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Pourquoi un prince saoudien veut miser sur Sedan

Les supporters sedanais

Les supporters sedanais - AFP

Interrogé par RMC Sport, le président du CS Sedan-Ardennes, Marc Dubois, est revenu sur l’arrivée du prince saoudien Fahd en tant que partenaire de son club. Et décrypte la stratégie ainsi que les ambitions de la famille royale de ce pays du Moyen-Orient.

Comment un prince saoudien a-t-il pu jeter son dévolu sur Sedan ?

C’est une longue histoire qui a démarré quelques semaines avant que l’on reprenne les actifs du club en juillet 2013. Nous sommes entrés en relation avec des mandataires de la famille royale saoudienne. A l’époque, on a renoncé à racheter l’ancienne structure qui était trop endettée. On savait qu’on allait devoir payer le prix fort au niveau sportif, c’est-à-dire la relégation en CFA 2. De concert avec les Saoudiens, on leur a dit que l’on était sur un projet neuf, que l’on repartait de zéro, sur un club de football avec un passé glorieux. D’entrée, le centre d’intérêt, c’était la formation. L’Arabie Saoudite aujourd’hui est sur une volonté de structurer sa formation. On a démarré comme ça la discussion. Le club a été le déclencheur et le catalyseur de tout. 

Comment le projet s’est-il structuré ?

Dans mon activité, je suis opérateur de tourisme. J’ai identifié parfaitement pour être né à Sedan le caractère très structurant de toute la ville, du territoire. Très rapidement, et je l’avais dit le jour de la reprise du club, je me suis dit que c’était idiot de ne pas partager ces contacts totalement privilégiés pour faire du développement économique en parallèle. Dès le mois d’octobre on a créé une association, aidée par le conseil général des Ardennes, que l’on a appelé le Club Ardennes Export, destinée à toutes les entreprises ardennaises qui voulaient exporter leur savoir-faire sur des pays avec lesquels on a commencé à travailler pour leur relation avec l’Arabie Saoudite (Maroc, Algérie, Sénégal, pays du Golfe). On a commencé à nouer une relation partenariale. Tout cela de manière à pouvoir présenter à un investisseur potentiel un projet long terme dans le cadre duquel on ne lui demande pas de venir sponsoriser à fonds perdus, mais où on l’intègre à des business communs, et on lui propose de les développer ensemble. Autour d’une thématique générale d’activité économique, l’engagement du prince est de soutenir les projets. 

Qu’en est-il exactement du projet pour la formation ?

Le club de football a permis dans un premier temps de générer tout un mouvement d’activité, pour présenter un projet que partage un prince saoudien. Les projets partent du foot, et y reviennent par la formation. Il y a un gros projet sur le centre d’entraînement du club qu’on va complètement réhabiliter, et également un projet de tourisme médico sportif. L’idée, c’est de développer des opérations sur le château de Montvilliers, qui abrite le centre de formation et de faire un complexe médico sportif sur Montvilliers, une clinique du sport. Un produit sur lequel on va travailler, qui sera ouvert au grand public. On va cofinancer tout cela avec le prince. L’ADN du club à Sedan, c’est la formation. C’est dans les racines du club. Cette année, on travaille déjà avec un centre de formation du Sénégal. On a déjà deux jeunes sénégalais très prometteurs qui sont venus et qui jouent parfois avec l’équipe première.

Y aura-t-il un échange de savoir sur la formation ?

On ira faire un centre de formation à Ryiad dans le cadre de l’échange de savoir-faire. Le prince ne gère pas un club de football, mais il a des intérêts dans un des clubs de Riyad. L’idée est d’associer à l’aspect purement sportif du football un certain nombre de principe pour l’optimisation des conditions physiques et mentales des jeunes. L’objectif est de monter des centres de formation dans les pays cités (Maroc, Algérie, Sénégal, pays du Golfe). 

Quelle ambition sportive ?

Les premières années ont assuré le budget seul, le plus haut possible. Là, le prince nous rejoint pour les trois derniers échelons (national, L2, L1), les plus difficiles à remonter. Il nous donne un coup de main là-dessus. Ce ne sera pas le PSG, ce n’est pas du tout la même chose, même si le prince m’a un petit peu surpris sur l’ambition qu’il affichait. Nous, on disait que notre objectif était de monter le plus haut et le plus vite possible. Lui a clairement affiché l’objectif de remonter en Ligue 1, d’avoir pourquoi pas une vocation à jouer les premiers rôles.

Quel investissement de la part du prince ?

Pour ce qui est des chiffres de son investissement, ce ne sont pas des éléments qu’on a rendu publics, mais qui sont en discussion aujourd’hui. Ce sont simplement les analyses des budgets nécessaires pour suivre le plan de développement du club. Le budget de Sedan actuellement en CFA est de 2 millions et demi. Le but, c’est de s’aligner au début de chaque niveau.

Quelles sont les échéances ?

Avoir la prétention de dire ‘’je serai en Ligue 1 en telle année’’, c’est difficile. On a un petit clignotant, c’est qu’en 2019, ce sera le centenaire du club, et on aimerait bien être en Ligue 1 à ce moment-là. J’essaye d’être en Arabie Saoudite la semaine prochaine. L’objectif est de régler ça au mieux, et de lancer pleinement le partenariat sur le premier trimestre 2015.

Quel est l’accueil dans la région ?

Il y a un engouement extraordinaire. C’est historique pour le club de football, mais également pour la ville et pour le département. Je suis totalement convaincu qu’on va créer de l’emploi, dans une région qui en a besoin, avec comme phare, le club qui fédère.

la rédaction avec Nicolas Jamain