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MMA: ces Français qui ont brillé aux championnats d'Europe amateur

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Deuxième bilan au classement des nations avec trois titres et deux médailles de bronze, plus une en argent chez les juniors, la France a brillé aux championnats d’Europe amateur de MMA la semaine dernière en Italie. Team manager de l’équipe tricolore, Johnny Frachey nous présente ces Bleus médaillés pleins de talent et d’avenir.

Elle va ouvrir la carte principale la plus attendue de l’année à l’UFC. Opposée à Katlyn Chookagian, la numéro 1 du classement des challengers, Manon Fiorot devra s’imposer le 22 avril à Abu Dhabi lors du bouillant UFC 280 pour se rapprocher un peu plus de la quête de la ceinture des mouches, propriété de Valentina Shevchenko. La suite d’un parcours qui a vu la Niçoise débuter son chemin dans le MMA par les amateurs avec un titre de championne du monde IMMAF en 2017.

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Comme un clin d’œil au collectif tricolore qui aura brillé quelques semaines avant ce choc féminin à l’UFC lors des championnats d’Europe amateur, la semaine dernière en Italie, avec trois médailles d’or (dont le premier titre européen féminin) et deux de bronze (plus une en argent chez les juniors) pour le deuxième bilan au classement des nations chez les seniors derrière l’Ukraine. Et même le premier au ratio nombre de combattants/nombre de médailles avec neuf représentants tricolores seulement au programme, juniors et seniors compris.

Un bilan historique dans cette compétition pour une discipline qui vise une entrée au programme olympique dans les années 2030. La conséquence, aussi, du travail fédéral de la FMMAF, toujours placée sous l'égide de la Fédération française de boxe. "Entre les passages de grades pour les pratiquants et les formations pour les entraîneurs, on augmente le vivier des combattants, note Johnny Frachey, team manager de l'équipe de France. Notre stratégie de développement joue un grand rôle dans ces résultats. Le déploiement sur le territoire est énorme, dans toutes les régions."

Et Frachey de conclure: "La France va devenir un foyer de talents digne de Makhatchkala, la ville d’où viennent Khabib et tous les combattants daghestanais. Et les projets de la FMMAF amplifient et accélèrent tout ça." Futur radieux à l'horizon, le team manager tricolore fait les présentations de ces Bleus médaillés européens qui pourraient garnir les rangs professionnels à l’avenir. Sans oublier de citer les trois non médaillés "qui vont revenir fort avec quelques réglages": Dylan Laguy, Martin Nicourt (fils de Mathieu, pionnier du MMA français) "qui a un gros potentiel" et Miguel Colome.

Mathilde Aschenbrenner, 25 ans, NRFight Club Paris, médaillée d’or en -56,7 kilos (poids mouches)

"Mathilde est une grosse travailleuse, probablement celle qui s’entraîne le plus des différents participants. Elle s’entraîne deux à trois fois par jour, tous les jours. Elle a commencé par le karaté et un peu de judo. Ensuite, autour de ses 17-18-19 ans, elle a commencé à prendre des cours de MMA en mode loisir. Elle est partie s’entraîner dans différentes équipes avant de se stabiliser au NRFight. Elle a gagné plusieurs compétitions de grappling et plusieurs combats de MMA amateurs en commençant l’année dernière. Elle a été jusqu’à gagner les premiers championnats de France FMMAF cette année. Elle devait participer aux championnats du monde IMMAF mais elle n’a pas pu les faire car elle a eu le Covid. Du coup, elle a combattu en Angleterre, au Battle Arena, où elle a gagné un combat par finalisation.

Elle a ensuite continué de s’entraîner, elle a fait différentes compétitions de grappling et elle est partie combattre aux championnats d’Europe qu’elle a gagnés. Dans son parcours en Italie, elle a pris sans doute une des combattantes les plus compliquées au premier tour, la Polonaise Paulina Wisniewka. Ensuite, tous ses combats ont été assez durs. Elle a pris quelques coups dans le premier comme dans le deuxième combat mais à chaque fois elle a réussi à imposer son style. En finale, après un premier round assez dur, elle gagne par soumission contre l'Ukrainienne Marta Pankiv. Son point fort, c’est qu’elle gère très bien le stress. Comme c’est une grosse bosseuse, et pas quelqu’un forcément très athlétique à la base, elle a l’habitude d’être dans le mal tout le temps, d’être en difficulté tout le temps. Du coup, quand c’est le cas en combat, elle arrive à dépasser ça pour gagner. Elle arrive à vraiment performer sous la pression. C’est une combattante complète, comme la plupart des profils désormais."

Ammar Mazri, 21 ans, Chaos Squad, médaillé d’or en -65,8 kilos (poids plumes)

"Son point fort, c’est son striking. Il a aussi un très bel instinct en lutte et un sol pas mauvais du tout. Mais c’est surtout son intelligence de combat et sa gestion du combat que j’ai trouvées intéressantes. On avait eu l’explication des règles juste avant par Loïc Pora, qui avait bien insisté sur les critères de jugement, et il a beaucoup joué avec ça en faisant des dégâts dans toutes les positions. Ce n’est pas du grappling mais du MMA, la priorité est de faire des dégâts et c’est ce qu’il a fait, ce qui lui a permis de gagner tous ses combats. Il a des super entraîneurs à Saint-Etienne, très talentueux et qui gagnent à être connus.

Il a fait finale des championnats de France puis plusieurs combats avant ces 'Europe'. Il a fait son premier combat de MMA il y a un an et demi seulement. C’est marrant d’ailleurs: Ammar, Mathilde, Souhil et Arnaud ont fait leur premier combat en même temps, dans le même événement, alors qu’ils ne sont pas tous du même club. Il vient du pieds-poings et de la boxe anglaise et il a commencé le MMA il y a deux-trois ans. Dans ces 'Europe', il a gagné tous ses combats, des combats vraiment difficiles où il n’a pas pris beaucoup de coups et où il a très bien géré. Il est resté égal à lui-même dans tous les combats. Il a battu un Belge très fort, Shevu Stiven, au deuxième tour, ce qui l’a mis en confiance pour le dernier combat contre un lutteur israélien, Moshe Aladi, où il a gagné grâce à son striking."

Nell Ariano, 27 ans, Platinium Paris, médaillé d’or en -120 kilos (poids lourds)

"C’est un ancien membre de l’équipe de France de judo qui a fait son transfert en MMA et gagné le championnat de France FMMAF. Aux championnats du monde, il perd contre le futur finaliste mais il a corrigé tout ce qu’il devait corriger et il est parvenu à devenir champion d’Europe. Il a un style fortement typé judo, avec de belles projections de hanche, mais aussi une très belle boxe anglaise et notamment un très beau jab. Il a aussi de grosses positions lourdes au sol pour travailler les frappes.

Son point fort, c’est surtout qu’il a connu le haut niveau donc il arrive à gérer tous les à-côtés du combat pour être prêt au moment opportun. Son parcours aux ‘Europe’ a été maîtrisé. Chaque adversaire a proposé un défi particulier mais il a réussi à les surmonter grâce à la tactique et à la stratégie dessinée par les entraîneurs. C’était assez dur car il a été blessé pendant le premier tour, une petite blessure à la rate pas grave mais un peu enflammée donc il était un peu sur la retenue, mais il a réussi à s’imposer jusqu’en finale."

Delphine Benouaich, 27 ans, Team Fight Industrie, médaillée de bronze en -52,2 kilos (poids pailles)

"Elle s’est blessée après les championnats de France, où elle était arrivée en finale contre Mathilde. C’était un combat assez dur car elles s’entraînent ensemble et se connaissent bien. Elle a beaucpup travaillé sa boxe anglaise, car elle était blessée avant ces ‘France’, du coup elle a sorti une belle anglaise. Elle avait gagné plusieurs fois le championnat de France de grappling et ça fait un moment qu’elle fait du pieds-poings mais elle avait fait une pause pendant un moment pour ses études. Elle est ensuite partie s’entraîner au NCU, à Nanterre avant d’intégrer le Fight Industrie, car elle avait déménagé, et elle a fait ses premiers combats de MMA amateurs aux championnats de France.

Elle n’a pas pu faire les championnats du monde car on n’avait plus de place mais dans ces ‘Europe’, elle a eu des combats vraiment durs, car sa catégorie avait un niveau très relevé. Elle fait principalement la différence avec sa puissance de frappe et son côté athlétique en lutte et en boxe. Ça fait un moment qu’elle n’avait pas fait de MMA, car elle était blessée, mais elle a failli battre la championne du monde, la Polonaise Magdalena Czaban. Elle est vraiment prometteuse. Elle a le niveau pour être numéro 1 mondiale dans sa catégorie car elle a tout pour. Elle finalise, elle est solide en lutte et en boxe. Il va falloir joindre tout ça et faire en sorte que ce soit plus typé MMA plutôt qu’une discipline séparée d’une autre, et là elle fera des dégâts. A la base, elle vient du pieds-poings, du kickboxing. Sa principale qualité, c’est la puissance de frappe. Et un cardio illimité."

Arnaud Prigent, 22 ans, NRFight Club Paris, médaillé de bronze en -70,3 kilos (poids légers)

"Il est arrivé avec son frère jumeau Benoît – qui combat ce week-end pour la ceinture amateur du Cage Warriors – en finale des championnats de France, où ils n’ont pas pu s’affronter car deux membres d’une même fratrie n’ont pas le droit de combattre l’un contre l’autre. Ce sont deux gros bosseurs, qui ont commencé la lutte il y a un an et demi. Avant, ils faisaient un peu de boxe et de sol, et même principalement de sol. Ils ont une condition physique énorme grâce à leur travail. Aux championnats du monde, Arnaud perd contre l’ancien champion du monde. Ils ont recombattu en Belgique entretemps, où ils ont gagné tous les deux, et Arnaud a été sélectionné pour ces 'Europe'. Il a eu deux combats très durs, le premier et le deuxième, notamment le deuxième face à un grand très bon dans les clés de bras, l'Autrichien Daniel Schordje.

Ensuite, il a pris un lutteur très fort, l'Ukrainien Ivan Kurelaru, mais il a réussi à le lutter et il appliqué la stratégie comme il le fallait. Il a perdu mais après un beau combat qui va le construire pour l’avenir. Lui, chez les professionnels, ça va être un calvaire. Il a un style un peu à la Khabib Nurmagomedv, un cardio illimité, une force isométrique de fou et une excellente lutte contre la cage, qui a d’ailleurs été un des gros points forts de la délégation française sur cet événement. Il a connu trois combats dur et perdu contre l’Ukrainien qui a terminé deuxième mais il a un potentiel vraiment très grand. Sa principale qualité, c’est la force isométrique, la cardio et la discipline."

Souhil Arezki, 18 ans, NRFight Club Paris, médaillé d’argent en -61,2 kilos (poids coqs) chez les juniors

"C’est un petit jeune qui a gagné les championnats de France et qui a connu plusieurs combats avant. Il a des qualités exceptionnelles d’explosivité mais aussi sur le plan physique et dans son intelligence de combat, qui est très haute. Il s’impose grâce à sa combativité, sa vitesse et l’écoute des stratégies, qu’il applique à la perfection. C’est quelqu’un qui s’entraîne beaucoup, dédié à ça, qui croit fort en lui et qui est très motivé. Il y a eu des combats où il a vraiment dominé ses adversaires dans les premiers rounds.

Par contre, lors du dernier combat, il est tombé sur un gars qui l’avait battu au deuxième ou troisième tour des championnats du monde, l'Ukrainien Ivan Pasych. Il a encore perdu contre lui. On avait défini une stratégie différente mais il n’a pas réussi à imposer sa distance et il s’incline aux points. Il était très déçu mais c’est vraiment un nom dont il faut se souvenir. C’est un athlète exceptionnel. Au départ, quand il était petit, il est venu s’entraîner au MMA Factory avec Samir Faiddine. Il a ensuite fait différentes salles avant d’arriver au NRFight. Il est formé au MMA depuis le début. Sa plus grande qualité, c’est sa vitesse."

Un bel avenir chez les pros pour ces Bleus?

"A l’échelle de leurs capacités, ils peuvent tous faire des carrières professionnelles. En plus d’être team manager de l’équipe de France, je donne des cours au NRFight donc plusieurs sont mes élèves. Pour eux, j’attends au minimum 20 à 25 combats pour pouvoir voir si on les passe chez les pros ou pas. Sinon, on continue à les mettre chez les amateurs car il y a une certaine différence entre les deux. Nell Ariano peut peut-être passer plus vite que les autres en pro, Dylan Laguy aussi, mais pour tous les autres, je souhaiterais qu’ils attendent un petit peu si j’avais le choix. Mais ce ne sont pas mes élèves donc je n’ai pas mon mot à dire."

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport