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Crétier : « Schumacher, c’est l’accident bête et malchanceux »

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Membre de la Dream Team RMC Sport, Jean-Luc Crétier est lui aussi touché par la chute de Michael Schumacher, dans un état critique. Le témoignage du champion olympique de descente (1998), qui skiait à proximité dimanche à Méribel.

Jean-Luc Crétier, que vous inspire la chute dramatique de Michael Schumacher dimanche à Méribel ?

J’ai entendu certains témoignages, qui disaient un peu tout et n’importe quoi. J’étais hier (dimanche, ndlr) à Méribel et je skiais à côté quand l’hélicoptère est venu le récupérer. L’endroit où il s’est blessé est une portion entre deux pistes. C’est une liaison entre deux pistes, qui n’est pas damée et qui est donc du hors-piste. Il s’est aventuré dans les 100 mètres qui séparent les deux pistes. C’est vrai que c’est tout blanc, mais il n’y a que 20 centimètres de neige. C’est l’accident bête et malchanceux.

Pensez-vous que Schumacher a pris trop de risques ?

On le fait régulièrement l’hiver quand il y a suffisamment de neige. Ce n’est pas courant, mais ça se traverse sans aucun problème à cet endroit-là. J’étais sur la piste Georges Mauduit, juste à côté. Je venais de passer et j’étais dans la télécabine quand l’accident a eu lieu. Le problème, c’est qu’il a dû arriver du dessus et voir quelque chose de blanc immaculé. Mais c’est un endroit hyper accidenté, avec des énormes cailloux. Il a dû être déséquilibré par un caillou et se taper la tête. C’est vraiment un concours de circonstances. Surtout que quand tu skies avec ton fils, tu ne vas pas vite.

Quand on voit ce genre de chutes, ça ne rassure évidemment pas. Que pouvez-vous conseiller aux skieurs « amateurs » ?

Vu le nombre de tués qu’on a depuis le début de l’hiver, je ne vais dire qu’une chose : restez vigilant ! Il faut rester sur les pistes. Evidemment, tout est blanc. Jusqu’à présent on avait une couche de cinq centimètres sur les cailloux. Mais une vingtaine de centimètres est venue se greffer. Donc, avec 25 centimètres, on voit quelque chose de magnifique. Mais dans 25 centimètres, avec le poids du skieur, vous touchez le fond. Je l’ai vu dimanche. Quand tu skies derrière les traces des skieurs, il n’y a que des cailloux. Il faut éviter le hors-piste et rester sur les pistes.

Le cas de Michael Schumacher ne laisse pas indifférent...

Non. C’est dramatique. C’est un compétiteur dans l’âme. Il est un peu touche-à-tout, mais on l’est tous. A partir du moment où tu fais de la compétition, notamment un sport où il y a de la vitesse, tu as envie d’aller chercher des sensations dans d’autres domaines. Mais là, c’était un père qui se baladait sur un domaine skiable avec son fils. Malheureusement, il est tombé au mauvais endroit. Je crois qu’il ne faut pas aller chercher plus loin.

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Propos recueillis par Alexandre Mispelon