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UFC 286: Kamaru Usman, l’heure de la revanche pour un monstre réveillé

Détrôné par Leon Edwards en août dernier dans un combat qu’il dominait, Kamaru Usman compte prendre sa revanche et récupérer la ceinture des welters ce samedi soir à Londres dans l’affiche principale de l’UFC 286 (en direct à partir de 20h30 sur RMC Sport 2). Pas du genre à se trouver des excuses, le Nigérian a travaillé pour revenir plus fort. Avec l’envie de remettre les points sur les i et "un sentiment de violence" en lui.

Et si Kamaru Usman nous faisait une Georges St-Pierre? En avril 2007, alors qu’il vient de remporter le titre des welters de l’UFC, le Québécois subit une défaite inattendue contre Matt Serra, combat à jamais rangé dans la liste des plus grosses surprises de l’histoire de l’organisation mastodonte du MMA. Derrière? "GSP" reprendra sa couronne à Serra un an après et ne connaîtra plus jamais le goût de la défaite avec treize succès de rang jusqu’à la fin d’une carrière qui le range à coup sûr dans la discussion sur le GOAT (le plus grand de tous les temps) de l’histoire de l’UFC. Il expliquera plus tard combien cette défaite lui avait "fait du bien" en le poussant encore plus fort à l’entraînement pour progresser.

Pour Kamaru Usman, détrôné du même titre des welters par Leon Edwards en août dernier après plus de trois ans de règne, cinq défenses de titre victorieuses et dix-neuf succès consécutifs, la trajectoire de la légende canadienne peut servir d’inspiration. Et bientôt de parallèle? On ne poussera pas la blague plus loin. A presque trente-six ans contre près de vingt-six pour St-Pierre lors de sa défaite contre Serra, et avec un genou en vrac qui le fait souffrir depuis plusieurs années (c'est lui qui l'explique), le Nigérian ne partira pas sur la même série que le Canadien s'il récupère le titre. Mais la comparaison permet d'expliquer l'état d'esprit de l'ancien champion à l'heure de retrouver le Britannique pour une revanche (et même une trilogie car Usman avait battu Edwards sur décision unanime lors d’un premier combat en décembre 2015) ce samedi soir à Londres en affiche principale de l’UFC 286.

Le KO infligé par "Rocky" a rallumé un feu intérieur chez le "Nigerian Nightmare". Et gare à ceux qui vont s’approcher de la flamme, à commencer par Edwards. "Ce n’était pas ma première défaite, rappelle à RMC Sport celui qui avait déjà connu un revers lors de son deuxième combat pro en mai 2013. Et tout le monde a vu ce qui s’était passé après ma première défaite : j’ai fracassé tout le monde avec dix-neuf victoires de suite. Leon a réveillé quelque chose en moi en m’envoyant dormir au sol." Malmené au premier round, où Edwards avait réussi à l’amener au sol pour la première fois depuis son arrivée à l’UFC avant de lui prendre le dos et de tenter (sans succès) de l’étrangler, Usman avait ensuite dominé les débats pendant trois reprises et demie.

L’homme alors classé numéro 1 toutes catégories confondues à l’UFC filait vers un vingtième succès de rang sans frémir. Jusqu’au tremblement de terre, un violent coup de pied à la tête qui couchait sec le Nigérian et éteignait ses sens au point de le voir avouer ne plus se souvenir de rien "sur une période vingt minutes" avant de se retrouver dans une ambulance. Beaucoup auraient crié au coup de chance et refusé de se remettre en question. Pas le genre de la maison Usman. "Être chanceux, c’est quand une opportunité rencontre votre préparation, détaille-t-il. Ce coup de pied gauche est une de ses armes principales, que ce soit pour toucher au corps ou à la tête, et il s’était entraîné pour ce coup. Je lui ai juste donné l’opportunité de pouvoir me toucher avec. C’était un superbe coup. (…) J’ai fait une erreur et je dois juste corriger ce mouvement pour m’assurer que ça n’arrive plus jamais."

Une attitude qui le rend d’autant plus dangereux. L’ancien champion s’est "remis au travail", seule solution de repartir après l’échec, et a pu le faire dans des conditions parfaites pour repartir de l’avant. "J’ai vraiment pris mon temps, raconte-t-il. J’ai parlé en interview d’une sorte de soulagement. Je voulais dire que perdre le titre calme l’agitation qui se greffe à vous quand vous êtes le champion. Tout le monde veut être proche de quelqu’un qui représente la grandeur, on veut vous emmener à droite à gauche, vous envoyer dans tel ou tel média. Ça a mis du silence sur tout ça et c’est génial. Je pouvais juste revenir au fait de me construire en tant que combattant et c’est ce que j’ai fait."

Charbonner encore et encore. Avec l’intention de remettre les points sur les i. "Ce qui s’est passé ne se reproduira pas, lance-t-il. Je serai très attentif à ce coup de pied gauche. Et je vais juste lui montrer combien je suis meilleur que lui. (…) Si on demande à n’importe qui dans ce monde, combien croient vraiment que Leon est un meilleur combattant que moi? Cette défaite ne m’a pas affecté mentalement. (…) C’était un moment choquant et décevant, car je me prépare toujours pour gagner, mais il n’y avait aucun doute dans mon esprit sur qui était le meilleur artiste martial entre nous deux."

Le Nigérian vient à Londres pour le prouver. Hué par les locaux toute la semaine, logique quand on affronte sur son sol le deuxième Britannique champion incontesté de l’histoire de l’UFC après Michael Bisping, il a gardé le sourire de celui qui sait comment l’histoire va finir. Déterminé, presque habité par sa mission, Usman compte rouler sur Edwards – et beaucoup de spécialistes voient la chose se dérouler comme ça – pour prouver sa supériorité. Avec ce petit surplus de motivation pour terminer son adversaire avant la limite et ne laisser aucune place au doute.

"Je l’ai répété ces derniers jours, j’ai ce sentiment de violence en moi. La dernière fois que j’ai ressenti ça, c’était en avril 2021 à Jacksonville, en Floride, et on a tous vu comment ce combat s’était terminé ce soir-là (victoire sur un KO brutal au deuxième round contre Jorge Masvidal, ndlr). Je dois faire mon boulot et être le Usman violent que je peux être. Comment je vois le combat? Je prendrai ce qu’il me donnera. S’il me donne son cou, je vais l’étrangler. Mais en tout cas, je me sens violent. Ça m’est arrivé trois fois dans ma carrière: contre Sergio Moraes, le premier combat contre Colby Covington et le deuxième contre Jorge Masvidal. Ce combat me donne le même sentiment de violence. Quand c’est le cas, je veux frapper quelque chose. Et quand je frappe quelque chose ou quelqu’un, je le fais tomber."

Pas soucieux de retrouver sa place au sommet du classement toutes catégories, où il réintégrera sans doute le top 3 (Jon Jones-Alexander Volkanovski-Islam Makhachev) s’il s’impose en terre londonienne, Usman compte marquer l’histoire sur ce qui compte le plus pour lui: "J’ai l’opportunité de devenir le premier combattant africain à reprendre son titre à l’UFC". Celui qui se présente aux médias comme "l'ancien et très bientôt nouveau champion du monde des welters" promet "un feu d’artifice" pour reprendre sa couronne. Il ne se projette pas plus loin même si d’autres challengers l’attendront au coin de l’octogone s’il redevient champion.

Avec un genou en vrac, qui le fait souffrir depuis des années, l’ancien lutteur qui aura trente-six ans en mai ne pourrait sans doute pas se lancer sur une longue série après la reconquête comme St-Pierre après Serra. Mais tant qu’il montera dans la cage, il restera prêt pour tous les défis. 'Mon boulot est d’être le champion et de travailler aussi fort que toujours pour continuer à avoir autant de succès. Quand ce ne sera plus le cas, je quitterai ce sport. Je n’ai pas besoin de rester plus longtemps que ça. J’ai déjà réalisé tout ce qu’on peut réaliser dans cette discipline." Il ajoutera peut-être une page à sa légende samedi soir: reprendre la ceinture au nouveau champion en allant le faire tomber dans son jardin.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport