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JO Paris 2024: plongez dans les coulisses du premier test event à Marseille

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C’est le premier parfum des Jeux olympiques en France, tout n’est pas encore prêt, mais le chemin semble bien tracé. Ce premier test event sur le territoire français permet à Paris 2024 d’organiser une répétition générale à un an des JO dans la cité phocéenne. RMC a passé la semaine au cœur de la Marina du Roucas-Blanc à Marseille.

Le chemin est encore sableux pour accéder au Media Center de la Marina du Roucas-Blanc à Marseille. Les grillages provisoires tracent la route des accrédités, les fouilles de sécurité s’effectuent dans des locaux provisoires au bord de la Corniche, de l’extérieur les travaux sur le site marseillais semblent encore importants. Il faut passer cette première barrière pour accéder au cœur de la base nautique, là où tout se déroule. Et l’image globale du site prend une tout autre interprétation. 70% de la marina est terminée, les travaux concernent seulement deux (les plus visibles depuis la route) des cinq bâtiments construits pour l’occasion. Au total, l’investissement représente 55 millions d’euros.

Après le passage d’un petit terre-plein, l’image est assez impressionnante lorsqu’on débarque avec une vue à 180° sur la marina. Les palmiers peinent à prendre leur envol, l’herbe n’est pas encore posée mais la vue est exceptionnelle. Une vue qui surprend les athlètes étrangers lors de leur arrivée sur la zone. La marina toute neuve au premier plan, à l’abris du vent avec une eau calme comme un lac en plein cœur de Marseille, l’Ile du Frioul au second plan. Marseille impressionne. "Je dois avouer qu'ici, il y a quand même quelque chose d'extraordinaire avec cet écrin, commente le président de la Fédération française de voile, Jean-Luc Denéchau. Je pense aux images à la télévision et quand le monde entier va voir ce littoral, il n'aura qu'une seule envie, c'est de venir découvrir la France et découvrir Marseille."

"Ça permet de tester nos process"

Passé la première impression du paysage, l’événement reste quand même le test event marseillais. Pour cette répétition générale avant les Jeux olympiques, plus de 1.200 personnes sont accrédités, dont 350 skippers. Elément essentiel pour le bon déroulement des épreuves, 300 volontaires sont mobilisés sur cette semaine de compétition, ils seront plus de 400 l’année prochaine pour les Jeux. "Ça permet de tester nos process et nos équipes. Les process comme la logistique, les transports des athlètes ou encore les processus d’accréditation. On le fait en miniature ici pour pouvoir le reproduire sur l’ensemble des sites olympiques dans un an", explique Édouard Donnelly, directeur exécutif des opérations de Paris 2024.

Un maitre mot chez l’ensemble des volontaires et des personnels de Paris 2024 : l’anticipation. Les incidents qui se produisent lors de cette semaine sont répertoriés et remontés aux organisateurs pour éviter un cas similaire dans un an. Les prochains aménagements avant une livraison complète du site en février 2024 devraient porter sur la partie balnéaire. Dans un an, les athlètes seront aussi regroupés dans deux hôtels qui serviront de "mini village olympique" à Marseille. "Nous avons lors de ce test event le plan d’eau définitif de Paris 2024, il sera identique lors des Jeux avec une sécurisation importante effectuée par la Préfecture maritime", poursuit Cédric Dufoix, responsable des sites de la partie sud pour Paris 2024.

Et d’ajouter : "En moyenne sur une journée de compétition, nous avons 500 bateaux sur l’eau entre ceux en compétition, les coachs-boat, les bateaux presse et ceux de l’organisation. Un peu de pression pour ce test event, on ne va pas tout tester, on teste essentiellement le sport, la sécurité en mer… Mais pas le public. Il y aura d’autres tests en aout et septembre pour l’accueil du public." En visite cette semaine à Marseille, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra a apprécié la beauté du paysage à bord d’un bateau en plein milieu du littoral marseillais. "Ce plan d’eau est somptueux, à la hauteur de Marseille, de ces Jeux et de ce qu’on veut en faire tous ensemble pour le pays, indique la ministre. Je trouve que c’est une opportunité exceptionnelle de se projeter."

Une partie du public sur des bateaux en 2024 ?

En juillet 2024, ils seront 12.000 spectateurs par jour sur les bords du littoral marseillais. "Un véritable engouement autour de la billetterie pour la Voile à Marseille", explique des membres de l’organisation. Surement le sport le plus accessible de la quinzaine olympique. L’ensemble des billets étaient vendus au prix de 24 euros. La plage du Prado doit permettre d’accueillir les spectateurs, debout, devant des écrans géants disposés pour l’occasion. "J’espère que l’organisation mettra à disposition des jumelles", sourit un coach d’une équipe étrangère.

Mais la petite nouveauté pourrait venir de la mer. En pleine semaine, Paris 2024 a testé la sortie en mer pendant les épreuves de voile. Ce n’est pas encore acté mais l’expérience sur le littoral marseillais pourrait donc s’enrichir. Le public devrait être assez proche de certains athlètes sur la plage, mais cette petite nouveauté pourrait marquer les esprits auprès du public marseillais. L’organisation de ces séquences avec le public restent quand même complexe, rien qu’au niveau de la sécurité en mer. Ce test event marseillais doit permettre à l’organisation de prendre une décision dans les prochaines semaines. "Le feu d’artifice ça sera dans un an, on monte en puissance pour la grande fête l’été prochain", conclu Édouard Donnelly.

Un plan d’eau très technique ?

Côté sportif, le plan d’eau et ses spécificités ne passent pas inaperçus. Les skippers étrangers qualifient ce site de "très technique". L’essentiel de cette semaine de test event repose quand même sur les essais sportifs pour les skippers présents. "Pour nous c’est une expérience de vivre le brouillon des Jeux, explique Lauriane Nolot, engagée avec l’équipe de France en Kite-Foil. On découvre un peu mieux le format des Jeux et le plan d’eau à Marseille." D’habitude, Lauriane, qui se présente comme un ‘surfer d’argent des temps moderne', réalise ces entraînements à Hyères dans le Var. "Hyères est un plan d’eau assez facile, ici à Marseille la baie est fermée avec du mouvement dans l’eau, analyse la spécialiste du Kite-Foil. Le vent et la mer sont joueurs sur ce plan d’eau. Les Jeux sont à domicile, on va essayer de mettre le plus de billes dans notre poche pour réussir en essayant de venir très souvent à Marseille pour s’entrainer."

Le plan d'eau pour la voile à Marseille lors des JO 2024
Le plan d'eau pour la voile à Marseille lors des JO 2024 © RMC Sport

Tim Mourniac, membre de l’équipe de France, engagé avec Lou Berthomieu en Nacra 17 poursuit sur l’analyse de ce plan d’eau : "Déjà, c’est une ville encastrée dans du relief. Le plan d’eau est plus ou moins fermé par l’Ile du Frioul. Je dis plus ou moins car sur certains secteurs de vent ça va emmener des conditions parfaites et d’autres ou les vagues pourront entrées. Le littoral face aux vagues est assez fermé. On se retrouve facilement avec des marmites de vagues. Sur des bateaux volants comme le nôtre, c’est assez technique. Le relief fait beaucoup varier le vent. La variation vent/vague est très difficile à gérer. Clairement, ce plan d’eau va couronner le marin le plus complet et polyvalent."

En attendant, les participants doivent suivre un processus d’organisation qui se rapproche fortement de celui des Jeux olympiques. "C’est une chance incroyable, explique Tim. Il n’y a qu’un français par catégorie présent lors de ce test event à Marseille. Il faut avoir une rigueur pour ne pas faire de boulette pendant cette période." Et de poursuivre avec un exemple : "On parle à un journaliste en ce moment [rires], chaque soir après la course on doit passer par la zone mixte pour le débrief avec les médias, poursuit Tim. Cette séquence, on n’a pas vraiment l’habitude de l’avoir sur les autres régates. L’enjeu sur l’eau est important, mais il y a aussi des petits trucs à côté à prendre en compte." Au final, cette répétition générale à un an des Jeux sert même de média training pour les athlètes.

Nicolas Pelletier et Yves Pulici, à Marseille