Faut-il croire la Sky ou douter des performances de Froome ?

Pour tenter de couper court aux rumeurs et avaler les Alpes sans trop de remous, la formation Sky a donné quelques biscuits ce mardi à la grappe de journalistes venus couvrir la conférence de presse de Chris Froome, Geraint Thomas et Dave Brailsford. Autrement dit, l’équipe anglaise a profité de la journée de repos pour divulguer quelques données physiologiques et de puissance de l’actuel Maillot Jaune.
Après celles « tombées du camion » et qui retraçaient sa montée du Ventoux en 2013, la Team Sky a rendu publiques (via Tim Kerrison, le responsable de la performance de l’équipe britannique) les données du « Kenyan Blanc » lors de la montée décriée de La Pierre-Saint-Martin (10e étape).
414 watts de moyenne
Et concrètement, qu’apprend-on ? Ou plus exactement, qu’a-t-on bien voulu donner comme chiffres et autres données aux médias ? Que lors des 13,5km d’ascension, Froome avait un plateau compact de 52 et 38 dents à l’avant, et des pignons allant de 11 à 28 dents. Que sa fréquence de pédalage moyenne était de 97 tours/minute. Que sa fréquence cardiaque moyenne était de 158 battements par minute, avec un pic à 174 pulsations. Que sa vitesse moyenne était de 25,3 km/h, avec une pointe à 27,7 km/h.
Enfin, que « Chris est monté en 41 minute 28 à 414 watts de moyenne, conclut Kerrison. Avec un poids d’environ 67,5 kg, c'est une puissance moyenne de 5,78 watts/kg. »
« Pas de raison de douter ou de dire qu’il est dopé »
« Les arguments avancés sont tout à fait dans l’air du temps et les chiffres annoncés sont cohérents par rapport à ce que l’on sait de la physiologie de l’exercice sur ce type de sportif, estime ce spécialiste de la performance interrogé par RMC Sport, qui souhaite conserver l’anonymat. On s’excite beaucoup sur le cas de Froome mais on pourrait prendre le contrepied et regarder la hiérarchie des gens qui sont derrière lui, et s’interroger sur certains cadors qui sont dépassés aujourd’hui par des coureurs qu’ils dominent d’ordinaire. On n’en parle pas mais cela prouve que comprendre une performance est complexe.
Donc là, à l’heure actuelle, en tant que scientifique et neutre, je n’ai rien d’objectif pour pouvoir remettre en question sa performance. Concrètement, je n’ai pas de raison particulière de douter ou de dire qu’il est dopé. Il n’y a pas de raisons de dire quoi que ce soit de négatif sur son compte. Il a droit à la présomption d’innocence. »
Arguments contre contre-arguments
Des arguments recevables mais qui ne suffiront pas à endiguer la vague de suspicion qui entoure actuellement Froome et ses boys.
D’autant que la marge d’erreur admise par les spécialistes est de 10%, que la durée de l’ascension donnée par la Sky diffère de celle chronométrée par certains analystes (41’28 contre 40’43), que le poids corporel de Froome ne correspondrait pas à la réalité (67,5 kg contre 64 kg), qu'il manque d'autres données essentielles à toute conclusion (VO2 max, PMA, rendement énergétique,...) ou encore que les chiffres fournis sont invérifiables et qu’ils ont pu être volontairement maquillés, minorés voire bidonnés. Bref, autant de contre-arguments qui n’ont pas fini d’alimenter la polémique.