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Euroligue: Paris Basket, Monaco... comment expliquer le succès fulgurant des clubs français cette saison

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À mi-saison, le basket tricolore brille dans la plus grande compétition européenne. Paris et Monaco occupent les deux premières places de la saison régulière d'Euroligue. Tout sauf un hasard.

C'est un vent nouveau qui souffle sur l'Euroligue. Celui du Paris basketball et son jeu étourdissant, porté vers l'attaque, "unique, que les autres coachs n'arrivent pas à contrer" analyse Claude Bergeaud, sélectionneur des Bleus entre 2003 et 2007. Après 16 matches, le club francilien affiche un bilan de 11 victoires, dont 10 d'affilée qui l'ont porté au sommet du classement pour sa première participation. Inespéré pour le vainqueur de l'Eurocoupe 2023 qui fait cavalier seul devant Monaco. Revenu en Europe cette saison, après 12 ans aux Etats-Unis, Evan Fournier (Olympiakos) constate avec surprise les performances des clubs de l'Hexagone: "C’est une belle surprise! En tant que français on peut tous être content. Ça veut dire qu’on a de la qualité dans notre championnat. Son niveau ne fait qu’augmenter. On gagne le respect au  fur et à mesure."

Et ces bons résultats sur la scène internationale ne sont pas le fruit du hasard, 8 mois après la finale d'Eurocoupe franco-française entre Paris Basket et Bourg-en-Bresse. "Il y'a des présidents et des propriétaires de clubs qui mettent de l'argent et investissent dans les clubs" décrypte Petr Cornelie, intérieur de Monaco. "Ça permet de créer des projets et de bonnes équipes avec de fortes individualités." "A l'origine, c'est Tony Parker qui a créé une émulation pour le basket français en mettant des moyens dans l'Asvel" rembobine Claude Bergeaud. "Pour concurrencer, les poursuivants ont mis de l'argent, à l'image de Monaco."

Cette saison, le club du Rocher affiche un budget d'environ 30 millions d'euros, le plus haut jamais enregistré dans le championnat de France. Loin devant ceux de Paris basket (19 millions) et de l'Asvel (16 millions) mais encore loin derrière les pointures européennes que sont le Real Madrid (45 millions) et le Panathinaïkos (50 millions). "Ce sont d'autres économies, d'autres systèmes fiscaux. On ne rivalisera jamais avec les budgets de ces équipes", prévient Philippe Ausseur, président de la Ligue nationale de basket. "Mais en étant plus agiles et plus malin, même avec un budget moindre, on peut arriver à challenger ces équipes sur le plan sportif. Un titre serait l'aboutissement."

Mais pour Didier Gadou, international français entre 1988 et 1995, plus que le budget le secret réside sur le parquet : "Il y'a le travail des investisseurs mais aussi celui des entraîneurs qui produisent du jeu et arrivent à stabiliser les effectifs." Un tout illustré par Paris Basket qui s'affirme en quelques années comme un futur poids lourds européen capable d'assurer le spectacle sur le terrain, avec une identité de jeu spectaculaire, et en dehors en attirant des stars dans ses gradins.

Des performances en manque de visibilité

Des performances exceptionnelles dont le grand  public a du mal à s'emparer. L'Euroligue est diffusée sur Skweek alors que le championnat de France l'est sur DAZN. Deux plateformes payantes et  impopulaires auprès des fans.  "La diffusion télé c'est le serpent de mer" explique Claude Bergeaud. "Si on veut stabiliser, il faut travailler avec un média sur le long terme et regrouper tout le basket au même endroit. Il ne faut pas séparer les droits des coupes d'Europe ici et du championnat de France." Philippe Ausseur, président de la Ligue nationale de basket, l'affirme, le dossier est bel et bien sur son bureau.

"On cherche une fenêtre en clair. On entend encore beaucoup de gens nous parler de la rivalité Pau - Limoges à l'époque sur Antenne 2. Ça les a vraiment marqués et c'était une belle vitrine pour le basket. On souhaite retrouver un rendez-vous régulier en clair le dimanche à 19 h que nous avions sur L'Equipe la saison dernière. Nous avons un accord avec DAZN, si on trouve cet acteur du dimanche soir en clair on diffusera sur ce créneau." Mais le basket français a-t-il encore un avenir à la télévision ? Pas certain pour Didier Gadou : "Je ne suis pas sûr que les gens regarderaient les matchs à la télé. Aujourd'hui, la consommation de l'image a changé. Je regarde des matches en entier parce que je suis un initié du basket mais mes enfants regardent seulement les highlights."

Si une diffusion en clair semble en bonne voie, il faudra attendre la saison 2026-2027, date de la fin des droits de Skweek sur le basket européen, pour espérer voir les coupes d'Europe et le championnat de France réunis sur une seule et même plateforme. 

Antoine Guillet