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"Je me suis dit qu'on n’allait pas le faire": comment les Bleues du rugby se sont sorties du piège irlandais? Joanna Grisez raconte ce quart de finale plus compliqué que prévu

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Secouées, menées de 13 points (13-0) à la pause par les Irlandaises, les Bleues s’imposent finalement 18-3 et se qualifient pour les demi finales de la Coupe du Monde de rugby. L’ailière Joanna Grisez a inscrit l’essai de la gagne, dans un match qui a bien failli leur échapper.

Joanna, comment on sort d'un match comme ça?

Soulagée. Franchement, le premier mot auquel je pense c'est "soulagée" parce qu'il fallait qu'on se le coltine. On a eu franchement tous les scénarios catastrophe possibles et imaginables.

Notamment des conditions difficiles...

Oui en première période, la météo était monstrueuse. On a le vent dans la tête, l'eau, pas grand-chose pour nous. Ce n'était pas un beau match de rugby, mais on a mis nos tripes. On a défendu toute l'après-midi et je pense qu'on pouvait défendre encore pendant une heure. Je suis hyper fière du visage qu'on a montré en défense.

Mais il y a des choses à corriger…

Oui, beaucoup. Devant, je pense qu'on est capable de mieux et il vaut mieux qu'on prenne la claque maintenant et qu'on soit prête pour les Anglaises. On a besoin de redescendre un peu, d'analyser avant de repartir.

Une prestation comme cet après-midi fait-elle naître du doute?

Non, franchement, pas de doute possible. La météo était la même pour tout le monde mais je pense qu'on a un jeu qui nous permet de proposer d’autres choses avec de meilleures conditions. Aujourd'hui, c'était un match au courage. On savait que ça allait défendre, ça n'allait pas envoyer beaucoup de ballons, et on est capable de rivaliser malgré ça. Donc, non, pas inquiète, juste soulagée.

Dans votre essai, on a senti votre rage...

On savait qu'avec ce genre de météo, on n'allait pas avoir beaucoup de ballons. Les seuls qu'on allait avoir, il fallait vraiment qu'on fasse le boulot. Là, ça récompense toute l'équipe parce que c'est un bon grattage au départ, les filles sortent bien le ballon, la passe m’arrive dans les mains. C'est mon job aussi. Si je ne le fais pas, je n'ai rien à faire sur le terrain. Je suis juste contente d'avoir pu soulager l'équipe et qu'on ait pu, derrière, souffler un peu plus.

Il y a de l’émotion après un match comme ça?

Là, ça va. Mais c'est vrai qu’à la fin, un peu, parce que j'ai eu un moment où je me suis dit qu'on n’allait pas le faire. Je me suis dit ce n’est pas possible avec tout ce qu'on a montré, tout ce dont on est capable. On ne peut pas perdre maintenant. Et je me suis dit, surtout pas revivre l'année dernière (défaite en quart de finales des JO de Paris 2024 avec l’équipe de France de rugby à 7 ndlr). Moi, les quarts de finale ratés, ce n'est pas possible.

Maintenant c’est l’Angleterre en demi-finale: il ne faut pas que ça se finisse!

Non, pas du tout. Je pense qu'on a du caractère. Les matchs comme ça font partie d'une Coupe du Monde, d'un chemin. Il n'est pas parfait, c'est le nôtre. Mais il nous amène quand même en demi. Donc, maintenant, à nous de tirer le meilleur de ça pour que ça passe la semaine prochaine.

Vous n’avez plus rien à perdre?

Je ne sais pas, parce qu'on vient pour chercher un titre et qu'il faut battre tout le monde. Mais le minimum de travail a été accompli. On est à la place où on doit être dans tous les cas, ni plus ni moins. Et nous, maintenant, ce qu'on veut, c'est battre les Anglaises et aller chercher la finale.

Et on vous sait d'autant meilleures quand vous êtes dans le rôle d’outsider...

Oui, là, sur le prochain match, on l’est. Elles sont à 40 victoires, aucune défaite depuis un moment. Donc à nous d'inverser la tendance. Et ce sera, j'espère, leur première défaite, et la plus importante.

Propos recueillis par Pierre Thevenet