"Je dois être la première à jouer avec les seins refaits": les confidences d'Océane Dodin, de retour après une longue parenthèse

Océane Dodin, depuis le tournoi de Limoges en décembre dernier, on vous avait perdu de vue. Que s'est-il passé?
Toujours mes problèmes à l'oreille interne qui me provoquent des vertiges. J'avais essayé de jouer la saison indoor fin 2024 parce que c'est là où j'en ai le moins et je suis le moins gênée. Mais psychologiquement, c'était trop dur et vraiment, j'étais trop gênée. Donc j'ai décidé de faire une pause, d'essayer de régler le problème pour tenter de revenir en étant au top. Alors ce n'est toujours pas résolu, mais ça va un petit peu mieux. J'essaye de revenir tout doucement en indoor, c'est pour ça que je reviens à Reims.

C'est une gêne que vous aviez déjà évoquée...
Oui, j'ai ça depuis une dizaine d'années et on ne sait pas exactement quoi faire. On sait que j'ai un problème à l'oreille interne, mais comment le résoudre, il n'y a pas trop de solutions.
Qu’avez-vous fait pendant 9 mois?
C'était un peu le yo-yo. J'ai retapé deux mois après avoir arrêté, pendant trois mois. Après, c'était l'été et je voyais que ça n'allait pas mieux, donc ça m'a mis un petit coup au moral. J'ai arrêté de taper pendant trois, quatre mois. Et là, ça fait un mois que je retape au Cap d’Agde.
Sur votre compte Instagram, vous n’avez pas caché une décision rare pour une sportive de haut niveau. Est-ce que vous en parlez librement?
Mes seins, c’est ça? (Océane Dodin a révélé sur Instagram avoir entrepris une augmentation mammaire, NDLR)
Oui, parce qu'on pense tous à Simona Halep, qui avait effectué la démarche inverse (une réduction mammaire, NDLR) lorsqu’elle était junior. Vous n’avez pas eu le sentiment de prendre un risque?
Je vous avoue que c'est mon premier match avec (l'entretien a été réalisé après son 1er tour remporté à Reims), mais je ne suis pas gênée, c'est déjà pas mal... Après, c'est quelque chose que j'avais envie de faire depuis longtemps et c'est vrai que j'ai profité de cette pause parce que je me suis dit que comme il faut s'arrêter à peu près deux mois après l’intervention, quand on est dans la saison, ce n'est pas possible. Alors je me suis dit "quitte à m'arrêter six mois, autant faire ce dont j'ai envie". Et puis je préfère le faire maintenant qu'à 40 ans, quand j'aurai fini ma carrière. Je suis très contente de l'avoir fait, je ne regrette pas du tout et ça ne me gêne pas. Tout le monde m'a dit: "Tu ne vas pas réussir à jouer". Comme si j'avais mis des pastèques (rires). Ils ne sont pas petits, mais ça ne me gêne pas pour jouer. Il y a des brassières adaptées. Vous évoquez Simona Halep, mais ils étaient très très gros. Ça la handicapait pour le coup. Mais oui, c'est vrai que je dois être la première à jouer avec les seins refaits, il faut bien une première à tout.
Le chirurgien ne vous a pas mis en garde? Il savait que vous étiez une sportive de haut niveau...
Oui, il me connaît bien, il était venu me voir à Roland-Garros en plus. C'est un ami, donc il me connaît très bien. J'en ai beaucoup parlé avec lui, où poser les prothèses pour ne pas que ça me gêne, bien mettre une brassière pour maintenir, etc... C'est des trucs de filles ça, mais voilà, tout était prévu. Je lui ai demandé et il m'a dit que ça ne me gênerait pas. S'il m'avait dit le contraire, je ne l'aurais pas fait. Quoique...
Vous en parlez avec un naturel…
Oui moi, je ne prends pas la tête. Je suis là pour kiffer, pour profiter au maximum, je suis "nature peinture".
Pour en revenir à vos problèmes d'oreille interne, vous dites qu’en indoor, ça vous gêne moins. Est-ce que ça veut dire qu'en extérieur c'est très violent?
Oui avec le soleil, ça m'empêche vraiment de jouer. Sur le terrain, je vois trois balles, c'est vraiment compliqué. En indoor, je ne peux pas vous expliquer pourquoi ça va mieux, c'est certainement parce qu'il n'y a pas le ciel. Ça me fait comme des vertiges, la tête qui tourne, des instabilités... Donc je pense que quand il y a la chaleur, le soleil et tout, ça gêne encore plus que dans des conditions comme ici.
Comment vous êtes-vous sentie pour cette reprise?
Ça va. Alors physiquement, c'est un peu compliqué, surtout que le niveau évolue aussi. Quand on ne joue pas, les filles jouent de mieux en mieux. Mais moi, j'aime bien l'indoor, je me régale. Donc voilà, j'ai repris le plaisir. Le petit stress pendant le match, ça m'avait manqué, l'avant-match et tout. Mais les sensations, ça va pour le moment, c'est plutôt bon. Après, j'essaie de rester sur les mêmes schémas. C'est plus physiquement où je pense que ça va être compliqué, surtout au début, parce que je n'ai pas beaucoup travaillé physiquement. J'ai plus recommencé à taper. Mais voilà, ça va. Je ne me mets pas la pression, mais c'est sûr que physiquement, j'espère pouvoir tenir quelques matches.
J'imagine que ce long arrêt débouche sur un classement protégé…
Je crois qu'il est à 110.
Ça veut dire que l'Open d’Australie est dans les plans?
Oui, si j'arrive à jouer dehors. Mais je pense que oui, ça ira d'ici là, je vais sûrement faire les qualifs de l'Open d'Australie, enfin j'espère. Ça va arriver vite finalement parce qu’on est déjà au mois d'octobre, mais c'est dans mes objectifs de pouvoir le faire.
La question bête: il n'y a plus de revenus pendant neuf mois, comment on fait?
Avec les investissements de l'argent d'avant, on arrive à vivre.
Le chèque de l’Open d’Australie 2024 (son 8e de finale lui avait rapporté environ 230.000 euros, NDLR)?
Oui. On n'est pas millionnaire, mais on arrive à vivre avec l'argent qu'on a placé depuis le début de la carrière jusqu'à maintenant.