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NBA: Junior Bridgeman, le deuxième basketteur le plus riche de l'histoire, est mort

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Ancien joueur NBA à la carrière honorable dans les années 70-80, avant de faire fortune dans les fast-foods et la distribution de bouteilles de Coca-Cola, Junior Bridgeman est mort subitement mardi, à l'âge de 71 ans. Avec lui s'est éteint un modèle de réussite, à la fois pour les athlètes professionnels, et pour l'ensemble de la communauté afro-américaine.

Il y a ceux, nombreux, pour qui la retraite sportive est une "petite mort", qui cherchent pendant des années un sens à leur existence, une fois leur maillot ou leurs crampons raccrochés. Et il y a ceux, plus rares, qui réussissent encore mieux leur vie d'après que leur carrière d'athlète professionnel. Aux États-Unis, "Junior" Bridgeman était sans doute l'un des plus célèbres personnages de cette deuxième catégorie.

L'ancien basketteur américain, méconnu de ce côté de l'Atlantique, avait réussi l'exploit, selon les classements des médias spécialisés, de devenir le deuxième joueur le plus riche de l'histoire, derrière Michael Jordan. Il s'est éteint mardi à 71 ans, victime d'une crise cardiaque lors d'un rassemblement public à Louisville (Kentucky).

Des parquets aux fast-foods... puis à l'empire de bouteilles de Coca

Drafté par les Lakers en 1975 mais échangé trois semaines plus tard contre un certain Kareem Abdul-Jabbar, l'ailier/arrière d'1,96m a joué la quasi-totalité de sa carrière NBA, jusqu'en 1987, chez les Milwaukee Bucks. Sixième homme reconnu, recordman (en son temps) du nombre de matchs disputés avec la franchise du Wisconsin (711), Bridgeman avait d'ailleurs vu son numéro 2 y être retiré en 1988. La fin d'une carrière, le début d'un empire.

Car si, selon ESPN, Junior Bridgeman avait amassé 2,95 millions de dollars (2,70 millions d'euros) en carrière, ce dernier les a ensuite bien fait fructifier... Devenu patron de plus de 450 fast-foods sur le territoire américain, l'ex-basketteur a tout revendu en 2016 pour 250 millions de dollars, en partie réinvestis dans un projet qui l'a propulsé sur une autre planète: une entreprise d'embouteillage et de distribution de Coca-Cola.

Grâce un quasi-monopole sur trois États américains dans ce secteur, et un triplement du chiffre d'affaires en huit ans, Junior Bridgeman avait ainsi vu sa fortune grimper, selon les estimations de Forbes en février, à... 1,4 milliard de dollars, soit 1,28 milliard d'euros. Faisant de lui, aux yeux du grand public, l'un des quatre seuls basketteurs milliardaires de l'histoire, avec Michael Jordan (le seul plus riche que lui), LeBron James et Magic Johnson.

"J'ai appris avec tristesse le décès de mon ami Junior Bridgeman", a réagi ce dernier sur les réseaux sociaux. "J'ai eu le privilège de jouer contre lui, et je n'oublierai jamais qu'il avait l'un des plus beaux jump shots de la NBA. Mais c'est surtout son caractère, sa gentillesse et son âme douce qui m'ont marqué. Il était l'un des hommes les plus gentils que l'on puisse rencontrer. Ce que les gens ne réalisent pas, c'est que Junior n'a pas fait fortune en tant que joueur, mais qu'il a transformé ce qu'il a gagné en quelque chose d'extraordinaire, devenant un homme d'affaires afro-américain milliardaire dans ce pays."

Un exemple de réussite pour les Afro-Américains

Également propriétaire des magazines Ebony et Jet, très populaires chez les Afro-Américains, de 10% des Milwaukee Bucks depuis quelques mois, et investisseur de la Basketball Africa League, lancée par la NBA, Bridgeman - issu d'un milieu très modeste - était en effet cité comme modèle de réussite pour une partie de la population américaine.

"Pour de nombreux athlètes, anciens et actuels, il est la preuve que le succès ne s'arrête pas à la fin d'une carrière sportive", a poursuivi Magic Johnson. "Au-delà des affaires, Junior et son épouse Doris ont eu un impact durable en ouvrant les portes du Kentucky Derby aux Afro-Américains. Grâce à leur fête annuelle précédant le Derby et à leurs efforts de collecte de fonds, ils ont permis à un grand nombre de personnes, dont moi-même, de vivre cet événement emblématique, qui était historiquement hors de portée pour de nombreux membres de notre communauté. (...) Ton héritage ira au-delà de ta réussite financière et des portes que tu as ouvertes à tant de gens, inspirant les générations à venir."

Pour Doc Rivers, le coach (noir) des Milwaukee Bucks, Junior Bridgeman était ainsi "le modèle exact dont la NBA devrait se servir chaque jour lorsqu'elle s'adresse aux jeunes joueurs". Soucieux de partager sa réussite, l'ancien arrière allait d'ailleurs chaque année sensibiliser les nouveaux arrivants dans la ligue à l'importance d'avoir une éducation financière, pour ne pas finir ruiné, escroqué, et s'émanciper. "Junior était l'entrepreneur par excellence", a réagi de son côté Adam Silver, le patron de la NBA, dans un communiqué. "Il a servi de mentor à des générations de basketteurs et d'athlètes de tous sports qui étaient impatients d'apprendre de lui ce qu'il faut faire pour prospérer dans le monde des affaires."

C.C.