Comment les Fédérations luttent pour éviter les violences sexuelles dans le sport

Les grandes manœuvres ont commencé. Amorcées avant les accusations d’agressions sexuelles sur mineurs dans le patinage artistique, les mesures afin de sensibiliser les acteurs du sport face à ce fléau se multiplient. Au plus haut sommet de l’Etat, la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a recommandé à chaque Fédération de nommer un référent aux violences sexuelles. Message reçu à la Fédération de badminton qui va plus loin. Philippe Limousin, le directeur technique national (DTN), souhaite mettre en place un duo composé d’un cadre technique et d’un élu. Ils auront pour mission de définir les plans d'action, les moyens qui peuvent être mis en place et le suivi. La Fédération de badminton est mobilisée sur ce sujet depuis 2013 avec notamment un plan de féminisation. Elle n’a jamais été confrontée à des cas de violences sexuelles mais de harcèlement. Les personnes impliquées ont été écartées.
De son côté, la Fédération française d’athlétisme (FFA) a rédigé une charte d’éthique et de déontologie en 2012 et créé son comité d’éthique et de déontologie. Cette charte a été renforcée en 2014, précisément sur les questions de violences sexuelles. Une dernière actualisation a été faite en 2019. Il est désormais intégré, dans les formations d’entraîneurs fédéraux, des modules propres à cette problématique. Des opérations de prévention et de sensibilisation sont par ailleurs menées à l’attention des athlètes.
Une cellule "lutte antidopage et déviances" à la FFA
Contrairement à d’autres fédérations, le disciplinaire est géré au niveau national, à la FFA. La "Fédé" dispose d’un pouvoir disciplinaire sur ses licenciés ; les clubs ont, eux, un pouvoir disciplinaire sur leurs adhérents. Les clubs affiliés FFA peuvent donc également prendre des mesures conservatoires. Le Président de la Fédération peut, enfin, dès connaissance d’une décision de justice, procéder à la saisine de la Commission de discipline. Une cellule "lutte antidopage et déviances" a été créée en fin d’année 2019. Sa mission consiste à collecter tous les renseignements permettant de prévenir, détecter, ou dénoncer des comportements déviants, afin d’alerter les personnes ou organismes compétents. Cette cellule est sous l’autorité du DTN, fonctionnaire d’Etat ayant obligation de signaler à sa hiérarchie tout fait délictueux dont il serait avisé ou témoin. La cellule travaille actuellement à la mise en place d’un service d’appel anonyme permettant au maximum la libération de la parole. La FFA travaille depuis un an à la rédaction d’un code éthique applicable à l’ensemble des acteurs de l’athlétisme en France. Son adoption est prévue au cours du 1er semestre 2020.
Un parent ou responsable avec les mineurs lors des stages d'équitation
Depuis les révélations dans le patinage, la Fédération d’équitation veut accélérer en matière de prévention. Mais des mesures sont en vigueur depuis plusieurs années. Depuis 2013, elle demande que les jeunes mineurs soient accompagnés d’un parent ou d’un responsable lors des stages, en dehors des heures d’entraînement. Durant les séminaires, l’association "Colosse aux pieds d'argiles" qui sensibilise les jeunes face aux risques de pédocriminalité et de bizutage intervient auprès des membres de la Fédération. Il y a deux ans, un entraîneur impliqué dans une affaire a été exclu (l’affaire est toujours en cours d’instruction). Il y a quinze jours, un nouveau comportement suspect a été signalé. Pour la DTN, Sophie Dubourg, la parole se libère, ce qui est une bonne chose même si les entraîneurs ont désormais peur que leur geste avec un ou une cavalière soient mal perçus. Les femmes entraîneurs restent autorisées à faire certains gestes contrairement aux hommes. Les coachs parlent très ouvertement aux jeunes de ce sujet.
Vigilance, prévention et sensibilisation sont les maîtres mots à la Fédération de squash, épargnée à ce jour par ce genre d’affaire. Depuis 2015, la Fédé de tir à l’arc a pris des mesures contre tout type de violence. Avec les accusations d’agressions sexuelles dans le patinage artistique, Sandrine Vandionant, responsable développement, veut aller plus loin avec trois jours de formation/sensibilisation sur ce sujet et une accentuation de l'information pour les jeunes.