De la douleur à l'espoir: les belles ambitions de Makenson Gletty sur le décathlon des Mondiaux

"C’est important les réseaux sociaux!" Makenson Gletty a souhaité montrer la préparation pour les Mondiaux de Tokyo à sa communauté sur Instagram. Dans un canal dédié, il s’affiche à l'entraînement à la perche, sur les haies, le poids ou encore le javelot. Le colosse d’1m91 pour 92kg ne s’en cache pas: il est en quête de repères.
Gené au tendon d'Achille droit avant les Jeux olympiques, l’athlète d’origine haïtienne s’est fait opérer dans la foulée de sa douzième place à Paris. "L’opération était nécessaire, les problèmes ne se calmaient pas, concède son entraîneur Rudy Bourguignon. On a pris la décision de régler ça juste après les Jeux. Mak’ a repris l'entraînement athlé mi-mai, pas avant. Donc le challenge de cette année, c'est de faire une saison et d'arriver en forme aux championnats du monde sur quatre mois à peine."
Un titre de champion de France pour se rassurer
Le médaillé de bronze européen en 2024 a réussi son retour à la compétition à Talence début août. Avec 8258 points, "il a fait une bonne rentrée aux championnats de France, au-delà de ce qu'on espérait", avoue Rudy Bourguignon. "Je tenais vraiment à me mettre en confiance, poursuit Makenson Gletty. C'était important de voir un peu où j'en étais et ça a été très convaincant.” À Tokyo, il veut confirmer son retour en forme et grappiller des points. "Partout, dans les dix disciplines. Je suis proche de mes records et en même temps, j’en suis loin."
Et son entraîneur y croit sur comme fer: "Il y a une marge de progression pour deux raisons. La première, c'est qu’on a vu aux championnats de France qu'il y a d'ores et déjà de la place pour beaucoup mieux. Et puis aussi par nature, du fait qu'on a eu sept semaines supplémentaires de préparation." Une période durant laquelle il faut monter en puissance pour trouver un maximum de repères dans les performances, tout en évitant de trop en faire au risque de se blesser.
À Tokyo sans pression?
"Cette année, c'est un peu une année de transition, relativise Bourguignon en bon spécialiste des épreuves combinées. Maintenant, il a un bagage. C'est quelqu'un qui a déjà fait plus de 8600 points. On va essayer déjà de faire bien mieux qu'aux championnats de France. Pour viser un record au total, je pense que ce sera plutôt à partir de la saison prochaine." Avec son immuable sourire malgré sa préparation tronquée, Makenson Gletty le regrette: "On ne peut pas rattraper le temps perdu. Mes objectifs sont purement basés sur ma performance, parce que je ne suis pas dans la même situation que les autres. C'est une année particulière. Je ne préfère pas prétendre à quoi que ce soit pour l'instant, je veux juste sortir satisfait."
Et pour ce faire, il s’inspire de la légende de la discipline, Kévin Mayer, détenteur du record du monde du décathlon depuis 2018 mais ralenti par les blessures depuis de longs mois. "Il faut du mental, de l'acharnement. Je pense qu’il (Kévin) le sait très bien. C'est une source d'inspiration pour tout le monde. Ce côté battant, il l'a toujours prouvé jusqu'à maintenant." Gêné à un ischio-jambier, Mayer a tiré un trait sur sa saison 2025 d’athlétisme. À Makenson Gletty de prendre le relais.