"Strasbourg fausse le championnat", le fastueux mercato alsacien fait tiquer l’After Foot

Avec 18 recrues et des mouvements étroitement liés à Chelsea, le club phare de BlueCo, le consortium auquel il appartient, Strasbourg a mené un mercato très actif mais aussi sujet à de sérieux doutes sur des montages étonnants. Le débat a agité l’After Foot lundi.

Et Ben Chilwell qui fait 18. Strasbourg a conclu son mercato hyperactif par la signature du défenseur international anglais (28 ans, 21 sélections), lundi. Un mouvement illustrant la nouvelle dimension prise cet été par le club alsacien, traditionnellement peu habitué à faire venir des joueurs de cette stature internationale. Mais son passage en 2023 dans le consortium BlueCo, propriétaire de Chelsea, a radicalement changé la donne ces deux dernières années. Avec un net coup d’accélérateur ces deux derniers mois.

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"Strasbourg ne se gêne pas pour faire monter ses recettes plus ou moins artificiellement"

Le RCSA a déboursé près de 127 millions d’euros pour se renforcer cet été, avec un peu plus de 85 millions d’euros de vente. Dans un contexte de crise des droits TV, Strasbourg est l’un des rares clubs français à afficher une balance déficitaire sur le marché des transferts cette année. Et les dirigeants ont fait jouer à plein régime le filon avec Chelsea avec six mouvements entre les deux "frères". Cela suscite de nombreux doutes comme ce fut le cas dans l’After Foot, lundi.

L'avis de Jean-Louis Tourre : "Strasbourg fausse le championnat" – 01/09

17:33

"Selon moi, Strasbourg fausse le championnat et peut faire des trucs que les autres clubs européens ne peuvent pas se permettre", estime le journaliste Jean-Louis Tourre. "Je vois là-dedans une distorsion de concurrence. Strasbourg fait des trucs que les clubs en multipropriétés qui ont des modèles similaires ne font pas: Toulouse n’a jamais fait de transferts avec Milan (détenus par RedBird Capitals), Nice jamais avec Manchester United (détenus par INEOS)."

"Le gros problème, ce sont les transferts internes à BlueCo, il n’y a rien d’illégal mais c’est une façon de contourner les règles et les obstacles", insiste-t-il jean-Louis Tourre.

Il développe: "Là où un club européen lambda doit dépenser l’argent qu’il génère – c’est le fair-play financier-, Strasbourg ne se gêne pas pour faire monter ses recettes plus ou moins artificiellement."

"Comment se passe la négociation, sachant que ça se décide entre BlueCo?"

Le journaliste s’étonne ainsi des étranges va-et-vient de Mamadou Sarr (19 ans), envoyé d’un club à l’autre en quelques jours dans un drôle de montage. "Le cas le plus fort pour moi est Mamadou Sarr, recruté 10 millions d’euros à l’été 2024 à Lyon, vendu cet été par Strasbourg à Chelsea pour 14 millions d’euros et reprêté à Strasbourg", s’étonne-t-il. "En gros, tu amortis ton recrutement de dix millions d’euros, tu fais une plus-value et tu bénéfices du joueur dans ton effectif. Tu peux conclure ton mercato en disant que tu as vendu pour 100 millions d’euros avec Habib Diarra et Dilane Bakwa."

Jean-Louis Tourre s’interroge aussi sur la manière dont les indemnités de transferts sont déterminés entre les deux clubs de la même famille "comme Mathis Amougou, recruté à Chelsea contre 14 millions d’euros", illustre-t-il. "Je ne sais pas comment se passe la négociation à ce moment-là, sachant que ça se décide entre BlueCo", poursuit-il. "Pareil pour Ishé Samuels-Smith, recruté 7,5 millions d’euros (par Strasbourg) alors que sa valeur marchande indiquée est de 700.000 euros. Mais il a déjà été prêté pour libérer une place à Chilwell, transféré définitivement parce que Strasbourg a déjà trois joueurs prêtés (par Chelsea à Strasbourg). C’est un transfert qui, normalement, ne peut pas exister à Strasbourg sur un mec recruté 50 millions d’euros il y a cinq ans."

Le mutisme du football français étonne

"La multipropriété continuera mais je pense que qu’il faut réguler les choses, interdire ces transferts internes. C’est la porte ouverte à tous les conflits d’intérêt, les commissions d’agents", prévient-il. Il conclut son point de vue en pointant du doigt une différence de traitement réservé par le football français aux méthodes strasbourgeoises. Une grand mutisme qui détonne au regard des levers de bouclier des clubs contre l’OL la saison dernière, notamment autour du prêt de Thiago Almada.

"Les clubs, Jean-Pierre Caillot (président de Reims) en tête, se sont entendus pour dire que Lyon brisait quelque chose parce que la DNCG interdisait le recrutement mais y arrivait quand même par les prêts payants… Strasbourg fait des trucs que les autres ne peuvent pas faire comme Textor faisait des choses qu’il ne pouvait pas faire. S’ils se plaignaient l’année dernière, il faut se plaindre là-aussi."

NC