Vendée Globe 2024: ces cinq passages cruciaux à maîtriser pour viser la victoire

Vainqueur du Vendée Globe il y a quatre ans, Yannick Bestaven sait mieux que quiconque ce qu'éprouve un skipper à son premier passage dans le chenal, quelques minutes avant le départ, où "les émotions sont très fortes" et à son second après la ligne d’arrivée avec "la libération du chemin du retour".
Pourtant, entre ces deux temps forts, le périple n'a rien d'une sinécure et les embûches sont nombreuses. Pour RMC Sport, le lauréat de la dernière édition a accepté de décrypter les cinq points de passage essentiels pour quiconque vise la victoire finale.
Maîtriser le timing du départ
Il sera donné à 13h02 ce dimanche 6 novembre. Les conditions météo seront plutôt calmes et s’annoncent sur le même tempo jusqu’à l’équateur pour le plus grand bonheur des marins qui redoutent toujours ces premiers jours de course.
L'avis de Yannick Bestaven
"Si le chenal fait encore partie de la fête du Vendée Globe, le premier temps fort va être le départ. Il faut avoir le bon timing pour ne pas couper la ligne trop tôt, parce qu'après les pénalités sont lourdes. Il faut également être attentif aux autres bateaux."
Éviter le piège du "pot au noir"
Si la fin du golfe de Gascogne avec le cap Finistère au bout de l'Espagne peut être considéré comme un point de passage important avant de plonger vers le sud, les conditions météo annoncées devraient permettre à la plupart des 40 concurrents de passer sans encombre cette zone parfois très perturbée par les tempêtes dans l’Atlantique.
Il faudra donc surtout se concentrer sur le "pot au noir", cette zone de convergence intertropicale capricieuse à l’approche de l’équateur. Lors de la Transat Jacques Vabre 2019 Jérémie Beyou et Christopher Pratt qui possédaient 120 milles d’avance sur le deuxième bateau y étaient restés englués trois jours pour finalement terminer troisième.
L'avis de Yannick Bestaven
"Sur ce passage de l'Équateur il faut vraiment viser au bon endroit pour passer le pot au noir. Et c’est vrai à l’aller comme au retour".
Bien négocier l'entrée dans les mers du Sud
Après trois semaines de course, la flotte qui aura longé les côtes du Brésil va mettre le clignotant à gauche. Un premier écrémage aura probablement déjà eu lieu et certains des favoris auront très certainement perdu toute chance de victoire. Pour les autres, il sera temps de changer la garde-robe pour affronter des températures beaucoup plus hostiles.
L'avis de Yannick Bestaven
"Le passage du Cap, sous l'Afrique du Sud, puis la transition entre l'océan Indien et l'océan Pacifique sont des moments forts. On va changer d'océans. Ce sont des mers qui sont un peu différentes. On peut avoir aussi des météos différentes. Et puis c'est à ce moment-là qu’on va plonger au sud donc ça va être des températures un peu plus froides et des mers peut-être un peu plus formées."
Survivre au légendaire cap Horn
Si ce lieu entré dans la mythologie de la voile dès les premières navigations autour de la planète peut se révéler terrible pour ceux qui osent s'y frotter, il s'est souvent montré conciliant avec les marins du Vendée Globe lors des dernières éditions, leur ouvrant gracieusement la porte de l’Atlantique. Mais la fatigue des skippers, qui auront alors parcouru les deux tiers du parcours, sera un paramètre essentiel à prendre en compte.
L'avis de Yannick Bestaven
"C’est le point le plus sud qu'on va passer dans ce tour du monde, par 60° sud. Ce n'est pas du tout surfait, j'appelle ça 'la fin du manège'. Le manège, c'est le tour de l'Antarctique, en fait. On rentre dans le manège des dépressions australes. Dans les mers du Sud, il n'y a personne. C'est sûr que là, en termes de trafic maritime, on n'est pas embêté. Il y a quatre ans j’avais de l'excitation, parce que je n'avais jamais navigué dans les mers du Sud. Comme un gamin qui découvre, j'étais vraiment ébahi de ces premières navigations, et j'ai été gâté. J'ai de très belles images en tête, notamment des albatros qu'on ne voit que dans ces mers-là, la longue houle du sud, des luminosités que tu ne vois que là-bas aussi... Les nuits sont assez courtes, avec des couleurs, des roses de lever de soleil, et des couchers de soleil magnifiques et avec parfois des nuages et des vents forts aussi. Tout est XXL dans les mers du Sud."
Rester concentré dans la remontée de l’Atlantique
Le terme de "délivrance" est souvent utilisé pour qualifier le passage du cap Horn. C’est vite oublier qu’il reste environ 25 jours de course pour les marins les plus rapides. C’est en revanche souvent l’heure d’une bonne douche sous les pluies chaudes au large du Brésil et l’occasion de ressortir les tee-shirts.
L'avis de Yannick Bestaven
"Quand on a passé le cap Horn et qu'on met le clignotant à gauche, on remonte vers des latitudes plus chaudes. On remonte aussi vers la civilisation, ce qui est rassurant en cas de pépins techniques, mais aussi vers du trafic maritime, donc il faut être vigilant. On a souvent l'impression qu'une fois qu'on a passé le cap Horn on a fait le plus gros du morceau, alors qu'il reste quand même toute la remontée à se faire soit l'équivalent de deux transatlantiques à se taper avant d'arriver aux Sables. La route est encore longue après le cap Horn."