
UFC: Fiorot raconte sa grosse blessure face à Chookagian, opération du genou à venir
La performance était déjà énorme. En battant Katlyn Chookagian sur décision unanime le 22 octobre à Abu Dhabi lors de l’UFC 280, Manon Fiorot a remplacé l’Américaine au premier rang du classement des challengers de sa catégorie, les mouches. Un exploit seulement réalisé par un certain Ciryl Gane chez les lourds dans l’histoire du MMA français. Mais quand on connaît les circonstances, la prouesse est encore plus phénoménale.
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Touchée au genou droit en juin, une rupture partielle du ligament qui a compliqué sa préparation en l’empêchant notamment d’être dans la cage pour l’UFC Paris début septembre, "The Beast" (son surnom) a rechuté lors du choc contre Chookagian. Et pas qu’un peu. "Dès le premier round, j’ai entendu un craquement, raconte-t-elle en exclusivité pour RMC Sport. Après, j’ai essayé de ne pas y penser et de continuer. Je n’en ai même pas parlé à Aldric (Cassata, son coach, co-manager et compagnon, ndlr) à la fin du round. Mais je sentais qu’il y avait un truc qui n’allait pas et qu’il y avait un problème."
Les deux dernières reprises auront donc été remportées par une Fiorot "sur une jambe" ou presque. "Je n’osais plus envoyer des coups de pied, reprend-elle. J’ai enfin regardé mon combat ce week-end et ça se voyait. Je ne me déplaçais pas comme d’habitude et je n’envoyais pas de high kicks alors que j’aurais vraiment pu la toucher. Taylor Lapilus le dit aux commentaires sur RMC Sport: 'Pourquoi elle n’envoie pas sa jambe?' Mais en fait, je ne pouvais pas. Je sentais qu’un truc n’allait pas. Je n’étais pas super stable et ça se voit car mes appuis n’étaient pas comme d’habitude. Je n’avais pas de douleur mais j’ai eu peur avec le craquement. Ça ressemblait à la même chose que quand je me suis blessée en juin."
Une situation qui permet de relativiser pour cette perfectionniste du combat. "Quelque part, ça me rassure un peu car j’étais déçue de ma performance, sourit-elle. J’étais blessée donc je comprends mieux pourquoi j’ai combattu comme ça. J’ai battu la numéro 1 avec juste une seule arme, mes poings, qui n’est pas du tout mon point fort à la base. Au troisième round, je fais un takedown pour être sûre de gagner la reprise. Mais au sol, on voit que je me relève tout de suite car je ne pouvais pas. Avant le combat, mon genou gauche était aussi blessé car j’avais compensé, il était super enflé et je n’arrivais pas à plier mes deux genoux. Pendant toute la préparation, je n’ai d’ailleurs pratiquement pas fait de grappling. Je ne suis donc pas restée longtemps au sol j’avais peur avec ce craquement avant et je sentais que ça n’allait pas."
De retour dans son fief niçois après le combat, Fiorot passe comme prévu une IRM mercredi dernier. Le verdict va vite tomber. "On est allé voir un chirurgien vraiment spécialisé à Lyon, un des meilleurs spécialistes du genou, le docteur Bertrand Sonnery Cottet, raconte-t-elle. Il a opéré Zlatan Ibrahimovic et il s’occupe beaucoup de joueurs de foot. Il a regardé ma jambe et en examinant mon genou en cinq minutes, sans même regarder l’IRM, il m’a dit que tout était cassé, que le ligament était pété. Et l’IRM a confirmé ça après. C’est une rupture totale du ligament. On avait bien fait la rééducation et les derniers IRM avant le combat montraient que c’était bien réparé. Mais apparemment, ce n’était pas assez solide…"
Résultat? "Je vais me faire opérer par lui mardi prochain à Lyon. Ça me rassure et me met en confiance car je sais que c’est un très bon chirurgien." Qui interviendra peut-être aussi… sur l’autre genou de la combattante française. "Pendant toute la préparation, vu que je compensais sur le gauche, il ne faisait que d’enfler. Une semaine avant le combat, on a dû faire une ponction car il y avait beaucoup de liquide dans ce genou. Je ne sais pas encore ce que le chirurgien va faire dessus, car j’ai d’abord rendez-vous pour une IRM de ce genou gauche ce vendredi, mais il est possible qu’il l’opère aussi en même temps."
Quitte à passer sur le billard, le spécialiste en profitera pour tout checker. "Les ligaments croisés du genou droit, c’est sûr qu’il faut opérer, faire une greffe, tout ça, précise-t-elle. Mais il va aussi regarder d’autres trucs en ouvrant le genou, comme le ménisque, et on ne pourra savoir qu’après l’opération ce qu’il a exactement fait sur les deux genoux." Il faudra ensuite revenir aux affaire "étape par étape", pas forcément l’idéal pour cette mordue de travail qui n'aime pas ne rien faire de ses journées.
"J’en ai beaucoup parlé avec les kinés et le chirurgien et chacun a son rythme donc on ne peut pas trop prévoir. D’une personne à l’autre, ça peut changer. Mais on a une liste de choses qu’on peut faire un mois, deux mois ou trois mois après l’opération. Au final, je ne vais pas rester très longtemps sans rien faire car au bout d’un mois et demi ou deux, on peut déjà commencer la réathlétisation et je crois que je peux faire du vélo au bout de trois mois donc ça va aller vite. Ce break forcé peut aussi me faire du bien sur le plan mental. Ça fait trois ans que j’enchaîne les combats tout le temps et que je ne me suis jamais arrêtée ou presque à l’entraînement. Au bout d’un mois ou deux, je vais peut-être commencer à m’ennuyer, mais je suis aussi contente d’avoir un peu de vacances."
Un contretemps médical qui ne va pas saborder sa montée en puissance chez les mouches en quête d’un combat pour le titre contre la championne Valentina Shevchenko alors que son spécialiste du genou lui a évoqué un retour dans la cage à l’été prochain. "Je voulais un prochain combat en avril, ça ne le décale que de trois mois, ce qui est déjà arrivé pour d’autres combats où mes adversaires avaient un problème. Si on m’avait demandé quand faire cette opération, j’aurais choisi là, après une victoire, quand je suis numéro 1. C’est le bon moment pour faire tout ça et pour préparer la suite. On a vu avec l’UFC pour un combat en août, ils ne sont pas inquiets et ça devrait être bon." A l’aube des plus grosses échéances de sa carrière, Manon Fiorot saura patienter pour revenir à 100% de ses capacités.