Jonathan Danty: "On est que des simples pions"

Jonathan Danty - AFP
Un sentiment d’amertume
"On est reparti de l’avant mais aujourd’hui on ne sait pas de quoi demain sera fait. Le Stade Français reste mon club de cœur, mon club formateur. J’en veux un peu aux personnes qui ont, entre guillemets, manigancé ça. Pendant quelques mois, on fait traîner une éventuelle prolongation et au final, cela n’a jamais abouti. Maintenant, je connais les raisons. Je suis un peu déçu. On est que des simples pions. Après une blessure, on n’existe plus et dans dix ans on n’existera plus. J’ai l’impression qu’il faut maintenant penser à soi-même et plus forcément à l’amour d’un maillot. C’est assez triste. Ce n’était pas comme ça quand j’ai commencé le rugby. C’est bien que cette fusion n’ait pas eu lieu. On est en train de montrer que nous sommes solidaires et pas seulement des joueurs de passage dans ce club."
Une cassure avec les dirigeants
"Je ne sais pas si les dirigeants sont encore là pour longtemps. On est allés en quart de finale du Challenge européen avec le staff sportif, les kinés et les joueurs. Hormis les supporters, il n’y avait personne d’autre pour nous soutenir. Pour les dirigeants, le but n’est pas de regagner notre confiance mais peut-être de se faire le plus petit possible. Je ne sais pas si c’est un sentiment de honte de leur part. J’avoue que ça ne doit pas être facile à gérer pour eux, pour le président (Thomas Savare), le DG (Pierre Arnald) et les joueurs. Nous, notre boulot c’est de travailler sur le terrain et on ne peut pas se mêler du reste. L’avenir du Stade Français est incertain, on entend qu’il y a des pistes. Mais il n’y a rien de concret. C’est comme une paire de chaussures : on est toujours intéressé, mais quand on voit le prix c’est plus difficile de faire le chèque. Avec ce qu’on montre sur le terrain, j’espère qu’on attire les regards et qu’on intéresse de potentiels repreneurs."
Un avenir incertain au Stade Français
J’espère en savoir assez tôt pour ne pas me retrouver au 1er juin sans contrat et aller frapper à la porte de Provale pour trouver une solution. C’est important d’être fixé assez rapidement pour tous les joueurs. Si malheureusement je n’ai pas le choix, je partirai cet été (ndlr : Danty est sous contrat jusqu’en 2018). J’ai toujours voulu rester ici jusqu’à aujourd’hui, mais en voyant ça je me demande si ce n’est pas le moment d’aller vivre une expérience ailleurs et de me sortir de mon cocon familial et parisien. Forcément, je me pose ces questions. S’il y a un repreneur, il me restera un an de contrat et je passerai cette année au Stade Français.
Un départ à Toulon?
Tout est envisageable. Je n’ai jamais quitté Paris et j’ai envie de continuer à jouer les phases finales. Tout le monde sait qu’il me reste un an de contrat et ce dossier de la fusion a fait que certains clubs se sont intéressés. La piste est-elle chaude à Toulon? Oui et non. Il y a eu des contacts mais rien n’est signé. Disons que c’est tiède! (Rires) Je compte déjà prendre le temps de voir ce qui va se passer au Stade Français et dans les autres clubs potentiellement intéressés. Je pense à moi et mes performances, un peu "à ma gueule" parce qu’on se rend compte que c’est qui a été fait il y a trois semaines.
Bien finir la saison sur le terrain
Le mois d’avril est très chargé. Ça ne sera pas évident de jouer un match de Top 14 (match reporté contre Castres) quatre jours avant une demi-finale de Coupe d’Europe contre Bath le 23 avril). Cela fausse le match et le championnat. Ce n’est pas possible d’envoyer une équipe compétitive et ça va être un casse-tête pour le staff. C’est risqué de perdre des joueurs sur ce match à Castres qui visera un bonus offensif. Je ne sais pas si ça va se faire. Ensuite, on aura un match contre le Racing. Ça sera un derby avec encore un peu plus de rivalité. Il y aura beaucoup de buzz mais ça ne nous intéresse pas. Et ça serait bien de se rapprocher de la septième place après avoir assuré notre maintien.
Le déplacement à Bayonne samedi
Bayonne est mal en point. Contre Bordeaux, ils ont fait une grosse performance. On a vu à la vidéo que c’est une équipe qui jouait totalement différemment à domicile et à l’extérieur. A Toulon, ils ont pris presque 100 points, contre Bordeaux ils en mettent presque 40. On ne sait pas comment ça va se passer mais ce qui est sûr c’est que ça va être beaucoup de combat. On va devoir s’appuyer sur une très grosse défense pour essayer de les contrer. La moindre erreur, on la paie cash donc il va falloir essayer de faire le moins d’erreurs possibles et avec les deux derniers matchs qu’on a sortis, on est capable de faire un coup à l’extérieur.