Enquête RMC Sport: comment Rudi Garcia impose sa méthode à l’OM

Rudi Garcia au milieu de ses joueurs - AFP
Arrivé le 20 octobre à l’OM à la place de Franck Passi, Rudi Garcia a rapidement posé sa patte. Avec l’entraîneur, âgé de 52 ans, l’esprit de compétition est stimulé en permanence. C’est l’une des petites nouveautés avec lesquelles les joueurs de l’OM ont accroché immédiatement. Garcia, que les joueurs « vouvoient » et appellent « coach », ponctue la plupart de ses exercices, même les plus basiques, par des challenges entre groupes de différentes couleurs.
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L’atelier favori du moment n’y échappe pas. Cinq ou six joueurs sont positionnés sur un petit circuit où l’enchaînement contrôle-passe doit se faire le plus vite possible. Le dernier joueur doit marquer dans un petit but vide. La première équipe qui termine, dans les règles, a gagné. L’exercice en lui-même n’a rien de révolutionnaire, mais il donne parfois lieu à des scènes de joie et de « chambrage » entre les groupes qui s’affrontent. Rudi Garcia confirme que « l’objectif de ces exercices est d’installer une volonté de gagner et un esprit de compétition le plus souvent possible ». Une manière de favoriser l’apprentissage et de se rapprocher au maximum de l’intensité d’un vrai match.
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Chaque atelier termine par une compétition ou un challenge
Une émulation et une concurrence que le technicien de l’OM recherche à chaque séance. C’est le cas également lors des mises en place sur corner, des séances de frappes ou de coup-francs. A chaque fois ou presque, Garcia et ses adjoints comptent les buts. « Tout le monde se prend au jeu. C’est tout bête, mais le fait de toujours installer ces petits challenges fait que l’on ne tombe jamais dans la routine. Moi qui déteste perdre, j’adore ce parfum de compétition », confie un joueur offensif de l’OM.
Lors de ces ateliers, Rudi Garcia laisse souvent la main à ses adjoints, Frédéric Bompard en tête, chargé de la mise en place de l’atelier et les premières explications. Mais Rudi Garcia ne reste jamais très longtemps en retrait. L’implication du coach de l’OM est surtout visible, disons plutôt criante, lors des oppositions. « Criante » car Garcia… donne de la voix, toujours au milieu de ses joueurs, grands gestes à l’appui. Face à un groupe plutôt jeune (24 ans de moyenne d’âge dans l’effectif complet de l’OM), dans lequel Garcia a trouvé des joueurs au bagage tactique parfois limité, Garcia multiplie les coups de sifflet pour arrêter le jeu et décortiquer une phase de jeu. Le ton est parfois scolaire, souvent autoritaire.
« On s’en bat les couilles de la couleur de vos chaussures ! »
Une « punch-line », prononcée quelques jours après la défaite à Monaco 4/0 et captée par les caméras d’Objectif Match (feuilleton hebdomadaire diffusé sur les médias du club), aurait fait les grands titres si Marcelo Bielsa l’avait prononcée, tellement les séances du technicien argentin faisaient fantasmer supporters et observateurs. « On s’en bat les couilles de la couleur de vos chaussures ! On s’en fout qu’elles soient belles. On veut qu’elles soient efficaces et qu’elles vous tiennent au pied sur le terrain ! »
Un franc-parler que l’on retrouve dans les discours d’avant-match de Garcia. « Je ne banalise jamais un discours face à mes joueurs. Toute prise de parole face au groupe est importante et je prépare donc mes causeries, tout en laissant libre cours à mon imagination ». Pour s’adapter aux circonstances, à son ressenti et aux émotions du groupe.
Cette grosse voix, et ce discours parfois sec mais distillé droit dans les yeux, plaisent dans le vestiaire marseillais. « Garcia est un mec franc (sic), confie un membre du vestiaire. Humainement, même si c’est la logique du haut niveau, on a tous eu un peu de peine quand Franck Passi est parti. Le discours de Garcia nous a à la fois stimulé et rassuré. Il te dit les choses « cash », il n’y a pas de non-dit. Il veut réussir. Il est très ambitieux. Cela se ressent au quotidien. »
Bientôt des grandes bâches le long des terrains d’entrainement
Un quotidien pour lequel Rudi Garcia ne laisse rien au hasard. Si quelques aménagements sont à l’étude au sein du centre d’entrainement Robert Louis-Dreyfus, ils viseront notamment à protéger l’intimité du groupe et des entrainements.
La configuration de la Commanderie a tout de suite fait tiquer Garcia, lui qui appréciait tant la tranquillité du domaine de Luchin… et qui n’avait pas hésité à monter d’immenses bâches autour de « Trigoria », le centre d’entrainement de l’AS Roma, pour s’assurer qu’aucun curieux ne vienne observer ses séances. « Justement, je vous annonce qu’avant Noël, Rudi va bâcher au moins un terrain d’entrainement », nous avait pronostiqué un de ses proches, juste après son arrivée à Marseille. Le pari sera bientôt gagné ! Rudi Garcia, qui se méfie des collines indiscrètes qui surplombent les terrains d’entrainement, a confirmé à RMC Sport qu’il en avait fait la demande. La livraison et la pose de ces fameuses bâches pourraient même se faire pendant la trêve de Noël !
Les employés de l’OM interdits de séance
Selon nos informations, une circulaire, envoyée par mail à tous les salariés du club, interdit aux employés de l’OM de se balader dans les allées de la Commanderie pendant ses séances. Attention, aucun passe-droit ne sera accordé. Au centre RLD, la légende raconte que même Jean-Philippe Durand s’est gentiment fait reprendre de volée ces derniers jours, coupable de ne pas avoir respecté cette consigne… valable pour tous, même pour le responsable de la cellule de recrutement !
Oui, Rudi Garcia, qui accepte d’ouvrir les entrainements au public principalement le mercredi, pour faire plaisir aux enfants, veut tout contrôler. Il y a un an, à la même époque, l’Espagnol Michel avait eu besoin d’une entrevue avec Vincent Labrune pour lui demander d’établir, sur papier, un organigramme définissant les rôles de chacun pour asseoir son autorité. Avec Garcia, pas besoin de piqûre de rappel. L’entraineur de l’OM est LE boss du secteur sportif.
Pas encore de « Conseil des sages », mais des leaders souvent consultés
Son autorité ne souffre, en effet, d’aucune contestation. Après les péripéties du match à Dijon, décalé d’une journée à cause du brouillard, Garcia glisse publiquement un petit mot à ses équipes, du staff technique aux intendants, « en leur demandant de ne pas se relâcher ». Dans le vestiaire, Garcia prône également un maximum d’échanges entre joueurs et de remontées d’informations vers le staff. « Je n’ai pas encore mis en place de Conseil des sages », confie d’ailleurs Garcia. « Je ne sais pas si je le ferai, mais cela ne m’empêche pas de parler un maximum avec mes leaders de vestiaire. » Bafétimbi Gomis, Lassana Diarra, Rolando, Rod Fanni sont souvent sollicités pour que Garcia et ses adjoints prennent le pouls du vestiaire olympien.
Garcia veut tout contrôler
Côté communication externe, tout est également rôdé, minuté. Depuis son arrivée, les conférences de presse sont plus courtes et Garcia préfère que chaque journaliste pose « une question à la fois », peut-être pour éviter les relances et les sujets qui fâchent. L’entraineur de l’OM est aussi tenu informé des demandes d’interview et des rendez-vous de ses joueurs avec la presse. Quitte à se montrer parfois un peu paternaliste. Exemple avec le jeune Maxime Lopez. Rudi Garcia veut tellement protéger son jeune joueur que la responsable communication du club n’a pas hésité à faire pression sur les parents du joueur pour leur demander de ne plus répondre aux sollicitations des médias.
Vacances prolongées en cas de victoire(s)
Pour les fêtes de fin d’année, chaque joueur aura d’ailleurs son petit livre de conduite. Poids de forme à ne pas dépasser, exercices physiques à ne pas oublier, conseils alimentaires à respecter, Rudi Garcia et son staff ne laisseront rien au hasard. Preuve que tout est question de challenge, le coach de l’OM a même avoué vendredi qu’il accorderait un peu plus de congés à ses joueurs selon les résultats à venir contre Lille et Bastia. Un jour de repos par victoire, c’est en gros la carotte proposée aux joueurs, qui pourraient ne rentrer de congés que le 31 décembre, s’ils parviennent à enchaîner deux succès de rang, contre le 29 si l’OM ne bat ni le LOSC, ni les Corses.
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