XV de France: Pourquoi le staff a choisi Barassi pour remplacer Fofana

Wesley Fofana a donc quitté le XV de France lundi, des suites d’une blessure à la cuisse non guérie. A la place du Clermontois, le staff des Bleus a choisi d’appeler, à la surprise générale, le jeune trois-quart centre de Lyon Pierre Louis Barassi, zéro sélection au compteur. Il rejoint ses nouveaux coéquipiers en soirée à Kumamoto. Tentative d’explications.
Cela aura quelque peu empoisonné le début du séjour nippon des Bleus. Forfait pour le deuxième match de préparation en Ecosse, le 24 août, puis à nouveau touché à la cuisse depuis le troisième contre l’Italie, six jours plus tard, le trois-quart centre Wesley Fofana n’a pu retrouver l’intégralité de ses moyens. Son cas est délicat. Habitué des forfaits chez les Tricolores ces dernières années, Fofana a pu parfois crisper le staff. Mais sur ce coup, il n’a pas été aidé. Un hématome tenace a brouillé les pistes du diagnostic. Alors qu’il continuait (en vain) de travailler individuellement, le verdict n’est tombé que tardivement, une fois le sang ponctionné: il y avait une lésion, indécelable sur les premiers examens, mais fatale ensuite.
Trois semaines d’absence comme un couperet, un triste rideau sur sa carrière internationale (48 sélections), qui, quoi qu’on en pense, ne mérite pour aucun joueur de ressembler à un embarquement en solitaire sur un vol Tokyo-Paris en tournant le dos à une Coupe du Monde. Mais le haut niveau ne s’arrête pas sur ce genre de considérations. L’après est déjà là, symbolisé par une surprise que personne n’a vu venir: elle porte le nom du Lyonnais Pierre-Louis Barassi (21 ans), bleu chez les Bleus, champion du monde des moins de 20 ans en 2018 aux côtés des Demba Bamba et Romain Ntamack.
Il était suivi depuis un moment
Il arrivera à Kumamoto, via Tokyo, ce mardi vers 19 heures (heure locale). Il découvrira ses nouveaux partenaires au moment du dîner. Le concernant, Pierre Mignoni, son entraîneur au LOU, ne tarît pas d’éloges. "C’est quelqu’un qui joue beaucoup avec nous depuis l’an dernier, rappelle l'ancien demi de mêlée international. Ça fait trois-quatre ans qu'il bosse dur avec le club. C’est génial pour lui. C’est vraiment un joueur très explosif, qui va très vite. C’est vraiment un profil second centre. On est très heureux pour lui, c’est une super nouvelle pour lui. L’ensemble du club est heureux." Barassi est un puncheur, vif, issue de la filière fédérale et suivi depuis un moment.

Bref, potentiellement l’avenir de l’équipe de France, qui va venir humer le contexte du très haut niveau à l’horizon de la Coupe du monde 2023 en France, mais aussi jouer quoi qu’il arrive, puisqu’il faudra aligner en dix jours (Etats-Unis le 2 octobre, Tonga le 6 et Angleterre le 12) trois fois 23 noms sur des feuilles de matchs. Maintenant, comme l’a précisé Mignoni, Barassi est un second centre. Et il vient remplacer Fofana, l’unique "premier centre" du squad depuis le forfait de Geoffrey Doumayrou. Alors pourquoi lui ?
Les associations possibles
Car les autres candidats n’ont tout simplement pas convaincu le staff. Anthony Belleau? S’il faisait partie des réservistes, impossible d’ignorer que le Toulonnais est un ouvreur à la base. Lui-même le revendiquait cet été durant la préparation. Et qu’avec Ntamack, Lopez et potentiellement Serin, Ramos et Dupont, le XV de France est paré à ce niveau-là. Pouvait-il glisser en premier centre? Oui. Mais comme l’a prouvé la fin de match face aux Argentins au moment de l’entrée de Lopez, Ntamack aussi. Et cette formule sera vraisemblablement amenée à être retentée dans les matchs rapprochés, avec l’un ou l’autre titulaire en dix.
Lamerat et Chavancy n'avaient pas les faveurs du staff
Et les autres? Rémi Lamerat (29 ans, 19 sélections) fait un bon début de saison avec l’Union Bordeaux-Bègles. Mais il n’a plus été appelé depuis la tournée de juin 2018 en Nouvelle Zélande (et la défaite 49 à 14 où il avait été aligné) et semblait bien moins en odeur de sainteté après la virée à Edimbourg l’hiver précédent. Henry Chavancy (31 ans, 4 sélections) aurait pu postuler. Equipier modèle, il n’aurait, à l’inverse, rugbystiquement pas les faveurs depuis le Tournoi 2018 et la défaite face à l’Irlande dans les dernières secondes.
Derrière des profils bruts, Il faudrait donc regarder au-delà et réfléchir sur des associations. Gaël Fickou et Virimi Vakatawa ont gagné leurs galons de titulaires depuis leurs premières minutes ensemble (dès l’entrée du dernier à la 57e) lors du dernier match de préparation face à l’Italie. Ntamack - qui joue au passage demi d’ouverture depuis son plus jeune âge et n’a vraiment pas semblé embêté samedi dernier de ne pas être utilisé de la sorte à Toulouse ces derniers mois - va évoluer en premier centre.
La chance de Guitoune?
Il restera alors deux éléments au puzzle: Sofiane Guitoune, qui ronge son frein, aura largement son mot à dire. Comme en Ecosse et contre l’Italie en août, il peut être associé à Fickou. Et c’est aussi valable pour former un duo avec Ntamack. C’est d’ailleurs souvent arrivé au Stade Toulousain. Mais ce dernier ne pouvant pas tout enchaîner, Guitoune pourrait être amené à évoluer premier centre à un moment ou un autre. Embêtant? Associé à n’importe quel deuxième centre, on peut penser que le Toulousain a les "mains" pour ce poste. A lui de montrer la semaine prochaine contre les Américains et les Tongiens.
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