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UFC Paris 2025: "Tuer ou être tué", comment Oumar Sy veut rebondir après sa première défaite

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Après des débuts impressionnants à l'UFC, le Français Oumar Sy a connu le goût amer de la défaite pour la première fois face à Alonzo Menifield en juin dernier. Le Français veut profiter de l'UFC Paris 4 pour "remettre les pendules à l'heure".

Oumar, on a joué la carte de France-Brésil sur cet UFC Paris 4. Vous, les combattants français, n'étiez pas bien vieux en 1998, parce que vous avez tous moins de 30 ans sur cette carte. Est-ce que c'est un peu tiré par les cheveux? Ca vous parle ou pas?

Moi, ça ne me parle pas du tout. Moi je viens pour gagner mon combat, après voilà, si on peut tous gagner, franchement, tant mieux.

Est-ce que vous seriez d'accord pour nous replonger dans ce dernier combat, cette première défaite à l'UFC (face à Alonzo Menifield par décision unanime en juin 2025, NDLR). On ne vous a pas vu placer l'une de vos signatures, l'étranglement arrière. Après coup, après quelques semaines, qu'en tirez-vous?

J'en tire que j'étais absent. Il y a des jours avec et des jours sans, et ce n'était pas mon jour. Je pense que je ne me suis pas fait casser la gueule non plus. Lui, il a fait suffisamment pour pouvoir gagner le combat, je l'ai accepté et je l'accepte. Maintenant, c'est l'heure de mettre les pendules à l'heure à la maison.

Et finalement, est-ce que ce n'est pas ça aussi qui permet de grandir quand on est sur des séries de victoires, que tout roule, que tout se passe bien? Vous aviez terminé des anciens vétérans de l'UFC avant de rentrer à l'UFC. Je ne vais pas dire que c'était presque trop facile, mais c'est une piqûre de rappel...

C'est comme ça. De toute façon, je m'y attendais. Je le répétais toujours, je sais que je perdrai à un moment donné. Mais je ne pensais pas de cette manière-là, je pensais vraiment perdre d'une grosse manière. Maintenant, affronter un mec qui, quand je commençais le MMA, était déjà à l'UFC, comme je le répète, il ne m'a pas cassé la gueule, mais il a fait suffisamment pour gagner, ça prouve que je suis quand même au niveau. Et puis, en parlant avec lui, il m'a admis que c'était compliqué aussi pour lui de me rentrer dedans. Donc je suis quand même content, maintenant il y a eu beaucoup d'erreurs et on a travaillé dessus pour pouvoir revenir en force samedi.

C'est-à-dire? Qu'avez-vous l'intention de nous faire samedi?

J'ai l'intention de gagner mon combat. Un petit peu plus, un finish. De gagner mon combat.

On regarde Fightmatrix, vous êtes le 36e contre le 58e, est-ce qu'on doit parler de combat de relance?

Je ne pense pas. Durant toute ma carrière j'ai affronté des mecs qui étaient devant moi au classement. Là, mon dernier combat, j'ai eu l'opportunité d'affronter un top 15, le 15e, et j'ai perdu. Donc maintenant on laisse la place, je laisse l'opportunité à un mec qui est derrière moi de pouvoir potentiellement prendre ma place, donc c'est le game, c'est comme ça.

Il y a une espèce de tournoi dans le tournoi, il y a Murzakanov qui va affronter Rakic le soir de Gane-Aspinall, le 25 octobre prochain. Lui avait déjà battu votre adversaire Brendson Ribeiro, est-ce que vous vous faites des plans sur la comète, sur un potentiel match-up pour la suite des événements?

On avait des plans et là ils sont tombés à l'eau, donc maintenant je me concentre uniquement sur samedi.

Les plans, c'était top 15 ou des noms?

Ouais, on avait Johnny Walker, mais les plans sont tombés à l'eau. Donc là on se concentre sur le prochain adversaire, gagner avec la manière si possible et puis après on verra bien.

Vous vouliez un Brésilien, vous en avez un. C'est encore un garçon de la classe 2023 des Dana White's Contender Series. Il y en a trois, avec Ruffy et Caio Borralho. C'est un peu la nouvelle façon pour Dana White d'aller chercher ses nouveaux prospects. Est-ce que d'un point de vue français, on a l'impression que les Brésiliens sont avantagés?

Je ne sais pas du tout. Franchement je ne regarde pas trop, je ne savais même pas qu'il avait fait les Dana White's Contender Series. Mais je ne sais pas du tout, je ne saurais pas vous répondre.

Là encore je vous donne quelques stats mais c'est intéressant. 2400 personnes ont voté récemment sur Tapology. Vous êtes le Français avec le pronostic de victoire le plus grand, 92% contre 8% pour votre adversaire. Les gens vous voient terrasser Ribeiro samedi.

C'était le cas aussi la dernière fois, mais c'est le monde du sport. Je pense que je gagnerai samedi parce que vraiment, on a vraiment travaillé dur. C'est le meilleur camp que j'ai fait. Donc samedi, je pense que ça va être un bon combat de relance pour moi. Et on va gagner samedi.

Parlez-nous de ce camp un petit peu, Oumar, parce que les Français vous connaissent, mais vous êtes un peu un cavalier solitaire. Vous êtes allé chercher pas mal de choses ailleurs... C'était où, c'était comment?

En fait, le camp avant le combat à Atlanta, c'était l'American Top Team, c'est là où je m'entraîne maintenant, donc j'y avais passé 8 semaines. Tout de suite derrière, je suis reparti à Atlanta pour la fight week. On a perdu, je suis rentré. Et au bout d'un mois, je suis reparti pour sept semaines. Donc là franchement, on est on est bien. A l'American Top Team, j'ai fait un super camp avec des bons coachs, des bons partenaires qui sont vraiment meilleurs que mon prochain adversaire. Et maintenant, samedi, c'est la bagarre.

Oumar, on va gagner le jour où, en France, on sera capable de faire venir les étrangers plutôt que de vous contraindre, vous, à faire 6000, 8000, 10.000, 12000km jusqu'à la Thaïlande?

Moi, ça me plaît de me déplacer parce que je suis pas avec avec ma femme ni avec mes enfants. Il n'y a rien pour me déconcentrer. Je me lève le matin pour aller au sport, je rentre, je me repose, je mange et je repars au sport. Moi, c'est quelque chose qui me plaît en tout cas. Je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde mais moi, c'est quelque chose qui me plaît. Et c'est vrai que c'est dur aussi pour la famille, pour ma femme. C'est compliqué de gérer les enfants toute seule. Mais c'est comme ça. Je n'appelle pas ça des sacrifices, j'appelle ça des choix. Franchement, c'est quelque chose qui me plaît et je sais qu'une carrière, ça ne dure pas longtemps. Je vais avoir 30 ans, franchement, ça passe vite et je pense que dans 8 ans ça sera fini. C'est maintenant qu'il faut faire les choses.

Dans ce sport, tout se fait et se défait en 15 minutes, à chaque fois c'est le combat d'une vie. Et en plus, il y a le sablier qui tourne, le compte à rebours...

C'est ça. Il faut faire les choses pour pouvoir gagner le combat et pour moi, la meilleure chose à faire c'est de me déplacer, de ne pas être avec mes proches. Quand je me déplace, je suis tout seul, je n'ai pas d'amis. Mes seuls amis, ce sont mes partenaires d'entraînement qui peuvent être potentiellement mes prochains adversaires aussi. Donc c'est quelque chose que j'aime.

Sur votre fiche UFC, vous dites "je n'ai pas de héros parce que les héros ont des faiblesses". Est-ce que maintenant que vous avez connu la défaite, finalement il y a un côté héroïque à vouloir revenir et performer au plus haut niveau?

Ah oui, franchement, autant quand je gagnais mes combats, on se remettait aussi en question pour pouvoir progresser, mais autant la défaite là, je ne suis pas sorti pendant cinq jours. J'ai vraiment eu l'impression d'être humilié. En plus sur les réseaux sociaux ils sont très méchants. Donc j'avais vraiment l'impression de n'avoir jamais performé alors que pendant 6 ans j'ai terrassé toute l'Europe et qu'arrivé à l'UFC, j'ai aussi gagné. Mais c'est bien, ça fait du bien, ça remet les pendules à l'heure et franchement je pense réellement que j'avais besoin de ça.

BSD a connu ça, Ciryl Gane a connu ça... Vous nous parlez de 5 jours d'isolement à vous tabasser et à vous faire en plus tabasser par les réseaux sociaux. Est-ce que ça a été le moment le plus difficile de votre carrière de sportif?

Franchement, ça a été quelque chose de vraiment compliqué. Parce que les gens sont méchants sur les réseaux sociaux, en vérité. Mais au final, je me rends compte qu'on fait un sport de divertissement. Et moi, j'ai toujours gagné mes combats, donc en fait, je recevais juste des félicitations, des "bravo, t'as gagné", etc... Et là, la première défaite, franchement, j'ai reçu des mails... Déjà de un, on m'a insulté parce que j'ai niqué leurs paris sportifs. Ça c'est la première des choses. Et de deux, on m'a insulté. On me disait que j'étais nul, qu'on savait même pas comment j'étais arrivé à 11-0, donc je me suis posé aussi des questions. Mais au final, voilà, on fait un sport du divertissement et c'est comme ça. Ne vous inquiétez pas, misez votre maison sur Oumar Sy cette fois-ci, il est déter. C'est tuer ou être tué.

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