueur de rugby. C’était contre l’Irlande en 2004, lors du Tournoi des VI Nations. En plus on va au bout, on fait le Grand Chelem au dernier match contre l’Angleterre, championne du monde en titre. C’était magique, il y avait des anciens joueurs comme Pelous, Magne, Betsen. Ça marque ».
Rugbyman « taiseux, besogneux, travailleur », toujours selon Chabal, Papé est à la vie un homme « assez calme, serein, un peu bêtassou, parce qu’il est capable de faire de belles conneries. Il faut bien un peu de vie et il en a dans les moments voulus ». Notamment auprès de ses trois garçons, dont deux jumeaux de 3 ans et demi. « Ce sont trois petits gars qui sont plutôt costauds et qui jouent souvent à la bagarre, donc il faut calmer tout ça », raconte le "Papé poule". A ce niveau-là, on ne s’en fait pas trop pour le gaillard d’1m96 pour 115 kg. Qui devra, dimanche, en Italie, calmer des "bambinos" d’un tout autre acabit, pour la revanche de 2011 (21-22).
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