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Valbuena dans Team Duga: "L’année la plus difficile depuis le début de ma carrière"

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Invité exceptionnel de Team Duga ce jeudi sur RMC, Mathieu Valbuena s’est confié sans langue de bois sur son année difficile, ses objectifs à Lyon et son sentiment vis-à-vis de l’équipe de France.

Comment va la santé ? Vous avez l’air bien vivant…

(Rires) C’est vrai qu’il s’est dit plein de choses. Je vais très bien, la santé va bien, je suis débarrassé de mes pépins physiques. J’ai eu des soucis d’adducteurs, une épaule, mais là tout va bien. De retrouver les terrains, ça fait plaisir.

Après cette année agitée, comment vous sentez-vous ?

C’est vrai que 2016 a été très compliquée. Extra-sportivement et sportivement, c’est lié je pense. Je n’ai pas eu des choses faciles depuis le début de ma carrière, mais c’est comme ça que j’y suis arrivé. Je pense avoir fait une belle carrière, même si elle n’est pas finie. Je me suis toujours accroché et j’ai toujours donné le meilleur de moi-même. Des moments durs, il y a en a eu. C’est l’année la plus difficile depuis le début de ma carrière. Ça a été compliqué, on peut toujours douter dans sa tête, mais moi je suis quelqu’un qui essaye d’aller vers l’avant et de positiver dans ces moments difficiles.

Avez-vous eu envie de tout lâcher ?

Jamais. Ce n’est pas dans ma nature. Tout ce qui s’est passé en un an, c’est plus que certains ont vécu en huit-neuf ans de carrière. Mais je n’ai jamais eu l’intention de lâcher. Ça a été dur, mais j’ai une famille, j’ai des amis qui sont là, et ils ont pu rester près de moi pour me soutenir. C’est important pour un footballeur d’être bien encadré. Il y a eu le transfert à Lyon, il y a eu beaucoup de choses qui se sont passées cette année qui ont fait que ça a été compliqué, mais j’essaye de rebondir, de laisser tout ça derrière moi pour faire une belle saison et réussir dans ce club, ce qui était mon objectif.

Avez-vous des regrets ? Comme avoir pris la décision de signer à Lyon, ou de lancer les procédures juridiques dans l’affaire du chantage…

Je n’ai aucun regret. Vraiment aucun. Lyon, pour moi, c’est un très bon choix. Sportivement, il y a la Ligue des champions, j’ai retrouvé cette compétition-là, tout joueur a envie de la disputer. Et il y avait un projet ambitieux. Après ce n’est pas toujours évident. Ce que ne comprennent pas les gens… Valbuena n’a pas le droit de se louper une année. Mais moi, je n’appelle pas ça se manquer. Il s’est dit beaucoup de choses sur mon compte qui ont été fausses. On a trop parlé de moi. J’étais une recrue phare… Mais le contenu de mes matches n’a pas été aussi catastrophique que ce que l’on a pu dire. Les critiques font avancer, et ça a toujours été comme ça depuis le début de ma carrière. Concernant l’extra-sportif… Les blessures sont peut-être liées à ça. Avant que je signe à Lyon, j’avais été épargné par les blessures. C’est peut-être l’âge aussi. Mais je le répète, je n’ai aucun regret, je trace ma route, et mon objectif c’est de réussir ici. On m’a fait confiance, et quand j’ai une idée derrière la tête, pour dire ça poliment, je ne l’ai pas ailleurs.

Pensez-vous pourvoir vous qualifier pour les 8es de finale de la Ligue des champions (victoire par de plus d’un but d’écart nécessaire face à Séville) ?

On revient de loin, même si nos contenus de match en C1 ont été satisfaisants. Contre la Juve, c’était encourageant. On n’était pas très bien en course, mais finalement on a notre destin en main, et gagner 2-0, c’est un exploit réalisable. Mais il faudra faire beaucoup mieux que ce qu’on a fait contre Zagreb.

Quel pourcentage de chances de passer vous donnez-vous ?

Ce sera devant notre public, c’est une finale. Ce serait formidable. L’an dernier on est passé à côté de notre épopée en Ligue des champions, c’est regrettable. Maintenant, on a l’opportunité de jouer cette finale, qui sera difficile, contre une très bonne équipe. On a notre destin en main, et on sera encouragé par nos supporters. Ce genre de match, c’est des moments magnifiques. Comme quand on gagne à Dortmund avec Marseille (victoire 3-2 et qualification pour les 8es de finale en 2011). C’est des moments dont il faut profiter, et il faut y croire.

Pouvez-vous nous parler de votre relation avec Bruno Genesio et avec vos coéquipiers ?

Il s’est dit beaucoup de choses sur moi et je n’ai pas voulu intervenir, même quand j’ai entendu dire qu’il y avait des problèmes d’affinités… Personnellement, je n‘ai eu de problème avec personne. Les joueurs me respectent beaucoup, comme je les respecte aussi. Ils se connaissent forcément mieux entre eux vu qu’ils sont formés ensemble, mais le foot c’est autre chose, quand tu es sur le terrain tu essayes de dépasser tout ça, et donc moi je n’ai eu aucun problème. Ma relation avec le coach se passe normalement. Depuis le début de la saison, je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu, notamment à cause des blessures. J’ai besoin de jouer, et on verra bien ce qui se passera.

Est-il envisageable de vous voir quitter Lyon cet hiver ?

Je ne me pose pas cette question. J’ai beaucoup de matches jusqu’à Noël. Après on verra, mais je ne pense pas que ce soit la meilleure des solutions. Dans le foot, tout est possible, on peut dire des choses et faire le contraire peu de temps après. Je ne me fixe pas sur ça. J’ai des échéances, je suis content d’être revenu. C’est encourageant ce que je fais, mais je peux faire beaucoup mieux et physiquement, je peux monter en puissance.

On sent qu’il y a comme un doute…

Je suis un compétiteur, j’ai envie de jouer des matches. J’ai joué trois matches titulaires depuis le début de la saison. A chaque fois qu’on a fait appel à moi, je me suis montré présent, en débutant ou en étant remplaçant. On verra l’évolution. Un joueur comme moi a besoin de temps de jeu pour être en forme. On respecte les décisions du coach. Mon objectif, c’est de réussir dans ce club. On m’a fait confiance, et je n’aime pas les échecs. Quand j’étais à Marseille, la première année, j’ai failli être prêté à Lorient. J’ai dit : "Hors de question, je veux réussir à Marseille". On sait ce qui s’est passé, et moi, j’ai envie de réussir ici, et je vais tout faire pour.

Vous voyez-vous finir votre carrière à Bordeaux ou à Marseille ?

Forcément… Marseille. Je me suis déjà posé la question d’aller à Bordeaux aussi. C’est deux clubs différents. Marseille, c’est quelque chose de fort pour moi et ça restera toujours mon club, même si je suis Lyonnais et que je fais tout pour Lyon. C’est vrai que Marseille a toujours été dans ma tête. Bordeaux ce serait un beau clin d’œil, vu que je n’ai pas réussi à finir ma formation là-bas. C’est des rêves et on ne sait pas si ça peut devenir réalité, mais le football nous réserve pas mal de surprises.

Si jamais vous recevez un coup de fil de Franck McCourt pour cet hiver ?

On verra bien. Ce n’est peut-être pas la solution aujourd’hui. J’y ai vécu de belles choses, mais y revenir là, maintenant…

Vous n’en voulez pas aux supporters de Marseille qui vous ont sifflé au Vélodrome ?

Pas du tout. Le match à Marseille m’a marqué et a marqué pas mal de monde, mais je peux vous assurer que quand je rentre à Marseille, les gens n’ont que des mots sympathiques à mon égard. En contexte de match, une minorité se transforme en tout un stade. Je suis fier d’avoir réussi dans ce club-là et pourquoi pas un jour y revenir, mais on ne sait pas quand.

Continuez-vous à suivre l’équipe de France ?

Au début c’était un peu compliqué. Mais je les suis toujours. Ça a toujours été quelque chose de très fort pour moi et donc évidemment, je les suis encore.

Avez-vous fait une croix sur les Bleus ?

Déjà, je suis fier de ce que j’ai fait en Bleu. Pour un joueur qui n’était pas destiné à faire une carrière de haut niveau, faire la carrière internationale que j’ai pu faire, j’en suis fier. Je ne renonce pas à l’équipe de France, mais il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Il faut déjà jouer à Lyon, être bon à Lyon, et après on verra ce qu’il se passera. Il y a des étapes à franchir avant de penser aux Bleus, et ces étapes, c’est avec Lyon.

Avez-vous été contacté par le staff de l’équipe de France ?

Avant l’Euro.

Il n’a pas été question d’un nouveau cycle qui se ferait sans vous ?

On a eu une discussion qui restera entre nous, mais il ne m’a rien dit de tout ça.

Le 16 décembre, la cour d’appel rendra son verdict sur la requête en nullité sur l’affaire des écoutes téléphoniques. Seriez-vous attristé si un non-lieu était prononcé ?

Franchement, on verra. Moi j’ai fait ce que, je pense, n’importe quel citoyen aurait fait. On m’a fait du chantage, j’ai déposé une plainte, et une affaire suit son cours. Ils rendront le verdict qu’ils jugeront le meilleur.

Seriez-vous prêt à jouer avec Karim Benzema ?

Bien sûr, pourquoi pas, il n’y a pas de problème. Je fais toujours la différence entre ce qui se passe sur et en dehors du terrain. Je me suis toujours très bien entendu avec lui sur le terrain, vous avez pu le constater.

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