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UFC: "La ceinture est mon rêve", les ambitions de Nassourdine Imavov

Représentant de la MMA Factory parisienne, Nassourdine Imavov va vivre son deuxième combat à l’UFC ce week-end à Las Vegas lors d’une UFC Fight Night (en direct et en exclusivité à partir de 2h dans la nuit de samedi à dimanche sur RMC Sport 1). Après des débuts réussis dans l’organisation américaine, le Franco-Daghestanais fait face au défi du dangereux Phil Hawes, annoncé favori, chez les moyens. L’occasion de mieux découvrir son parcours et ses ambitions. Interview.

Nassourdine, comment vous sentez-vous avant ce deuxième combat à l’UFC ? Prête à relever cen nouveau défi?

Carrément. Je me sens prêt comme jamais. Le combat a été reporté, puisqu’il devait d’abord se tenir en janvier avant d’être repoussé à février. J’ai donc eu plus de temps pour ma préparation et maintenant je me sens plus prêt que jamais.

Il y a une "hype" qui accompagne votre adversaire, Phil Hawes, un combattant spectaculaire qui a le même bilan que vous en carrière (9-2). Cela vous donne-t-il encore plus de faire dérailler cette "hype" pour lui prendre?

Oui, carrément. Dans ce combat, je suis underdog, on me donne perdant, et c’est ça qui me motive beaucoup. En remportant ce combat-là, je sais que j’ai beaucoup à gagner, que je peux me faire connaître un peu plus. Du coup, je suis encore plus motivé.

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Selon vous, quelle sera la clé de ce combat?

Je pense que ça va se jouer debout, en striking. Il va bien sûr essayer de m’amener au sol mais on a très bien travaillé le gameplan et je pense que le combat va se dérouler en striking. C’est ce que les spectateurs aiment.

Sur neuf victoires en carrière, sept ont été obtenues au premier round. Comment expliquez-vous cela? Est-ce le symbole de votre surnom, "Russian Sniper"?

Je ne sais pas. Il n’y a pas vraiment d’explication. Je vais au combat et quand je vois une bonne occasion, je fonce. Mais je suis prêt à faire trois rounds, je me prépare toujours pour cela, pour faire des guerres, mais quand les adversaires ne suivent pas, ça se termine avant. (Sourire.) Mais je suis prêt pour les trois rounds et ce n’est pas vraiment un objectif de finir le combat avant.

On a envie d’en connaître plus sur votre parcours. A quel âge êtes-vous arrivé en France et pourquoi votre famille est-elle partie du Daghestan pour venir ici?

Je suis arrivé à neuf ans en France, dans le sud, à Marseille et ensuite on a déménagé à Salon-de-Provence. Pourquoi est-on venu? Je ne connais pas l’histoire parfaitement donc je vais éviter d’en parler. Il faudrait que je discute avec mon père pour connaître un peu plus l’histoire.

Comment êtes-vous venu au MMA?

Quand j’étais au Daghestan, comme tous les jeunes, j’ai fait un peu de lutte. Pas forcément dans une salle de club car on faisait ça entre amis, dehors, c’était notre manière de jouer. Et une fois en France, mon père m’a très vite inscrit à la boxe anglaise car il aimait bien ça. J’en ai fait quelques années et avec le temps, j’ai découvert le MMA et j’ai très vite accroché. J’ai vu que tu pouvais boxer et lutter en même temps et c’est ce qui m’a fait venir à cette discipline. J’ai commencé dans le sud de la France, à Salon-de-Provence, à cinquante kilomètres de Marseille, je me suis entraîné quelques années et j’ai fait deux combats mais c’était un peu compliqué alors avec mon frère Daguir, on a décidé de passer au niveau supérieur et du jour au lendemain, on a pris les bagages, la voiture, et on a pris la direction de la MMA Factory à Paris. C’était en 2016.

Avez-vous tout de suite senti que ce choix était le bon et que c’était là que vous feriez les plus gros progrès?

Oui, bien sûr. Il y a des sparring-partners, des préparateurs physiques, c’est très professionnel, tout est très encadré. On a très vite connu une progression et on a su qu’on était au bon endroit.

Vous finissez beaucoup de vos combats debout et êtes réputé pour votre striking. La lutte, que vous avez pratiquée tout jeune, est-elle un peu votre arme cachée?

Exactement. La lutte est très importante dans le MMA. C’est la discipline numéro 1 dans ce sport, où il est très important de savoir lutter. Et on n’a pas encore vu ma lutte. Mais c’est bien car l’adversaire qui arrive est un lutteur. Avec ce combat, on va découvrir que je sais aussi lutter et que je suis assez complet.

Cette tradition de la lutte au Daghestan explique-t-elle le nombre impressionnant de combattants daghestanais de top niveau dans le MMA?

C’est ça. Comme je le disais, la lutte, c’est le numéro 1 en MMA. C’est ce qui fait mal. Si tu ne sais pas lutter, ça va être très dur. Tu peux bien sûr t’en sortir sans mais c’est rare. Les lutteurs ont un avantage et c’est ce qui fait la force des combattants daghestanais, ce qui explique pourquoi il y a autant de Caucasiens dans les grandes organisations.

Vous avez combattu très souvent chez les welters mais vous êtes monté chez les moyens à l’UFC. Est-ce un choix définitif et pourquoi cette montée de catégorie? Perdiez-vous trop de force et de puissance avec un cutting trop important?

On est allé progressivement. Au début, j’étais un peu léger pour les moyens donc c’était risqué de passer dans cette catégorie. Mais avec mon équipe de la MMA Factory, on avait déjà prévu de passer dans cette catégorie car j’étais assez jeune quand je combattais chez les welters et on savait qu’avec l’âge, j’allais prendre du poids, de la masse musculaire. J’aime aussi bien manger donc les moyens, je pense que ça va être mon poids définitif. Je vais peut-être encore monter plus tard mais je ne me vois plus faire la limite des welters. Même si c’est possible, je suis bien chez les moyens et c’est un choix d’équipe.

Sur quoi avez-vous l’impression d’avoir le plus progressé avec Fernand Lopez depuis votre arrivée à la MMA Factory?

Fernand m’a rajouté des plus dans mon striking. Je venais de la boxe anglaise et je savais boxer mais il y avait des détails que je ne voyais pas et il m’a apporté énormément. Je le vois aujourd’hui car je suis à l’UFC. Il m’a fait comprendre que le MMA n’est pas que la boxe anglaise ou la lutte mais un mélange de tout et qu’il faut faire du MMA car beaucoup se basent sur la boxe ou sur la lutte mais il faut faire les deux, être complet. Il y a le timing aussi. Plein de choses.

Nassourdine Imavov
Nassourdine Imavov © UFC

Votre carrière a explosé en 2019 avec quatre victoires en quatre combats, dont une contre un ancien de l’UFC (Jonathan Meunier) à Ares FC 1, ce qui vous a ouvert les portes des Contender Series et de l’UFC. Mais vous avez aussi connu un bilan de 3-2 en début de carrière. Avez-vous eu des doutes sur votre capacité à réussir et à quel moment avez-vous senti que l’UFC pouvait s’ouvrir à vous?

J’ai toujours cru en moi. Il y avait parfois des doutes, mais c’est pareil pour tout le monde et il ne faut pas trop se focaliser là-dessus. Quand je doutais, si c’était le soir, j’allais me coucher et dormir. Et si c’était la journée, j’allais à l’entraînement sans trop réfléchir. Il y a toujours des doutes mais je n’ai jamais cessé d’y croire et je savais qu’un jour ou l’autre j’allais y arriver. C’est arrivé plus vite que prévu et c’est quelque chose d’énorme.

L’objectif était-il d’intégrer l’UFC ou cette étape n’est-elle qu’un début dans votre esprit?

Ah non, ce n’est que le début. L’UFC est une organisation comme une autre. Y entrer, c’est bien, mais maintenant il faut y rester. L’objectif, même si c’est encore un peu loin, c’est de prendre la ceinture de l’UFC. Il faut déjà rentrer dans le top 15 ou le top 10 mais la ceinture est mon rêve.

Le champion des moyens est l’invaincu Israel Adesanya, qui va tenter de décrocher également la ceinture des lourds-légers en mars. Est-ce un combat qui vous fait rêver?

Bien sûr. Mais ce qui me fait rêver, c’est la ceinture. Peu importe qui sera en face. Celui qui aura la ceinture, ce sera lui mon combat de rêve. Mais pourquoi pas Adesanya, oui. (Sourire.)

Avez-vous des modèles depuis vos débuts en MMA, des champions dont vous vous inspirez?

Au début, oui. Il y en a eu beaucoup. J’aimais bien Jon Jones, sa gestion des distances, son intelligence de combat. Il m’inspirait beaucoup. Après, c’était plus les strikers sur lesquels je prenais exemple car ma base est la boxe anglaise, le striking, et je prenais exemple sur eux.

Quelqu’un comme Khabib Nurmagomedov, qui vient comme vous du Daghestan, vous inspirait-il aussi ou pas tellement car vos styles sont très différents?

Il m’inspire, oui, mais pas que en tant que combattant. C’est une professionnel dans la cage mais aussi en dehors de la cage. Ses manières, son mental, il ne lâche jamais rien. Il m’inspire aussi sur tout ça mais ce n’est pas le combattant que je regarde le plus.

Votre grand frère, Daguir, est également un combattant de la MMA Factory. Qu’est-ce que cela vous apporte de partager tout ça avec lui?

Daguir m’apporte énormément. Il me motive beaucoup. A un moment, on vivait dans le même appartement et on allait toujours ensemble à la salle. Quand il y avait des moments où j’étais fatigué, où je n’avais pas trop envie, je n’avais pas le choix car il était là pour me pousser. Et inversement, même si c’était plus moi qui avait besoin de lui car c’était plus moi qui avais la flemme. (Sourire.) C’est énorme et très motivant de l’avoir avec moi.

Dans une ancienne interview, vous vous demandiez ce que cela pouvait faire d’être à l’UFC. Et maintenant que c’est fait, alors? Quelles sont vos premières impressions de cette organisation?

L’UFC est une grosse organisation. C’est vraiment énorme. Je ne suis pas trop surpris par les caméras et tout ça car je le visualisais. Dès que j’ai commencé le MMA, ça tournait dans la tête, je m’imaginais entrer dans la cage de l’UFC. Et maintenant que j’y suis, j’ai très vite pris l’habitude. Ça fait à peine six mois que j’y suis mais j’ai l’impression d’y être depuis très longtemps.

Votre arrivée à l’UFC coïncide aussi avec la légalisation du MMA en France. Qu’est-ce que cela vous fait de vous dire que vous pourriez bientôt combattre dans une salle française pour l’UFC?

C’est génial, oui. C’est un rêve de combattre en France devant son public et sa famille. J’espère que ça se fera bientôt.

Quand on vous voit en interview, on a l’impression d’un Nassourdine calme, presque timide. Vous dites-vous qu’il faudra un peu changer cela pour réussir à l’UFC, où il faut aussi savoir "se vendre" au micro? Et travaillez-vous sur ça?

Je sais qu’il faudra progresser là-dessus, bien sûr. A ce niveau-là, ce sport, ce n’est pas seulement rentrer dans la cage et se battre. Il y a les interviews, les médias, tout ça fait partie du boulot. C’est notre métier donc il faut travailler là-dessus et c’est ce que je fais. Avec Fernand Lopez, on fait parfois des mises au point là-dessus. Je sais que c’est très important mais je pense que je progresse petit à petit. Avant, c’était une catastrophe. (Rire.) Là, je me débrouille un peu mieux.

Vous ne semblez pas nerveux avant vos combats. Est-ce naturel chez vous ou est-ce le travail à la MMA Factory qui vous apporte cette confiance?

C’est surtout la préparation quand elle se passe bien, et c’est toujours le cas à la MMA Factory. Quand tu mets les gants pour du sparring avec Ciryl Gane, John Caseneuil ou Akhmed Salamov, quand tu rentres dans la cages, tu ne peux être que sûr de toi et déterminé. Quand tu tournes avec des bêtes comme ça à la salle, le combat est presque facile.

Comment imaginez-vous cette année 2021 à l’UFC? Avez-vous envie de combattre un certain nombre de fois? Un objectif par rapport au ranking?

J’imagine faire un maximum de combats. Je n’ai pas de but précis mais j’ai envie de combattre le plus possible et ce qui viendra viendra. J’aimerais aussi rentrer dans le top 15 avant la fin de l’année.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport